Les bouches de Kotor, les parcs nationaux entre montagnes, canyons et lacs sublimes,… notre aventure monténégrine fut une succession de claques visuelles. Ça fait mal tellement c’est beau ! Notre coup de cœur de ce périple ? Impossible à dire !! Nous qui sommes amateurs de grands espaces, on s’est régalé tout du long. Il est clair que nous y avons vécu certains de nos plus beaux bivouacs. Dans cet article, nous te racontons la première partie de nos pérégrinations depuis le parc national du Durmitor à notre nuit en forêt au nord des bouches de Kotor. Bonne lecture !
Conduire au Monténégro
L’état des routes
Les routes principales sont généralement en bon état. Le réseau secondaire est plus aléatoire. On a parfois la surprise de tomber sur de la piste plutôt que de l’asphalte. Rien à signaler sur la conduite locale qui est plutôt courtoise.
Le parc national du Durmitor à moto
Passage de frontière Bosnie-Herzégovine / Monténégro
Nous franchissons la frontière Bosnie-Herzégovine / Monténégro dans la région du parc national de Sutjeska. Nous n’avons jamais vu un poste frontière aussi petit et minimaliste ! Pour faire simple ? Une piste en terre y accède, deux petites guérites barrent la « route » (type entrée de parc national), un pont en bois branlant et des douaniers qui manifestement ne croulent pas sous le boulot. Un rapide contrôle des passeports suffit et c’est parti pour le second poste frontière marquant l’entrée au Monténégro !
Majestueux canyon de la Piva
Ensuite, je pense qu’il est difficile d’imaginer plus belle entrée en matière. Pourquoi ? Nous arpentons le canyon de la Piva. Nous serpentons alors à flancs de montagne avec des belvédères vertigineux sur ces gorges à la sauce monténégrine. Quelle beauté !! Le top du top ? Cette route en corniche, parfois creusée dans la pierre, nous fait passer à travers de somptueuses arches rocheuses.
Un peu plus loin, la Piva prend carrément ses aises et forme des lacs. Mais quelle merveille !! Il est alors temps pour nous de prendre de la hauteur pour contempler cette beauté. Du bleu et du vert, c’est tout ce qu’on voit. Absolument magique !
Bivouac inoubliable dans le parc national du Durmitor
Nous nous enfonçons maintenant dans le parc du Durmitor pour prendre de l’altitude. L’objectif ? Monter le campement sur les hauts-plateaux. Et oui, le bivouac est toléré au Monténégro, alors on en profite. En gagnant en altitude, nous perdons en température… Les paysages de ces hauts pâturages vallonnés battus par le vent sont superbes. Nous montons le camp tant bien que mal au pied du seul arbuste rencontré. Nos sacs SW-Motech lestent la tente.
Alors, comment te dire ? Et bien, c’est sans doute le pire bivouac que nous ayons fait jusqu’à présent. Un vent à écorner les bœufs, un froid de canard, des gros cailloux et un sol trop meuble pour les sardines. Température de l’huile moteur au matin : 2 degrés. Une vraie hivernale. Et dire que la veille, on se plaignait des 33 degrés à Dubrovnik !!
Notre réconfort ? Le réveil aux aurores nous permet de contempler le soleil se lever sur ces haut-plateaux dominés par les sommets tricolores du Durmitor. Somptueux. Un océan de verdure qui ferait rêver tout bovin en quête d’émancipation.
En parlant de ça, Marguerite et ses copines paissent tranquillement juste à côté de notre tente. Le berger n’est pas loin, il s’approche, intrigué. « Qui sont ces fous qui campent ici par ces températures ? » Une poignée de main. Le contact est amical. On lui fait comprendre qu’on s’est bien pelé les miches. Il rigole. On rigole. Il part avec ses vaches.
Route panoramique du Monténégro sublime mais en piteux état
Après une omelette bien méritée, nous partons sur une « panoramic road ». Nous découvrirons plus tard que tout le pays est traversé par plusieurs routes panoramiques (généralement en bien meilleur état). Nous comprenons vite que l’on ne sera pas nombreux dessus… Étroite et ponctuée de nid de poule, elle ne donne pas envie de s’y engager. Et pourtant !! Rapidement, on atteint un belvédère. Et là, Tadaaa ! Nous sommes à Vidikovac Kanjon Susice, nez à nez avec un gigantesque canyon. Ce pan de la surface terrestre semble avoir été déchiré en deux. C’est juste incroyable !
Nous contournons cette faille pour atteindre Žabljak. Nous y posons les valises pour 3 jours. Pourquoi ? Écrire nos articles, trier les photos/vidéos et puis faire la maintenance de l’Ural. Au programme : vidanges, jeu aux culbuteurs, graissage généralisé, nettoyage du filtre à air. Et en bonus ? Un pneu crevé. Le gamin de la famille chez qui nous logeons s’approche, interrogatif : « You want help ? » La réponse ne se fait pas attendre et nous passerons une bonne partie de l’après-midi à bricoler ensemble. Génial !! Pour le remercier et vu que c’est son anniversaire, on l’emmène faire un tour d’Ural. Inutile de te préciser qu’il a eu un sourire jusqu’aux oreilles tout du long !!
Crno jezero, l’enchanteur Lac Noir
Mais quelle merveille cette grande étendue liquide blottie au creux des montagnes. Des eaux turquoises, un décor verdoyant, c’est magique !! Il règne ici une quiétude incroyable, nous pourrions y passer des heures contemplatives.Pont Djurdjevica Tara, le pont qui enjambe un canyon jurrassic-parkien
Nous partons ensuite voir si l’herbe est encore plus verte dans les montagnes. La destination ? Un pont qui enjambe la rivière Tara. De chaque côté, de somptueuses montagnes kharstiques recouvertes de végétation. La brume ambiante donne une atmosphère magique à ces lieux. Tellement magique qu’on ne serait pas surpris d’y voir voler un Pterodactyle. Nous poursuivons l’aventure à travers le canyon.
Comment pousser notre side-car Ural dans ses retranchements !
Il y a deux façons de rallier Žabljak à Šavnik : par la route ou par la « route ».
Les guillemets traduisent ici l’état tout à fait aléatoire du petit réseau local. C’est évidemment notre option. Bon, alors comment dire ? Ça commence gentiment. Les grimpettes raides et caillasseuses nous obligent à enlever les bagages et à pousser l’Ural. Mais bon, on commence à avoir l’habitude. Et puis, c’est bon pour notre cardio.Arrivés au sommet, nous traversons des vastes paysages spectaculaires à la végétation rase parsemée de rochers blancs. Il n’y a personne là haut, même pas un berger et ses moutons. Nous croisons quelques maisons traditionnelles. C’est magnifque !
Affronter un combo ornières de boue / coulée de neige
Les choses se compliquent lorsque nous atteignons un obstacle nouveau pour nous : un combo ornières de boue/coulée de neige. La difficulté ? Le double effet kiss cool mêlant déclivité et absence d’adhérence. On se lance vaillamment, on galère, on monte le pneu crampon, on pousse, chaque mètre est une victoire.
En sortant de la neige, on se met dans une situation des plus fâcheuses. Le tableau ? Cette piste de bobsleigh improvisée nous a envoyé carrément sur la gauche. La culasse dans la terre, si le moteur s’arrête, on n’a pas assez d’espace pour le redémarrer au kick. Et à force de tourner au ralenti, la batterie n’a plus assez de pêche pour faire tourner le démarreur. Sympa, non ?
Alors on joue avec la marche arrière, le 2wd, la pelle, la force de nos bras et puis on arrive enfin à gagner 1 mètre. 1 mètre qui nous permet de respirer parce qu’on est maintenant à peu près au centre de la piste. Carrément en crabe, mais au moins, on n’a plus le stress de caler. Ouf !! Au passage, on coche la case : faire frotter le nez du panier au sol.
La suite ? On fait court.
A peine sortis de ce traquenard, nous devons redéposer les bagages pour une grimpette, re-creuser pour franchir une autre coulée de neige, trouver des chemins de traverse pour éviter une 3ème vague blanche pour enfin serrer les fesses et éviter l’orage qui gronde à côté. Pourquoi ne pas faire demi-tour ? Déjà, parce qu’on y est allergique et puis surtout parce que c’est impossible au vu des obstacles déjà franchis.
Nos péripéties en vidéo :
Encore une preuve de l’hospitalité locale
Il est 19h, nous sommes exténués, nous posons nos fesses au premier resto à Šavnik. Après une bière, un gros steak et la pluie battante qui n’en finit pas, la motivation pour bivouaquer s’est clairement évaporée. Alors, on y va au culot et on demande au serveur : « Peut-on camper dans votre jardin ? » On ne sait jamais, non ? Il appelle le proprio qui se trouve être un monténégrin ayant vécu 30 ans en France. Il nous propose de dormir dans son appart plutôt qu’en tente. On accepte. La vie est belle !
Notre première tentative pour rejoindre la côte Adriatique !
The Eagle’s nest ethno village, un lieu absolument génial
Après une nuit sur un vrai matelas, nous nous réveillons bien reposés. Courbaturés mais reposés. La prochaine étape ? Le nid d’aigle. Un lieu mêlant spot de camping, resto, bar et belvédère génial sur le canyon de Nevidio. Parfait !
Sous le poids considérable de Jérémy, la tôle sous selle s’est déchirée. Le cochonium russe. Alors, on demande au serveur « Connaissez-vous un soudeur par hasard? » Et nous voilà partis chez le voisin qui possède un poste à souder. Des crèmes ! Ils mettent tous la main à la pâte pour aider, offrent un café, un rakja, un deuxième rakja et ne demandent rien en échange. Pour les remercier, on leur offre du miel à la fraise que l’on a rapporté de Slovénie. Un super moment !!
Bivouac idéal sur les rives du Slano Jezero
Rapidement, il est temps de poser le campement. Notre spot pour cette nuit ? Slano Jezero. Un superbe lac entouré d’un côté par les montagnes et de l’autre par une digue routière. Le deal en camping sauvage, c’est évidemment de ne laisser aucune trace de ton passage. Et puis tu montes le camp à la tombée de la nuit et tu replies au petit matin. Ni vu, ni connu. L’espace de cette nuit, tu revis au rythme du soleil, bercé par le chant des oiseaux et des vagues sur les rochers. Le lendemain, nous avons partagé un bout de matinée avec une vache accompagnée d’une vieille dame ramassant du trèfle. On adore !!!
Monastère d’Ostrog, un lieu de pèlerinage troglodyte
Nous quittons notre bivouac de rêve pour rallier un édifice religieux. Sa particularité ? Il est bâti au sommet d’une montagne, directement dans la roche. C’est un monastère troglodyte. Ce lieu est une sorte de Lourdes locale, réputé pour ses guérisons miraculeuses. Pourquoi s’embêter à construire aussi haut ? Pour être plus près du seigneur sans doute ou bien pour nous faire souffrir avec d’interminables escaliers en plein cagnard… Nous y rendons visite à Saint Basile, qui y repose. Et ce n’était pas n’importe qui ! Il fut proclamé travailleur miraculeux !! Étant en bonne santé, bah, nous profitons surtout de la vue géniale sur les montagnes.
Caillasse monténégrine 1 – 0 Cache-culbuteur de l’Ural
Notre prochaine destination ? Kotor. On se met en tête d’y aller par une petite route qui, comme tu le sais, se transforme rapidement en piste. Il n’y a que 10 km, ça devrait aller !
Après 45 minutes à crapahuter dans la caillasse sous un cagnard des familles, c’est le fracas ! Un choc soudain et violent. Que s’est-il passé ? Une seconde d’inattention a suffit et on s’est mangé un rocher dans la culasse gauche. La fumée qui s’échappe ne laisse rien présager de bon. On s’arrête, on observe et on pose le diagnostic. La barre pare-carter a sauté sous le choc et surtout le cache-culbuteur est fissuré. Le problème ? Ce carter est sur le circuit d’huile moteur. Le précieux liquide s’écoule au compte-goutte… Il y a donc urgence à colmater la brèche.
On file vers Nikšić, la ville la plus proche à 35 km (dont 5 km de piste). Premier garage : « on ne soude pas l’alu » mais ils connaissent un « motor master » et nous mènent à lui. Super ! Le maître des motos nous répare le cache-culbuteur, bricole un joint sur-mesure et ressoude une patte pour la barre pare-carter. La douloureuse ? 80€. C’est amplement raisonnable pour les 3 heures qu’ils auront passé à deux dessus. Je n’imagine pas en France la facture…
Nous voilà repartis, mais par la route cette fois-ci. Nous bivouaquons en forêt et dînons à base de saucisson, bière, frometon pour nous remettre de nos émotions.
« L’aventure, c’est l’aventure… » chantait Johnny…
Quand je vois ce qui vous arrive sur le plan mécanique, je ne regrette pas d’avoir vendu mon Dniepr.
Cela dit, vous êtes partis pour ça, et je n’ai pas l’impression que ça vous pèse beaucoup.
Continuez à bien en profiter.
Eric
Salut !
En fait depuis le début du voyage, il ne nous est pas arrivé de soucis mécanique particulier. Sauf deux fois, mais cela aurait pu se passer avec une autre moto (culbuteur fissuré par une grosse pierre et une crevaison). Nous n’avons jamais été immobilisé à cause du fait que cela soit un Ural.
Nous sommes ravis d’être partis à l’aventure avec. Il permet un contact très facile avec les locaux.
C’est 7000km de bonheur !