En entrant en Bosnie-Herzégovine, nous sommes assaillis par une sensation étrange. Maisons en ruine, détritus en bord de route, grands espaces désertés, panneaux « Attention aux mines »… Mais il ne faut pas se fier aux premières impressions. Pourquoi ? Il nous a suffit d’une journée pour tomber amoureux de ce pays ! Nous avons eu un vrai coup de cœur pour ses paysages incroyables, son authenticité et surtout pour ses habitants. Nous te racontons notre road-trip en Bosnie-Herzégovine en plusieurs articles : nos belles rencontres arrosées de rakja, nos péripéties ubuesques sur des pistes au cœur de décors à couper le souffle et l’abondance de bureks. Bonne lecture !
Conduire en Bosnie-Herzégovine
L’état des routes
Les axes majeurs (quand ils sont terminés) sont généralement en bon état. Par contre le reste du réseau est principalement constitué de pistes avec leurs lots de nids de poule et de caillasse.
Notre immersion dans une ville bosnienne
Bienvenue à Drvar !
Pour bien commencer notre aventure, nous décidons de poser les valises 4 jours dans une petite cité. 1 nom imprononçable (il faut rouler les « r »), 7000 habitants, 2 rues principales et 50 cafés.
Notre hébergement ? Une chambre chez l’habitant trouvée sur booking à 14€ la nuit ! Prix imbattable. Poêle à bois dans la chambre, tip top et très utile car il caille le soir. Le proprio ne parle pas un mot d’anglais alors nous échangeons par Google Traduction interposé. Son métier ? Prof d’histoire géo. Autant te dire qu’on ne pouvait rêver mieux pour en apprendre plus sur le pays. Il nous offre une bière puis une autre… On parle Europe, Yougoslavie et coût de la vie. Tu sais combien il a acheté son appart ? 5 000€. Tu veux une maison sur la côte monténégrine ? 20 000€.
Il y a un nombre incroyable de cafés !
Le lendemain, nous partons explorer la ville. Et bien, c’est juste un saut dans le temps. Fumer dans les bars est autorisé, on y écoute de la pop des années 90, les voitures récentes sont rares (il y a plein de vieilles Renault). Niveau logement : maisons individuelles et barres d’immeubles cohabitent. Fait surprenant ? Le chauffage se fait au bois. Au pied des bâtiments, des centaines de stères de bois sont entreposées. Impressionnant !
En arpentant les rues, nous distinguons facilement les impacts de balle sur les murs. Triste souvenir d’une tragédie d’il y a 30 ans. Les bâtiments en ruines et les maisons désertées sont nombreux. Le tableau d’ensemble est donc assez austère et terne. Pourtant, les locaux semblent traverser ce décor en ruine sans y prêter attention.
Notre bureau pour les jours à venir : le Bikers, le bar à motard de la ville.
Pourquoi là ? Euh… parce que le wifi marche bien. On peut te garantir que notre arrivée en Ural a eu son petit effet. À tel point que le tenancier, un Jessie James version bosnienne, vient nous offrir un verre. Génial !! En revenant à l’appart, le proprio a allumé le poêle dans notre chambre pour qu’on dorme au chaud. Une délicate attention qu’il reproduira tous les jours.
Ce qu’on adore ici ? Les sourires.
Les visages sont souvent fermés au premier abord, mais ils s’illuminent facilement d’un sourire franc. Les boulangères rient aux éclats quand elles nous apprennent à prononcer « Pita Jabuka », un gâteau local aux pommes. Et au bout de 3 jours, elles nous serrent la main dans la rue avec le sourire jusqu’aux oreilles. Dans la rue, tout le monde se salue. C’est génial. Il règne ici une sorte de quiétude générale des plus agréables. Dans les cafés, le temps semble s’écouler tout doucement. En résumé : le bosnien boit des cafés en terrasse, coupe du bois pour l’hiver et fume. Mais alors, qu’est-ce qu’il fume !!
Rouler en Bosnie-Herzégovine, des fractures de la rétine et des pistes
Excursion à Martin Brod !
Qu’est ce que c’est ? Les chutes d’eau du parc national de l’Una ! Il faut bien avouer qu’on en prend plein les yeux. L’eau y est d’un magnifique bleu-vert et s’écoule avec une force incroyable. S’il faisait 25 degrés plus chaud, on pourrait facilement se croire au Laos ! Juste à côté, un vieux pont en bois renforce ce dépaysement à la sauce asiatique. Génial !!
Les pistes du Trans Euro Trail sous la pluie
Nos batteries sociales étant à plat, nous partons explorer les montagnes environnantes. Le tracé ? Les pistes du Trans Euro Trail. De délicieux sentiers utilisés principalement par les exploitants forestiers et les gens étranges qui, comme nous, cherchent à découvrir des paysages authentiques. Splendide !!
Sauf que ? Le Laurent Romejko local a décidé qu’on se prendrait des trombes d’eau sur le coin de la tronche. Les chemins deviennent des bourbiers, les paysages se changent en océan de nuages façon 50 nuances de grisaille… Bye bye les sublimes panoramas… Vu qu’on ne voit plus à 100 mètres, à quoi bon continuer ?
Nous mettons alors cap vers la trace de civilisation la plus proche. Ouais, sauf que cette proximité est toute relative quand on est paumé dans les pistes de montagnes… Nous roulons une heure sous une drache bien soutenue que jalouserait le plus breton des bretons. On ne croise absolument personne ! Ni humanoïde, ni bétail, ni quelconque trace de forme de vie développée.
Une fois redescendus dans la vallée, nous apercevons un hameau. Nous voilà sauvés ? On va pouvoir se mettre au chaud ? Nope… voilà un mirage bosnien. Ce village est fantôme. Toutes les maisons sont désertées. Le seul habitant de cette cité post-apocalyptique ? Un berger qui fait paître ses moutons entre les maisons en ruine. Une scène absolument surréaliste !! Nous roulons encore une heure sur des pistes où les nids de poule sont légion. Mais, elles sont où toutes ces poules ??? Elles font leur nid et elles se barrent ? C’est à n’y plus rien comprendre.
La dernière demi-heure est la plus longue. L’espace temps s’étire. Notre équipement montre ses limites. On commence à se dire : « qu’est ce qu’on fout là ? », « on serait pas mieux pépouzes au coin du feu ? ». Nous voilà enfin arrivés au motel Tetrijeb à Sipovo. 25€ la nuit. Les lits sont confortables et l’eau de la douche est chaude. C’est tout ce qu’il nous fallait.
Le matin. On découvre avec bonheur que le type qui nous a accueilli est une crème. Pourquoi ? Parce qu’on lui pose une colle : « t’aurais pas une douille de 41 ? ». Nous en avons besoin pour resserrer notre écrou de colonne mais c’est un calibre plutôt utilisé sur les poids-lourds. Et là, le gars se démène. L’hospitalité a son paroxysme. Il ne l’a pas, mais il connaît quelqu’un qui pourrait l’avoir. Bref, après 1km en ville qui ressemblait clairement à une étape de rallye routier, nous voilà chez son ami mécano qui a une clé de 41 au fond de son combi volkswagen. Un quart de tour, et c’est reparti.
Notre immersion dans une communauté d’artistes bosniens à la douce folie balkanique
La route de montagne offre des points de vue spectaculaire. C’est sublime ! Notre objectif de la journée ? Se rapprocher de Jajce et trouver un hébergement pas cher le temps que la météo s’améliore. Ah quoi bon visiter un pays si c’est pour subir la pluie et avoir la vue gâchée par les nuages ?
Notre refuge ? Le camping Zelenkovac, un lieu hybride à mi-chemin entre la cabane en bois que tu construis dans ton jardin et la résidence d’artistes. Ouais c’est bizarre. Mais c’est chaleureux. Et puis c’est 10 Marks Bosniens par nuit, soit 5€. Le bar est le lieu de rassemblement du coin, jeunes, vieux, hommes, femmes… Nous y avons passé des moments mémorables à base de quantités de rakja (eau de vie locale) beaucoup trop élevées, de chants traditionnels plus ou moins justes, de danses endiablées sur les Rolling Stones, de discussions épiques,… Bref on était plus que bien accueillis !
Visite de Jajce
Après 3 jours, la drache finit enfin par s’estomper, nous quittons alors la douce folie balkanique du camping pour longer la rivière Plivsko se faufilant entre les montagnes. Après quelques kilomètres, elle se transforme en immense lac aux nuances de vert. Sublime !
Et nous voici à Jajce, prononcer « Yayssé ». Vieille ville médiévale et capitale du royaume de Bosnie au 14ème siècle. Ce qu’on aime ici ? On commence à y sentir des influences orientales ! Une jolie mosquée, des maisons ottomanes, des locaux qui fument la chicha,… On adore ! On grimpe à la forteresse pour jouir d’une vue géniale sur les environs.
En quittant la ville, nous longeons à nouveau la rivière Plivsko aux allures de lac. Petite pause photo sur une passerelle en bois surplombant de petites cascades. Puis nous arpentons des petites pistes au rythme des méandres du cours d’eau aux teintes émeraudes. C’est bucolique à souhait !! Sauf que ? On manque de se faire croquer par un chien. Et ouais, le molosse yougoslave de 80 kg a réussi à se frayer un chemin dans la clôture. On en est quitte pour une petite frayeur.
Découvrir la Bosnie rurale par les sentiers
Retour sur les pistes du TET pour découvrir un village de paysans posé en fond de vallée. Le décor ? Une vaste plaine cernée par les montagnes. On observe alors les scènes de vie typique avec les bergers qui guident leurs troupeaux, la petite dame qui ramasse le foin, etc… Sans le TET, nous ne nous serions sans doute jamais aventuré aussi profondément dans la Bosnie rurale. Quel bonheur !
On grimpe, ça monte sévère. Gobi prend une petite suée (et nous aussi quand il faut pousser…) mais au sommet, on arpente un sentier sur les crêtes absolument somptueux. Des paysages de montagnes verdoyantes creusées d’une multitude de cratères. Trous d’obus ou érosion naturelle ? On ne sait pas trop. N’empêche que ces décors sont uniques.