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Road-trip à moto en Turquie, Anatolie orientale et centrale (2/2)

Ah, la Cappadoce, voilà encore une région légendaire en Turquie. Les cheminées de fée, les montgolfières qui se bousculent dans le ciel, ça te dit sûrement quelque chose, non ? Durant des millions d’années, l’érosion a modelé la roche de tuf volcanique, donnant naissance à des formes surprenantes. Dômes, canyons ou encore des phallus géants peuplent la région. Peut-on rêver mieux que d’explorer cet endroit surréaliste fin novembre et en décembre sans touriste, puis de voir les paysages se transformer avec les premières neiges ? C’était incroyable ! Dans cet article, nous te racontons notre exploration de la Cappadoce à moto. Bonne lecture !

Plongée à moto dans les paysages inouïs de la Cappadoce

Soğanli, aux portes de la Cappadoce

Nous débutons notre découverte de la région avec un lieu peu touristique en saison et complètement vide au mois de novembre. Il est situé à une 60aine de kilomètres au Sud des principaux sites. Quelle joie d’explorer les lieux en étant seuls (enfin seuls… on s’est quand même fait deux potes à 4 pattes). De quoi s’agit-t-il exactement ? Soğanli, autant être clair, arbore un décor carrément surréaliste.

Ce village troglodyte est blotti dans une vallée aux allures de canyon. Des dizaines de bâtisses ont ainsi été creusées dans la roche. Les constructions les plus impressionnantes restent sans aucun doute les églises dont les volumes intérieurs sont parfois impressionnants. Alors on hésite : le décor ressemble-t-il davantage à la Guerre des étoiles ou au Seigneur des anneaux ?

Derinkuyu et Kaymaklı, deux villes troglodytes souterraines. Claustrophobes s’abstenir

Nous voici maintenant à Derinkuyu, une cité souterraine remarquable. Cette ville se déployait sur 13 étages façonnés dans le sol meuble. Nous explorons ce labyrinthe minéral en arpentant les nombreux couloirs plus exigus les uns que les autres. On doit même se contorsionner pour accéder à certaines pièces.

Mais pourquoi diantre creuser des couloirs aussi étroits ? Pour ralentir les soldats en cas d’attaque. Car si les chrétiens grecs se sont installés à 85m sous terre, ce n’était pas par pur plaisir spéléologique, mais bien pour éviter de se faire étriper par les sbires de l’empire romain. Pas folle la guêpe ! Seule ombre au tableau : sous le plancher des vaches, la lumière du soleil est inexistante. Sécurité ou vitamine D, il a fallu choisir.

Nous continuons nos explorations spéléologiques avec Kaymaklı, une autre cité souterraine. Notre préférence ? Découvrir comment la vie était organisée dans cette ville verticale. Au fil de notre exploration, nous découvrons une étable, des églises, un marché, des habitations, des presses à vin et une multitude d’espaces de stockage. Il y a toute une logique d’agencement liée à la profondeur. Ainsi, pour des raisons évidentes de praticité, les chevaux étaient parqués aux étages supérieurs. Quant aux habitants les plus fortunés, ils logeaient dans les quartiers les plus bas c’est-à-dire les plus sûrs en cas d’attaque.

Ce qui nous impressionne le plus ? La gigantesque cheminée d’aération qui ventile l’ensemble des niveaux. Et puis ces énormes meules de pierre de 500kg qui étaient en fait des portes… Inutile de préciser que tu y réfléchissais à deux fois avant de t’accorder un peu d’intimité.

Mustafapaşa (ou Sinasos), ancienne cité grecque

Cette cité au nom presque imprononçable était habitée par des Grecs jusqu’au début du XXème siècle. Cela se remarque d’ailleurs dans l’architecture de ses bâtiments en pierre. Elle recèle de nombreuses églises mais aussi des écoles religieuses musulmanes (Médersa) ainsi que d’étonnantes habitations troglodytes ! Ce patchwork d’influences est simplement génial.

Voyage en Cappadoce ou comment enchaîner les fractures de la rétine

Bien arrivés dans notre nouveau chez nous pour les 3 prochaines semaines (Mais ça, nous ne le savions pas…)

Visite rapide d’Ürgüp et nous voici à Ortahisar ! Nous passerons plus de 20 jours ici. Pour en explorer tous les recoins ? Que nenni, enfin pas seulement… Les pneus que nous avons commandé en Bulgarie profitent du voyage et tardent à rallier la Cappadoce (Pas facile de trouver des pneus pour side-car de 19 pouces en Turquie). Heureusement, nous avons réussi à négocier un deal avec la tenancière de notre hôtel : 12€ la nuit (salle de bain privée avec eau chaude), petit-déjeuner inclus et thé à volonté. Parfait !! Au passage, tu te rends compte qu’à la ville voisine, le camping propose 20€ la nuit pour planter la tente ?? Bref…

Göreme, une ville-musée à ciel ouvert

Nous voici à Göreme, un des sites les plus célèbres de Cappadoce. Et malgré la fraîcheur de la mi-décembre, les touristes sont bien présents (c’est le week-end aussi). Alors, qu’y a t-il à voir ici ? Une ville creusée dans les singulières formations rocheuses typiques de la région. Aujourd’hui, ce musée à ciel ouvert permet d’explorer sur plusieurs étages des halls, des maisons, des réfectoires, etc… La différence avec les sites précédents ? Les églises, et surtout leurs fresques magnifiques. Ces petits bijoux d’art byzantin sont sublimes et bien conservés. Au passage, tu devras nous croire sur parole car les photos sont interdites.

Prochaines étapes : musée en plein-air de Zelve et vallée de Pasabag

Le site de Zelve est moins touristique que celui de Göreme, mais il n’en est pas moins impressionnant. Les falaises bordant trois vallons ont été creusées pour servir d’habitat. Ces maisons troglodytes bâties sur 3 à 4 niveaux donnent le sentiment étrange de remonter un boulevard bordé d’immeubles.

De plus, le lieu est immense. C’est l’un de nos coups de cœur. En prenant un peu de hauteur, la vision de ces centaines de trous dans les roches friables donnent la sensation d’explorer une termitière géante. Incroyable ! Certaines extrusions sont osées structurellement. On se demande même comment elles font pour tenir. Combien d’éboulements ont-ils vécu pour se dire : « ok, 20m² est la limite pour que cela ne s’écroule pas. Si seulement, on avait su ça avant de creuser la grotte de Michel… RIP. »

Puis, après avoir roulé au milieu de toutes ces formes rocheuses bizarres et pris quelques photos pour la postérité. Nous voici dans la vallée de Pasabag (ou vallée des moines), où nous avons découvert que les cheminées de fée étaient en fait des phallus géants. Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. Si tu y vois autre chose, tu te mens à toi-même. Certains mesurent quand même une quinzaine de mètres de haut. Bref… toujours est-il que ces rochers en érection bien gaulés sont étonnants !

Randonnée dans les vallées rose et rouge (encore un coup de cœur)

C’est parti pour 10 bornes de rando. Le spot : les vallées rose et rouge. Plutôt évocateur, non ? Nous débutons par une sacré grimpette qui nous permet d’atteindre une ligne de crête aux panoramas géniaux. Au loin, nous distinguons Zelve, le château de Çavuşin ainsi que l’extraordinaire labyrinthe rocheux non loin de là.

Après 5 km sur les hauteurs, nous descendons explorer les sinuosités au cœur de la vallée en contrebas. Les sentiers sont escarpés, si bien, que ça relève parfois de la varape. Le jeu en vaut la chandelle ? Carrément ! Quel plaisir de naviguer entre ces énormes dômes de tuf volcanique. La palette de couleurs varie du blanc calcaire au rouge latérite en passant par le rose saumon et le jaune. Nous sommes seuls au milieu de ce décor extraordinaire. Nous avons une chance incroyable !

Ces vallées abritent de nombreux pigeonniers creusés en hauteur dans les parois rocheuses. Ce sont ces trous bordés de blanc avec parfois des motifs décoratifs noirs. On en croise partout dans la région. Il y a aussi ce qui semblait être des habitations et quelques églises disséminées. Notre préférée ? la « columned church ». Ce monument sur deux étages a été complètement excavé de la roche avec ses surprenantes colonnes qui soutiennent le plafond. Il faut se rendre compte que tout a été creusé autour de ces colonnes. C’est incroyable ?

Notre expédition à moto vers la vallée d'Ihlara

Monastère troglodyte d’Açıksaray et lac volcanique

Nos nouveaux pneus ne sont toujours pas arrivés et nous avons un peu la bougeotte. C’est parti pour une petite virée à la vallée d’Ihlara située à une 100aine de kilomètres. Nous commençons par un crochet au monastère troglodyte d’Açıksaray. Nous y rencontrons deux turcs qui joueront nos guides à base de 4 mots d’anglais 🙂 Le site est plutôt vaste, on y trouve de belles façades sculptées et des églises creusées dans la roche. Nous reprenons les petites routes à travers les paysages désertiques et les petits villages. Arrêt photo au joli lac volcanique de Nar avant de rechercher un lieu pour bivouaquer.

Le bivouac à moto et son lot de rencontres nocturnes

Bivouaquer a un avantage majeur : c’est gratuit. L’inconvénient ? Certaines nuits sont ponctuées de rencontres dont on se serait bien passé. Nous posons la tente au bord du lac de Güzelyurt. Le cadre est magnifique. Il fait froid. La lune est pleine. Dans cette configuration, notre satellite ne fait pas sortir que les loups-garous mais bien les fêtards qui profitent d’une obscurité toute relative pour se retrouver.

Vers 23h, une voiture s’arrête juste à côté de la tente. Étrange. Jérémy glisse la tête hors de notre toile. 4 types sortent simultanément de l’auto. Tout penaud, on tente un « Merhaba. Speak english? ». Un des gars dégaine Google Translate. « Vous avez trouvé personne ? » En voilà une question pour le moins étonnante ! Quelques traductions plus tard, nous comprenons que ces jeunes gens faisaient la fête un peu plus loin près du lac lorsqu’un de leurs compères a disparu. Ouf.. on est rassuré. Bon… ils nous expliquent aussi que le pote en question a des soucis psychologiques, mais passons…

La vallée d’Ihlara

Le lendemain nous replions le campement, tout est gelé autour de nous. Ça caille ! Arrêt obligé à Güzelyurt, la ville la plus proche, pour un café/thé accompagné de simits. Nous avons trouvé une super boulangerie turque avec plein de choses délicieuses à goûter.

Nous rejoignons la vallée d’Ihlara. Au programme ? Balade au fond d’un canyon le long d’une rivière. Les pans des falaises qui nous cernent sont creusés d’habitations et d’églises. Comparativement aux autres sites que nous avons visité, celui-ci ne casse pas trois briques à un canard… Mais hors saison, il n’y a presque personne et la promenade est sympa.

Le bivouac à moto et son lot de rencontres nocturnes (bis)

En milieu/fin d’après-midi (vers 16h car il fait déjà nuit à 17h), on se les gèle. Nous installons la tente au pied de l’église rouge, Kısıl Kilise, la seule église du VIème siècle encore debout en Cappadoce. Nous établissons le contact avec l’agriculteur à côté. Il nous autorise gentiment à passer la nuit ici. On peut donc dormir sur nos deux oreilles.

Enfin c’est ce que l’on croyait ? Notre sérénité s’évapore fissa lorsque l’on entend des coups de fusil juste à côté. Vraiment tout près. On se dit alors : « la lune est pleine, ils doivent pouvoir voir notre tente. » Dans le doute, on allume une lampe dans la tente. Les coups de feu cessent. Ouf… Sauf que 10 minutes plus tard, un faisceau de lampe torche traverse notre tente. « Roh, p***, ils sont juste à côté !! » Illico presto, Jérémy enfile un pantalon et sort de la tente. Les chasseurs sont à 30 mètres…

Il va à leur rencontre en tentant un « Merabat. Euh.. don’t shoot us ». Ça les fait rigoler, ce qui signifie deux choses : ils baragouinent Anglais et ils ont de l’humour. Ils s’avèrent plutôt sympathiques. Jérémy leur indique la tente et la moto. Ils ne les avaient pas vu…Flippant. En échange, ils partagent des vidéos du sanglier agonisant. Pas terrible avant de se recoucher…

L’histoire n’est pas finie car le lendemain, nous sommes réveillés par un bus débarquant une vingtaine de randonneurs turcs. Bien évidemment, le départ de leur trek se fait au pied de l’église, littéralement à deux pas de notre campement… Autant te dire qu’en terme de sommeil récupérateur, on a connu mieux.

S'extasier (et rouler) sous les premières neiges

De retour au cœur de la Cappadoce avec des pneus au bout du rouleau

Il nous reste encore quelques sites à visiter tels que la vallée de l’amour. Rien de très romantique ici car ce délicat sobriquet provient de la présence pléthorique de formations phalliques. Bon d’accord, on peut aussi les qualifier de « cheminées de fée »pour employer un terme plus glamour. Ce qu’on adore ici ? Admirer l’empilement des différentes strates sédimentaires et s’amuser à retrouver la correspondance des strates d’un phallus à l’autre.

As-tu déjà vu la Cappadoce sous la neige ?

Finalement après plus de 20 jours d’attente, (dont presque deux semaines sans donner aucun signe de vie sur l’application de suivi) nos pneus daignent enfin arriver en Cappadoce… Youhou et soulagement ! La surprise ? Ils amènent avec eux des flocons. Recouverts d’un fin manteau blanc, les paysages gagnent en surréalisme. La neige accentue les singularités de ce relief déjà si particulier. Ce bichrome blanc et ocre est somptueux.

Notre exploration de la Cappadoce touche déjà à sa fin. Cette exploration hivernale nous aura permis de découvrir cette région magnifique avec très peu de touristes et ainsi de profiter pleinement de ses paysages si particuliers. Nos coups de coeur ? Sans aucun doute, notre rando dans les vallées rose et rouge, ainsi que le site de Zelve et ses centaines d’habitations troglodytes. Inoubliable !  Bonne route !!
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4 commentaires sur “Road-trip à moto en Turquie, Anatolie orientale et centrale (2/2)”

  1. Salut à tous les deux.
    Encore deux magnifiques étapes de votre voyage, et des photos superbes, avec bien sûr des péripéties en prime sinon ce ne serait pas drôle ! Le coup des chasseurs et du sanglier, c’est top !
    En revanche, avec le tremblement de terre des jours passés, ça doit être moins gai. on pense à vous, aux turcs, et aux syriens.

    1. Salut !
      Nous avons échappé à la catastrophe, à ce moment là nous étions en Géorgie (et nous le sommes toujours).
      Il y a eu quelques secousses mais rien de bien méchant.
      Bonne journée !

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