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Voyageuse en side-car Ural : Laurie, motarde fondatrice de Ride N’Be

    Qu’est ce qui pousse des personnes sensées à voyager en side-car ? Évidemment, la réponse est multiple ! Parce que chacun a ses raisons, nous donnons la parole à ces baroudeurs à 3 roues dans une série d’interviews. La première à se plier à l’exercice ? Laurie, une uraliste, aussi passionnée que déjantée. Bonne lecture !
    Salut Laurie ! Tout le monde te connaît dans la communauté Ural. Peux-tu te présenter et nous parler de ton rapport avec le side-car soviétique ?

    J’ai découvert l’Ural lors de mon 1er reportage de la série « Laurie Moto Club ». La destination était la Russie en Ural. A l’époque, si on m’avait demandé où j’aurais aimé aller, j’aurais répondu bien des destinations… Mais certainement pas en Russie et encore moins avec un engin à 3 roues que je ne pouvais pas qualifier de « moto » à l’époque. Résultat ? Je suis revenue amoureuse des deux : la Russie et l’Ural.

    Comme je suis de nature passionnée, à mon retour, j’ai acheté une Ural et j’ai imaginé des voyages en Russie pour partager cette découverte. Tout est né de ce déclic déclenché par ce que j’ai ressenti là-bas. La suite ? J’ai crée mon agence de voyage Ride N’Be spécialisée Russie et Ural.

    Pourquoi voyages-tu en side-car ? Comment en es-tu arrivée au trois-pattes ?

    J’ai découvert l’Ural en 2012. Étonnement, c’était la première moto – de ma jeune expérience de motarde – avec laquelle je me sentais le « pilote ». Il faut vraiment conduire la bête. Tu comprends ? C’était à l’opposé des bécanes « new generations » très aseptisées que j’ai pu essayer.

    Mais avec l’Ural, c’était un vrai combat. Ça m’a plu. Tu sais ce qu’on dit ? C’est bien souvent le copain le plus chiant que tu finis par garder. Quand c’est trop facile, la saveur n’est pas la même. Pour l’Ural c’était pareil. Oh oui, j’ai pu la pester bien des fois ! Mais son côté capricieux, c’est ce qui la rend est attachiante.

    Dis en nous plus sur Jeanette, ton Ural ?

    C’est un modèle de 2014 à carburateur (je voulais un modèle carbu !! ). Il a été préparé chez Dan du garage Est Motorcycle, récupérée chez Plo Bike et entretenu/bichonné à la maison, avec des conseils de Dan et aussi de Seb de Motoside Aventure à Valence.

    Voyageuse en sidecar ural - Laurie, fondatrice de Ride N'Be
    Peux-tu nous décrire un ou des voyages marquants en side-car (itinéraires, anecdotes..) ?

    Spontanément ce qui me vient en à l’esprit, c’est ma « première fois », celle qui marque le plus. Ça faisait à peine 2 heures que je roulais en Russie, en Ural et en side-car, pour la première fois…
    Le tableau ? Moscou par une froide journée d’octobre, un trafic complètement démentiel et une pluie battante. Avec tous ces véhicules défoncés sur la route, le gazole et l’huile qui repeignent la chaussée, les muscles crispés de ces 2 heures de route tendue… J’ai commis une petite erreur : gros coup de frein. Sur le tarmac huilé, la glissade est inévitable. Je finis dans le pare-choc arrière de la seule Mercedes de flic que je vois (jusqu’ici, ils étaient tous en Lada).
    Après 1 heure de discussion manifestement tendue (je ne parlais pas un mot de russe), assise dans la voiture coincée entre 2 flics russes, l’histoire s’est conclue avec un Bakchich de 200€. Plutôt mémorable comme première expérience, non ?

    Vinrent ensuite les longues lignes droites interminables jonchées de bouleaux, à rouler vers l’Est durant plusieurs jours, pour pousser aux portes de la Sibérie. Cette monotonie m’a complètement envoûtée.
    Puis je découvre la magie de l’ALTAÏ, avec ses paysages de montagne où règne une atmosphère si particulière. Un de ces lieux sur Terre où l’on se sent tout simplement bien, apaisé. Un vrai mystère plane dans cette région exceptionnellement belle.

    Ensuite ? J’ai également pu m’extasier sur le lac Baïkal, en hiver. C’était exactement à cette saison que je voulais le découvrir afin de rouler sur sa glace. Rêve réalisé. Non sans danger, il est important de très bien se renseigner avant de se lancer dans une telle aventure !

    Des sources chaudes jonchent le lac, des amas de glace se dressent face à vous sans aucune issue possible. La neige, présente jusqu’à mi-février, empêche tout déplacement sur le lac. Une courte fenêtre de mi-février à mi-mars permet d’y circuler, avec un bon guide (voir les vues satellite du lac l’hiver pour se rendre compte qu’en beaucoup d’endroits, il n’y a pas de glace formée : plouf et bye-bye).
    Enfin, j’ai pu découvrir quelque chose : l’Ural, fille du pays, est un générateur quotidien de rencontres avec les locaux.

    Quand tu pars en voyage en side-car, tout est préparé, planifié ou plutôt improvisé ?

    En Ural, je préfère baliser le terrain, d’une manière générale. Tout est question de timing et de portefeuille. Si tu as du temps et de l’argent, j’imagine que tu peux partir la fleur au fusil.
    Personnellement, j’ai des obligations professionnelles au quotidien. Alors quand je pars, c’est pour en profiter un max. Pour cela, une bonne organisation est la clé essentielle. Révision de la bête / repérage des tracés et des points de chutes. Ensuite, tu auras de toute façon ton lot de galère. Et tu devras improviser. Ça fait partie intégrante d’un voyage.

    Qu’emportes-tu dans tes sacs ? (matériel indispensable ou courant)

    J’ai ma liste élaborée depuis des années que je sors avant chaque départ. L’essentiel du pilote, en quantité minimale pour ne pas m’encombrer et un peu de multimédia (téléphone, go pro).
    Pour la moto ? La trousse à outils de base et de la pièce détachée : chambre à air, câble, capteur effet hall, bougies et pour les bricoles de la WD 40, colliers colson, fil de fer et scotch type chatterton.
    Et puis j’ai toujours avec moi quelques petits souvenirs de ma région bretonne que je donne ici et là au gré des rencontres.

    Tu es plutôt nuit en bivouac en pleine nature ou chambre confortable à l’hôtel ?

    L’hébergement que je préfère est, sans hésiter, la petite cabane en bois au milieu de l’Atlaï. Pour se laver, c’est bagna (sauna local) et rivière. Le must !!
    En Russie, des petites isbas de ce type, tu peux en trouver partout. Idem pour la bagna, c’est culturel. La toile de tente, c’est quand je voyage avec les copains. J’ai appris à ne pas utiliser ce type de « hébergement » en tant que femme voyageant seule.

    Le side-car est un véhicule atypique, l’Ural encore plus. Est-ce-que ça a déclenché des rencontres ou des moments particuliers ?

    Carrément ! L’Ural est un aimant à rencontre. Un véritable capteur de sympathie. Avec son look vintage, il fait resurgir les souvenirs passés des curieux assez âgés. Et pour les gosses ? Le panier devient très vite un tour de manège qu’ils apprécient particulièrement.

    Quels sont pour toi les avantages et inconvénients du side-car ?

    L’Ural est pratique pour son côté « fourre-tout ». Du chien au meuble à déplacer, ou aux moules à livrer aux copains : avec moi, tout y passe (à la russe).
    Tu peux même y atteler une remorque si tu veux en mettre d’avantage. J’ai d’ailleurs un souvenir mémorable d’une descente au bar avec une dizaine de copains, sur la moto et dans la remorque.

    Mais ce côté encombrant peut aussi avoir des désavantages selon l’itinéraire parcouru (monotrace impossible, bloqué dans les embouteillages.. ). L’Ural est un art de vivre, une philosophie un peu à part. Il faut en accepter tous les aspects.

    Avec Ride N’Be, ton agence de voyage, tu organises des voyages en Ural, notamment en Russie. Comment expliques-tu cet engouement pour le 3 pattes russe ? Comment est-il ancré dans l’imaginaire des gens ?
    La guerre en Ukraine a coupé court aux aventures russes. Avant tout le reste, et peu importe le côté de la frontière où ils se trouvent, j’espère pour tous mes amis qu’elle prendra fin bientôt. Du reste, je pense que c’est ce côté atypique, la curiosité, l’originalité de ces voyages qui amenaient les amoureux de nouvelles aventures à pousser la porte de ce pays au guidon d’un Ural.
    Avec quel véhicule fais-tu le repérage de tes voyages ?

    En Russie, c’était en Ural. Dans les autres pays, tels que la Géorgie, c’est avec le guidon que je trouve sur place. Pas difficile. Il me faut simplement une monture sur laquelle je puisse au moins toucher un bout du pied au sol.

    Un conseil pour ceux qui voudraient tenter une aventure en side-car ? Ou à ceux qui hésitent à franchir le pas ?

    Tout d’abord, tester l’Ural !! Que ça soit à travers un stage (je pense à Classic Bike Esprit à St-Rémy ou à Side’s cool) ou avec un copain (qui n’a pas peur que tu lui plantes dans un arbre). C’est la base. Et ça te permettra de savoir si ça te plaît ou non. Ensuite, il faut prendre le temps de dompter la monture.
    Et enfin, ne jamais acquérir la confiance aveugle : le premier virage te rappellera à quel point il faut toujours rester vigilant avec cet engin terrible. Humilité je te dis !

    Un grand merci à Laurie !! Bon, je crois que tu l’auras compris, dans son cas, l’attachement au trois-pattes est véritable un coup foudre ! Une double passion pour la Russie et l’Ural qu’un voyage aura suffit à déclencher. Mais qu’en est-il des autres sidecaristes ? Cet amour du trois-pattes est-il tout aussi impalpable ? Bonne route à toi !!
    >> Je veux lire les autres interviews de voyageurs.

    1 commentaire pour “Voyageuse en side-car Ural : Laurie, motarde fondatrice de Ride N’Be”

    1. Salut vous deux,
      Comme les autres, interview très intéressante. C’est toujours sympa de savoir ce qui a amené les gens à partir comme ça en Ural.
      Et vous, vous êtes où en ce moment ?

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