C’est l’histoire de 14 malheureux kilomètres parcourus en 5 heures. La destination ? Lukomir en Bosnie-Herzégovine. Une épopée fantastique aux confins du monde civilisé qui nous a permis de redéfinir les mots obstination et folie. Dans cet article, nous te racontons cette journée épique sur les pistes bosniennes. Bonne lecture !
Itinéraire de la journée - 80 km
Konjic - Dzepi, Ça commence fort dès le début !
1ers obstacles : des montées caillouteuses sous 30°C
En sortant de Konjic, nous nous engageons sur des pistes de montagne pentues à souhait. On fait la grimpette en 1ère à 10km/h en respectant un régime moteur particulier qui permet de rester dans le couple sans trop chauffer. Accessoirement, Marion doit se taper la montée à pied et pousser l’engin par moments.
À 11h00, nous atteignons ce que l’on pense être le sommet. Nous faisons une pause bien méritée en se disant que ce n’était pas si compliqué finalement. On se fourre bien le doigt dans l’œil. Pourquoi ? Parce que ce n’était que le début ! D’autres obstacles vont se dresser sur notre chemin et ils seront beaucoup plus physiques ! En tout cas, ces premiers efforts sont largement récompensés car les forêts disparaissent au profit de vastes plaines. Nous passons par le village de Dzepi, la piste est plus facile. Quel bonheur de contempler ces grands espaces !
Dzepi - Lukomir, 14km en 5h (ça se passe de commentaires...)
Choix cornélien : traverser l’Antarctique ou gravir l’Everest ?
Benoît, le motard avec qui nous roulons depuis hier nous dépasse. Il faut dire qu’on n’a pas tout à fait le même rythme. Un peu plus tard, on le croise revenant en sens inverse. Qu’est ce qu’il se passe ? « il y a plusieurs passages avec plus d’un mètre de neige sur la route !! » En bécane, il pourrait passer, mais seulement avec nous en sécurité. En Ural, c’est compliqué surtout avec le ravin juste à côté. Nous commençons à déblayer un passage avec notre pelle (Il faut bien qu’elle serve une fois dans le voyage). Ça prend déjà un temps fou de creuser cette première section de neige pas très longue et peu dense. Alors les suivantes…
Comment faire ? Benoît part en éclaireur. Il y a une alternative mais ça implique de gravir une colline herbeuse à la déclivité vertigineuse. On tente ! C’est vrai, l’Ural est un tracteur, ça ne devrait pas poser souci.
Arrivés au pied de ce qui nous semble l’Everest, nous sommes confiants. Avec un peu d’élan, ça devrait le faire non ? Euh, comment dire… 1er essai infructueux. L’Ural montre ses limites et broute tout ce qu’il peut. Alors on enlève les bagages et on pousse. 3 ! 2 ! 1! Huuuuuh ! De délicates effluves aux notes de graphite venant de l’embrayage flottent dans l’air. Alors, on déshabille totalement Gobi : top-case, jerrican, sacoche à provisions, etc... 3 ! 2 ! 1 ! Huuuuh !!! Nous avançons tant bien que mal par saut de 5 mètres. Notre méthode ? Le zig-zag. Plutôt que d’affronter la pente de face, nous slalomons tel un skieur. Un skieur carrément en surpoids, mais quand même. Après une succession d’ultimes efforts, nous retrouvons la piste.
Mais ce n’est pas fini ! Il faut maintenant monter nos affaires ! Nos deux gros sacs, les bidons d’huile et d’essence sont portés par la moto. Mais nous devons jouer les sherpas pour le reste. C’est lourd ! A bout de souffle, nous sanglons les bagages, remontons le top case, rechargeons huile, essence et provisions. Ouf !! Il faut quand même ajouter que le décor est sublime, mirifique, extraordinaire, canon ! Bref, on est émerveillé !