Istanbul est une ville fourmillante coupée en deux par le Bosphore. A l’ouest l’Europe, et à l’est l’Asie mineure. De par sa position géographique, la plus grande cité de Turquie a connu une histoire mouvementée pour devenir un véritable mille-feuille culturel aux influences éclectiques ! Comment faire pour tout visiter ? C’est impossible ! À moins d’y passer des années. Avec seulement 4 jours, nous avons ciblé 6 quartiers qui nous faisaient de l’œil. Dans cet article, nous te racontons notre visite d’Istanbul à pied et en transport en commun (il faut oublier très rapidement la moto). Bonne lecture !
Une histoire courte du glorieux passé d'Istanbul
Voici 3000 ans d’histoire hypercondensés
Avant de plonger dans cette ville tentaculaire et de rencontrer quelques uns de ses 16 millions d’habitants, remontons un peu le temps. Quel est le passé d’Istanbul ? Que lui vaut cette prospérité ? En très très bref, Istanbul fut successivement sous contrôle Grec, Perse, Sparte, Grec, Sparte, Grec, Macédonien, Romain, Ottoman, et enfin Turc. Tu vois pourquoi on parle de mille-feuille ?
Voici la version légèrement développée du passé de Byzance alias Constantinople alias Istanbul
En 667 avant JC, des colons grecs créent Byzance le long de la corne d’or (l’estuaire de deux rivières se jetant dans le Bosphore). Au Vème siècle, les perses arrivent, prennent le contrôle de la ville, puis la rasent. Puis en moins d’un siècle, Byzance est reconstruite par les Spartes, prise par les Athéniens, reprise par les Spartes puis re-re-prise par les Athéniens. Tu suis toujours ?
Alexandre Le Grand débarque et fait la ville sienne. Byzance passe donc sous drapeau macédonien. En 324, la ville passe sous égide romaine. Constantin 1er décide d’en faire la capitale de l’empire romain d’Orient (aussi nommé empire byzantin). Il rebaptise la cité « Konstantinou Poli » alias Constantinople, « la ville de Constantine ». Mégalo le gars ? En fait, c’est vraiment à cette période là que la ville prend son importance commerciale. Située à la croisée de l’Europe et de l’Asie, contrôlant le passage de la mer noire à la Méditerranée, sa position géographique lui permet de croître rapidement. Si bien que sa population passe rapidement de 30 000 à 400 000 habitants !!
Bon, j’espère que tu suis toujours car les choses sérieuses commencent. Pourquoi ? En 1453, les ottomans prennent le contrôle de la ville. Constantinople bascule donc d’une religion chrétienne à musulmane. Certaines églises comme sainte-Sophie, sont alors converties en mosquées, mais la plupart restent préservées. En 1923, Atatürk fonde la république de Turquie. Il transfère la capitale à Ankara, puis en 1930 rebaptise la ville Istanbul. Voilà pour la minute historique. Tu te demandes toujours pourquoi c’est une ville à la richesse culturelle incroyable ?
Se déplacer à Istanbul
Avec son propre véhicule, c’est une expérience terrifiante !
Comment résumer simplement ? Disons qu’en bécane (ou en voiture), c’est l’enfer sur terre. Il y a deux choses à signaler. D’abord, il est difficile de s’y retrouver dans ce dédale labyrinthique de bifurcations, sorties, bretelles, etc… et là, on ne te parle que de la périphérie ! Ensuite, les stambouliotes conduisent incroyablement mal ! La faute à quoi ? À leur manie de combiner téléphone, cigarette, sandwich, causerie avec le voisin, déboîtement sans visibilité et lecture des actualités au volant. On exagère à moitié ! Il faut donc être vigilant pour eux. Tu es à 200% en concentration ? Passe à 400% avec les taxis ! On a vraiment eu l’impression qu’il y avait un contrat sur nos têtes et que chacun d’entre eux voulaient notre mort. Ah oui ! Il y a les bouchons aussi !!
En transports en commun, c’est assez proche de l’escape game
Globalement, la ville est bien desservie avec ses lignes de bus, métro, ferrys et le Marmaray (train qui passe sous le Bosphore). Mais ! Et c’est un gros « mais » : il y a des énigmes, des bugs, incompréhensibles mêmes pour les locaux. Par exemple, dans les bus, une fois sur deux le tableau d’affichage ne fonctionne pas. Il n’y a pas non plus de plan du réseau. Tu ne sais donc pas à quel arrêt tu es, et surtout, tu ne sais pas si tu vas dans le bon sens. Ça nous a valu des retours à pieds tard le soir…
La mystérieuse Istanbul Card
Le principe est simple : une carte rechargeable acceptée dans tous les types de transport. Super ! Sauf que c’est l’unique moyen de paiement accepté dans les bus. Si tu ne te l’es pas procurée avant, impossible d’entrer dans le bus (celui qui te permet de rejoindre une station de métro, par exemple) ou alors un turc sympa te paye le trajet avec sa carte.
Comment l’obtenir ? À certains kiosques ou aux guichets électroniques dans les stations de métro. Mais seulement les billets de 100TL sont acceptés pour la payer (1€ = 18TL). Pourquoi ? Aucune idée… D’autant plus qu’elle n’en vaut que 25TL. Il a fallu l’aide de quatre stambouliotes pour résoudre cette énigme ! Même histoire pour la recharger. Certains automates acceptent les billets de 20TL, d’autres non. Ainsi, il n’est pas rare de voir les stambouliotes enchaîner les machines comme des joueurs compulsifs. Une fois le précieux sésame crédité en poche, les métros restent le meilleur moyen de naviguer dans la ville.
Notre visite d'Istanbul : la rive asiatique, Üsküdar et Kadiköy
Quartier Üsküdar, pour sa promenade le long du Bosphore
Ce quartier de la rive asiatique d’Istanbul, abrite de nombreuses mosquées historiques. Mais nous y allons surtout pour profiter de la vue sur le Bosphore et la côte européenne de la ville. C’est magique ! Sur notre droite, on admire le grand pont du Bosphore avec très loin derrière la mer noire. À gauche ? La mer de Marmara. En face, de l’autre côté du cours d’eau on distingue Beşiktaş, un quartier que nous visiterons un peu plus tard. Ce qu’on adore ici ? C’est l’endroit rêvé pour visualiser la manière dont la capitale est articulée autour du détroit.
Nous nous enfonçons ensuite dans le quartier au gré des ruelles, traversons d’immenses cimetières où la végétation est foisonnante, dégustons un döner kebab puis un peu plus tard d’étonnantes içli köfte, des boulettes de viande panée. Jérémy adore ! Marion, point trop.
Quartier Kadiköy, pour l’ambiance branchée et dynamique
Après s’être perdus et avoir marché en plein cagnard, nous voici dans le quartier Kadiköy. Ce qu’on adore ici ? L’atmosphère animée et les superbes maisons en bois et/ou colorées. C’est bouillonnant, jeune, dynamique. On se pose dans un bar pour contempler l’effervescence incroyable de ce quartier à la population hétéroclite (du tatoué et percé, de la mini jupe et des voiles, des baggy et des slims, des nombrils à l’air…).
Nous nous faufilons dans les rues du marché où olives, loukoums et épices côtoient poissons, pièces de viande. Il y a des restaurants partout et c’est bondé !
Nous filons ensuite sur le port pour contempler la gare de Haydarpasa, c’est un échec car elle est en travaux. Qu’a t-elle de spéciale ? C’est pas souvent que l’on peut observer une gare quasiment les pieds dans l’eau. Et puis, il paraît que son architecture allemande dans le style néo-renaissance vaut carrément le détour.
Nous finissons la journée en apothéose en dînant dans un petit bouiboui génial : Bütme Evi. Qu’a t-il de spécial ce resto ? Et bien, on mange à côté des mamies qui confectionnent les plats. Deux d’entre elles roulent des feuilles de vignes garnies alors que d’autres papotent autour d’une grande coupole chauffante. Elles y font cuire des gözlemes, sortes de galettes fourrées à l’épinard, au fromage ou encore à la saucisse turque, à mi-chemin entre la flammenkuche et une crêpe salée très fine. Un délice !!
Notre visite d'Istanbul : la rive européenne, Fatih (Sultanahmet et Eminönü), Beşiktaş et Taksim
Quartier Sultanahmet, pour son patrimoine historique Unesco
C’est le quartier des merveilles architecturales. Nous débutons avec la mosquée du Sultan Ahmet. Malgré les travaux de restauration, on se rend facilement compte du caractère majestueux des lieux.
Qu’a t-elle de spécial ? Elle possède 6 minarets. Ça peut paraître un détail, mais il faut savoir qu’elle était l’unique mosquée turque ainsi jusqu’en 2019. La plupart en ont un, deux, voire 4 pour les édifices impériaux. Et puis, surtout, elle abrite de superbes céramiques aux teintes bleues qui lui ont valu son surnom européen de « mosquée bleue ».
Nous poursuivons avec Ayasofya alias Sainte Sophie. Nous faisons un peu la queue (elle est terriblement longue mais en moins de 15minutes, nous atteignons l’entrée). Nous pénétrons dans l’enceinte, Marion met son foulard sur sa tête et nous rejoignons le vestibule qui pue des pieds. Enlevage des chaussures et rangement dans les étagères prévues à cet effet.
La massivité de cette ancienne église byzantine impressionne depuis l’extérieur. Mais lorsque l’on y entre, on est subjugué par sa beauté et surtout par son gigantesque dôme qui semble flotter. Le lieu est magique ! Les fresques, l’architecture, les peintures, les lustres qui forment une voûte céleste aux teintes jaunes… Tout y est du plus bel effet ! Bref, on s’assoit au sol et on contemple en silence.
Te souviens-tu de notre rappel historique sur Istanbul ? Et bien, cet édifice est un bel exemple de la succession des civilisations. Elle fut d’abord construite comme basilique chrétienne, puis convertie en mosquée avec l’arrivée des ottomans, transformée en musée sous les ordres d’Attatürk pour finalement redevenir mosquée en 2020.
Dernière visite de la matinée : le palais Topkapi. Il est immense et devrait mériter que l’on y passe une journée complète. Malheureusement, épuisés par la marche et la chaleur, nous bâclons un peu la visite. Pour te donner une idée, la résidence du sultan ottoman s’étend sur pas moins de 70 ha ! Il n’a pas fait les choses à moitié. Et puis accessoirement, le palais a été bâti à l’endroit même de l’acropole de Byzance.
Quartier Eminönü, pour ses marchés
Nous sautons dans le Marmaray, passons sous le Bosphore pour ensuite plonger dans un océan d’odeurs et de couleurs. Et oui, nous explorons maintenant des ruelles animées. L’ambiance ? Des rues sinueuses bordées d’étals de vêtements, de chaussures et d’objets en tous genres. Nous prolongeons l’expérience par une plongée olfactive dans le marché aux épices (ou marché égyptien). Un régal pour nos narines en état d’alerte. Effluves de rose, de pistache, cumin, safran,… Quel pied !