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Voyageuse en side-car MOTO GUZZI + panier Black Pearl : Romane et sa chienne Neska


    Qu’est ce qui pousse des personnes sensées à voyager en side-car ?
    Évidemment, la réponse est multiple ! Parce que chacun a ses raisons, nous donnons la parole à ces baroudeurs à 3 roues dans une série d’interviews.
    Cette fois-ci, nous découvrons Romane et sa chienne Neska parties pour un tour d’Europe de 3 mois en side-car Moto Guzzi + panier black Pearl (alternative side-car). Bonne lecture !
    Salut Romane ! L’été dernier, tu es partie avec ta chienne Neska pour 3 mois de voyage. Peux-tu te présenter rapidement, puis expliquer le but et l’itinéraire de ce road-trip ?

    Bonjour ! Dans le monde de la moto depuis toute petite, j’ai passé le permis en 2019. Ce voyage représentait pour moi la poursuite d’un rêve fait très jeune : un voyage en solitaire accompagné de ma fidèle compagne à 4 pattes.

    Ce rêve m’est revenu durant une période de ma vie où beaucoup de choses me semblaient floues. Une sensation de formatage, par des études et un environnement dont j’avais toujours pris le pli, me pesait. J’avais besoin de savoir ce qui m’animait réellement, et comment me sentir utile. J’ai souhaité vivre cette aventure seule pour me permettre d’appréhender toute l’intensité d’une telle expérience.

    Romane et sa chienne Neska, Voyageuses en sidecar Moto Guzzi et panier Black Pearl - URALISTAN
    Le vieux continent, de l’Italie à la Grèce en passant par les Balkans, puis la Bulgarie, la belle Roumanie et finalement la Hongrie, puis la Slovénie, l’Autriche et ses splendides Alpes, le petit Liechtenstein et enfin la Suisse, ont été mon parcours, certes petit mais suffisant pour ce que j’étais venue chercher.
    Pourquoi as-tu voyagé en side-car ? Comment en es-tu arrivée au trois-pattes ?

    En ce qui me concerne, je n’ai pas fait preuve d’originalité car je suis presque née dans un side-car ! J’ai passé l’intégralité des vacances de mon enfance assise dans un tel attelage, aux côtés de ma soeur jumelle, le vent dans le casque et le vombrissement du Vmax de papa dans les oreilles.

    Malgré tout, la décision de partir en side-car n’est pas venue naturellement. Souhaitant d’ailleurs initialement éviter à tout prix de délaisser le solo pour partir avec un trois roues, qui avait pourtant de solides arguments au regard des paramètres de mon voyage. Sans doute intimidée par la conduite très particulière pouvant être piégeuse mais également par la peur de perdre en « agilité » et en polyvalence. Des idées qui, avec le recul, se sont avérées bien infondées ! Et c’est finalement pour le confort de ma chère Neska que j’ai passé le pas.

    Peux-tu nous en dire plus sur ton side-car et les adaptations apportées pour ce voyage ?

    Je souhaitais un side-car léger, la puissance ne m’importait pas. Après tout, l’idée que je m’étais faite de mon voyage ne collait pas vraiment avec une course contre la montre ! J’étais donc focalisée sur trois points, la maniabilité, la largeur de la bête et ma capacité à réparer les pannes les plus courantes.
    Ce petit side-car cochait toutes les cases. Un petit modèle, ultra maniable, en roues de moto et relativement accessible pour les pannes les plus banales.

    J’ai apporté des modifications de « confort » pour ma chienne Neska en isolant le panier phoniquement avec de la mousse d’isolation acoustique pour les moteurs de bateaux qu’un copain m’a gentiment donné. J’ai également bricolé une attache pour pouvoir assurer sa sécurité tout en lui laissant de la liberté de mouvement.

    Avec l’aide de mes parents, nous avons réalisé nous même une bâche pour pouvoir couvrir le side-car en cas de besoin. Enfin, un copain m’a aussi adapté un support de top-case pour que je puisse avoir un rangement rapidement accessible plus volumineux que ceux compatibles avec le modèle V7.

    Romane, avais-tu déjà piloté un side-car avant ? Comment as-tu pris en main cette monture atypique ? Et comment as-tu habitué ton chien aux trajets en sidecar ?

    Malgré avoir baigné dans un monde où je côtoyais de nombreux side-car, je n’avais paradoxalement jamais essayé d’en piloter un. Je remercie mon papa, qui m’a largement initié à sa conduite, m’entraînant sur un parking aux sensations du freinage et accélération brusques. Mais également à gérer une éventuelle levée de la roue du side. Après quelques frayeurs où je me suis beaucoup remise en question quant à ma capacité à le conduire, j’ai finalement apprivoisé mon petit attelage au fil des kms de mon voyage.

    Neska a pu compter sur l’aide de mon compagnon, qui a courageusement (c’est le mot !) pris place avec elle pour l’accompagner sur les premières sorties. L’idée étant qu’elle associe le side à un bon moment, elle avait le droit régulièrement à quelques gourmandises pendant le trajet et chaque sortie était synonyme de balades, de rencontres avec d’autres chiens… En quelques « séances », elle était déjà plus sereine. Au bout de quelques semaines, je n’avais même plus besoin de lui demander de monter dans le side ; dès qu’elle me voyait enfiler veste et casque, elle sautait dedans, prête à partir !

    Sur quel type de route as-tu roulé ? Route, tout-terrain ?
    Je n’ai quasiment roulé que sur route, même s’il m’est arrivé de faire du vrai chemin, le V7 n’est pas vraiment prévu pour ça et c’est peut-être le seul reproche que j’ai à lui faire !
    Après tous ces kilomètres, quelles sont les adaptations dont tu es contente et celles que tu changerais ?

    Le support et le top-case se sont avérés essentiels, tout comme la bâche. Cependant, je dois apporter à celle-ci quelques modifications techniques pour qu’elle puisse me servir encore longtemps. Même si je n’ai eu aucune crevaison, passer en jantes tubeless serait un gros avantage pour un voyage plus lointain. Il faut aussi que je pense à recouvrir la mousse phonique, qui peut rapidement devenir une véritable éponge en cas d’averse surprise !
    Pourquoi pas bricoler aussi un support pour pouvoir avoir un peu d’essence de secours ?

    Voyager avec son chien est quelque chose d’assez peu courant. Est-ce que ça a posé des problèmes, notamment aux passages de frontières ? Est-ce-que ça a déclenché des rencontres singulières ?

    Le passage des frontières s’est fait sans encombre, bien au contraire. Je dirais même que Neska m’a bien facilité les choses, et a même été à l’origine de rencontres sympathiques. Les douaniers m’ont parfois demandé une photo, ou sont tous sortis de leur bureau pour venir discuter et voir cet attelage bien atypique dans leur pays. Seuls des chiens errants en meute à l’approche de la frontière albanaise ont rendu le passage un peu plus folklo !

    Neska a été un réel aimant à rencontres, prêtant gentiment sa tête pour une caresse, allant parfois d’elle-même en réclamer une, elle effaçait en quelques secondes, la distance pudique que deux inconnus n’osent pas toujours franchir.

    Peux-tu nous décrire des moments marquants liés au side-car (itinéraires, anecdotes..) ?

    Lors de mon passage à Alexandrie en Italie, je souhaitais visiter la fameuse citadelle en étoile portant le même nom. Je suis arrivée au milieu de 20 ou 30 autres Moto Guzzi et leur propriétaire. Il s’agissait du Moto club Guzzi de Cuneo. Les Italiens ne voyant que rarement des side à cause d’une législation complexe et coûteuse, ils furent tout de suite enthousiastes et curieux, multipliant les photos de Neska dans son carrosse et posant mille questions. Je fût conviée à partager la fin de leur repas et l’un d’eux, mécano spécialisé dans la marque, m’a gentiment donné son numéro en cas de pépin. De belles rencontres !

    La seconde anecdote qui me vient en tête s’est déroulée en Grèce. Souhaitant aller dans les Cyclades sans mon side-car, j’ai réussi à lui trouver une place, après avoir contacté le club Guzzi d’Athènes, dans le garage du très gentil Nikolaos. À peine rentrée chez lui, voilà mon sympathique motard grec mettre sur cale mon petit side et sortir clés et outils. Étonnée, j’ai d’abord pensé qu’il avait dû entendre un bruit suspect. Je le regarde donc commencer à dévisser les premières vis, désolidarisant le side de la moto. Un peu surprise, je me permets quand même de lui demander si quelque chose l’avait interpelé pour qu’il souhaite prendre les outils immédiatement.

    Les grecques étant encore moins familiers des side-cars que les Italiens, il avait tout simplement compris que je souhaitais laisser dans son garage uniquement le panier et non la moto. Pour eux, le terme « side-car » n’inclue pas la moto. Une belle incompréhension qui nous a beaucoup fait rire !

    Quelles difficultés as-tu rencontrées lors de ce voyage ?

    La principale difficulté que j’ai eu à gérer concerne l’aspect très atypique du side-car, on ne passe pas inaperçu et je n’étais pas toujours à l’aise avec cette particularité. Notamment en Albanie, pays des Balkans, où pauvreté et mafia se côtoient dans une ambiance parfois étrange. Arriver en tant que jeune femme, voyageant seule en moto n’a pas toujours été évident à appréhender, tous les regards se portant sur vous. Pour autant, les albanais que j’ai pu rencontrer ont fait preuve de beaucoup de gentillesse et d’un bel accueil !

    Le fait de ne pas me sentir à ma place émanait donc de l’image que je pouvais renvoyer et avec laquelle je n’étais pas forcément à l’aise. Même si je n’affichais aucun objet de valeur, avoir le luxe de pouvoir librement voyager et être propriétaire d’un side-car si jeune, suffisait à contraster avec les conditions de ces hommes et de ces femmes, travaillant très durement et dont la nature des rêves devait revêtir une essentialité que peu d’occidentaux peuvent encore palper.

    Nos rêves et désirs m’ont semblé tellement éloignés, comme s’ils étaient passés dans une autre dimension. Ce fût une belle leçon de vie, comprendre que nous avons le luxe de désirer des choses incroyablement légères et fantaisistes est un premier pas vers un peu plus de sagesse et de lucidité.

    Qu’as tu emporté dans ton sac ? (matos indispensable ou courant, chose inutile après coup)

    J’ai emmené de quoi être autonome lors de mes nuits et soirées, c’est-à-dire tout mon matériel de camping, mais également un réchaud et le minimum pour pouvoir cuisiner. C’était vraiment indispensable pour moi qui privilégiais autant que possible le camping. J’avais également une grande partie de mon matos dédiés aux outils de bases, clés, booster et autres Colson et bougies. Je n’ai eu que peu de choses qui se sont avérées inutiles car j’avais beaucoup travaillé sur ma liste, avec quelques conseils avisés d’autres baroudeurs à moto. Peut-être quelques livres en trop, les rencontres faites en cours de route occupant le plus clair de mon temps.

    Es-tu plutôt nuit en bivouac en pleine nature ou chambre confortable à l’hôtel ?

    J’ai fait énormément de camping, surtout dans le but de faire des rencontres pour couper avec la solitude de mon voyage. Après une grosse frayeur lors d’une nuit sous tente en Croatie où j’ai failli perdre Neska, effrayée par des vents à plus de 90kmh, alors que j’étais situé entre la côte d’une mer Adriatique déchaînée et une interminable étendue de maquis. Ma valeureuse tente quant à elle, a tenue le coup, solidement harnachée à un arbre et au side-car, malgré l’ensemble des sardines arrachées et des arceaux mis à rude épreuve. À partir de ce moment, je me suis promise de prêter plus attentivement attention à la météo et de privilégier un couchage en dur lorsque celle-ci ne présageait rien de bon. Je préférais alors les auberges de jeunesse que les hôtels plus classiques pour favoriser les rencontres.

    Le side-car est un véhicule atypique. Est-ce-que ça a déclenché des rencontres ou des moments particuliers ?

    Je pense que le side-car peut dans un premier temps, intimider certaines personnes. Pour autant, il attise également la curiosité, et il suffit d’utiliser la mimique universelle qu’est le sourire, pour lever cette timidité et enclencher une discussion, une rencontre.

    Quels sont pour toi les avantages et les inconvénients du side-car ? Avais-tu envisagé d’adapter une moto pour voyager avec ton chien ?

    Le side-car présente le gros avantage de permettre d’emmener pas mal d’affaires et donc moins se restreindre dans les choix initiaux. Il est également nettement plus stable sur ses trois roues, et lors d’un voyage en solitaire, ce paramètre n’est pas négligeable. Fini les risques de chutes à l’arrêt, et le relevage sportif et pas toujours possible de la moto.

    Le principal inconvénient reste sa conduite, qui est assez énergivore, demandant une attention et une participation physique plus importantes qu’en moto.
    J’avais initialement envisagé d’adapter une moto pour ma chienne, ayant eu une Royal Enfield Himalayan mais le risque encouru pour elle en cas de chute et le manque de place m’ont rapidement fait abandonner l’idée.

    Un conseil pour ceux qui voudraient tenter une aventure en side-car ? Ou à ceux qui hésitent à franchir le pas ?

    Le side-car est un véhicule atypique, peu connu en dehors de nos frontières, qui attirera forcément le regard. Vous ne pourrez pas vous fondre dans le paysage avec un tel attelage. Si cela peut avoir quelques points négatifs, il permet également certaines rencontres. L’amusement que le side-car peut parfois provoquer va souvent engendrer une bienveillance étonnante.

    Je pense qu’il est nécessaire d’aller essayer un side-car avec quelqu’un d’expérimenté, avant d’envisager un achat. S’habituer à sa conduite, aux principes clés permettant de le gérer est pour moi primordial. On pourra alors savourer à 100% un voyage au guidon de cet attachant petit attelage.

    Un grand merci à Romane et Neska pour ce fantastique récit d’aventure. Audacieuses et baroudeuses, nous avons pris un réel plaisir à découvrir ce duo insolite. Tu as aimé cette interview ? Alors, tu risques fort d’apprécier la prochaine : BZK Trail, une formidable odyssée entre cousins en Triumph attelée. Bonne route à toi !
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    2 commentaires sur “Voyageuse en side-car MOTO GUZZI + panier Black Pearl : Romane et sa chienne Neska”

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