Le Monténégro, c’est 60% du territoire situé à plus de 1000m d’altitude et plus de 60% de surface forestière. On ne le nomme pas « Crna gora » ou Mont noir pour rien ! Mais c’est aussi une côte méditerranéenne avec ses cités médiévales. Pour notre plus grand bonheur, chaque facette de ce pays est splendide. Dans l’article précédent, nous t’emmenions du parc national du Durmitor jusqu’à quelques kilomètres de la côte adriatique. Où va t-on aujourd’hui ? Nous roulons des bouches de Kotor au parc national de Biogradska Gora en longeant la côte adriatique puis le lac de Skadra. Bonne lecture !
Des bouches de Kotor au parc national du Lovćen
Les bouches de Kotor, un fjord majestueux
Nous espérions du grandiose. Nous n’avons pas été déçus !! Arrivant du nord par les montagnes, nous contemplons avec émerveillement le fjord se dessiner au loin. Le spectacle ? Une sublime avancée de l’adriatique dans les terres entourée de montagnes copieusement boisées. Une sorte d’aber breton, les degrés en plus. L’eau y est transparente, les effluves iodées sont un régal pour nos récepteurs olfactifs en alerte. Quel pied !!
Herceg Novi et la péninsule de Luštica
Nous longeons la baie sur une route bordant l’eau. Ici et là, des petits ports de pêche. Nous atteignons maintenant Herceg Novi. Ce qu’on adore ici ? Les centaines d’escaliers, les plantes méditerranéennes et surtout le charme de la vieille ville. Splendide ! Une traversée en bac et nous voilà de l’autre côté de la baie !! Cet épisode aquatique a l’avantage d’offrir un autre regard sur le fjord. Le soleil n’est pas avare en photons. Il fait 31 degrés alors nous nous mettons en quête d’un spot de bivouac à l’ombre et à côté d’une plage.
Sais-tu comment avons-nous fait pour dénicher ce petit coin où poser la tente ? Nous utilisons iOverlander ! Cette application permet de partager ses bons plans bivouac. C’est sur la péninsule de Luštica que nous découvrons une pinède en bord de plage, isolée de tout, quasiment au pied de la forteresse Arza. Le spot de rêve !! On y reste même deux nuits !
Kotor, superbe ville fortifiée
Ce merveilleux aber balkanique tient son nom d’une magnifique cité médiévale construite au pied des montagnes. Elle est devenue une ville très touristique. Ce qu’on adore ? Flâner au gré des venelles pavées entre les somptueuses bâtisses en pierre. Ce labyrinthe minéral fait la belle place aux chats avec son lot de statuettes, magnets et souvenirs à l’effigie du quadrupède poilu. Mais pourquoi diantre une telle passion pour Félix ? Et bien, l’explication prend ses origines à l’époque de la peste noire. Le chat fut alors un fervent combattant du rongeur porteur de la maladie. Honorable !!
Une tombe au sommet des montagnes
Notre prochaine destination ? Le mausolée de Njegoš et pour y aller rien de mieux qu’une belle route à virolos : la fameuse Serpentine ! Ainsi, en quittant Kotor, nous partons à l’assaut des montagnes sur une route panoramique ondulant au rythme des virages en épingles. Le top ? Chacun de ces lacets offre un belvédère génial sur le fjord monténégrin. Absolument magique !!
Puis à force de pente à 11%, nous atteignons le monastère de Petar II Petrovic-Njegos, au sommet du pic Jezerski. Alors, comment décrire ce lieu si spécial ? Et bien, on est quand même sur un bon délire mégalomane. Il faut préciser que cet homme n’était pas n’importe qui ! Prince-évêque du Monténégro, poète et philosophe, ses œuvres sont considérées comme les plus éminentes de la littérature monténégrine et serbe. C’est en son honneur que le gouvernement monténégrin a fait construire ce mausolée à l’architecture socialiste réaliste, à grand renfort de marbre. La majesté du lieu consiste surtout en la vue magistrale sur le parc national du Lovćen. Les montagnes en premier plan avec les bouches de Kotor en toile de fond. Feu Njegoš n’en profite pas beaucoup, mais nous oui, alors on lui doit bien ça.
Les cités médiévales de la côte adriatique
Budva, une cité médiévale au cœur d’une cité balnéaire de béton
Nous tombons nez à nez avec ces centaines de milliers de m3 de béton après avoir roulé en pleine nature, entre forêt et panorama montagneux. Ça fait un choc ! Les barres et les tours siégeant au pied des montagnes en bord de mer, semblent complètement sorties de nulle part. En pénétrant dans la ville, nous croisons des palmiers, de gros buildings, des gens en maillot de bain, dans une atmosphère ultra-touristique de cité balnéaire. C’est le concours de celui qui aura son balcon avec vue sur la mer ! Bon bah, il y en a qui ont perdu. Le lot de consolation ? Un magnifique vis-à-vis avec le balcon de l’immeuble d’en face…perdant lui aussi…
Mais, il y a un mais ? Dès lors que nous entrons dans le centre historique, c’est une tout autre histoire. Dans la vieille ville ceinte de fortifications, nous découvrons un labyrinthe de ruelles pavées bordées par de jolis bâtiments en pierre aux toits orangés. Le truc insolite qu’on adore ? Le quartier possède quelques belles plages de galets auxquelles on accède par de petites portes dans les remparts. C’est génial !!
Superbe vue sur Sveti Stefan avant de faire une halte à Bar
Sveti Stefan est un ancien village de pêcheurs perché sur son rocher. Aujourd’hui privatisée, cette presqu’île est devenue un complexe hôtelier. Bar, un nom plutôt évocateur, non ? Cette ville mêlant station balnéaire et port de pêche n’a pas un charme fou mais abrite une pépite : son quartier historique. Tout à fait en surplomb, Stari Bar est ceint de remparts en pierre noircie par le temps. À l’intérieur ? On peut admirer une tour de l’horloge, les vestiges d’un monastère, les fondations d’une cathédrale et plusieurs vieilles maisons.
Nous continuons à longer l’Adriatique jusqu’à Ulcinj
Une autre ville fortifiée en bord de mer ? Oui ! Mais celle-ci est bâtie sur un promontoire rocheux dominant la mer. Les panoramas depuis la forteresse sont juste géniaux ! Et puis, on aime aussi beaucoup toutes ces ruelles étroites pavées et pentues à souhait. Un vrai labyrinthe de pierres dans lequel on prend plaisir à se perdre dès lors que les mollets sont en forme !
Les parcs nationaux de Skadar et de Biogradska gora, en passant par la capitale
Skadar, un lac lové entre montagnes monténégrines et albanaises
Nous mettons ensuite cap au nord sur la M1 puis la R15. Ça grimpe et ça serpente offrant des points de vue géniaux. Arrivés au sommet, c’est l’apothéose ! Le spectacle est incroyable. Que voit-on exactement ? Un belvédère judicieusement placé offre un panorama unique sur le lac de Skadar, survolé par un orage. Nous observons les nuages gris lentement se mouvoir alors que nous dégustons un combo saucisson/pain/fromage. Parfait ! De l’autre côté du lac ? C’est Koplik en Albanie. A peine a t-on le temps d’atteindre le petit port de pêche de Ckla que l’orage nous rattrape. La drache tombe, nous nous réfugions au café le plus proche.
Une route panoramique nous téléporte en Norvège
Nous attaquons ensuite la route panoramique 3 qui serpente à flanc de montagne. Le terme panoramique revêt un sens assez particulier car on ne voit pas à 500m… Vers Godinje, les paysages ressemblent étrangement à des contrées scandinaves. Les archipels montagneux ont de sérieux airs de fjords norvégiens. Le pont reliant deux îlots de terre finit de compléter le tableau : sommes-nous aux îles Lofoten ? En redescendant, nous subissons une autre drache d’anthologie. Une bonne pluie d’orage au débit équivalent à un seau d’eau par minute sur le coin de la tronche. N’étant pas friands de moto subaquatique, nous écoutons l’orage dans un bar. Rapidement, nous sommes rejoints dans notre activité contemplative par un groupe de motards hongrois, puis par 3 motards tchèques.
Podgorica, une capitale qui ne marque pas
Le routard décrit la capitale comme « une ville sans charme ». Alors qu’en est-il ? Et bien, force est de constater que c’est partiellement vrai. Après avoir été presque complètement détruit durant la seconde guerre mondiale, le centre a été reconstruit telle une ville neuve avec des rues parfaitement géométriques et des immeubles assez austères. Cependant si on oublie ce décor un peu terne, Podgorica est une ville où il fait bon vivre avec pléthores de bars, restos, parcs, etc… Et puis les monténégrins sont souriants ! Ça suffit à transformer l’atmosphère de cette capitale.
Notre quartier favori ? Stara Varoš. Situé au sud du centre reconstruit, il ne semble pas avoir subi les affres de la guerre. En arpentant les ruelles aux courbes étonnantes, on découvre alors une mosquée, une tour de l’horloge ainsi que des petites maisons aux jardins abritant vignes et figuiers.
Tu sais qu’il y a une plage ici ? Ouais, bon, on exagère un peu, ce n’est pas vraiment une plage comme on l’imagine. Mais à la confluence de la Morača et de la Ribnica, on trouve des vestiges de constructions en pierres avec notamment un pont et surtout un spot super agréable pour boire une bière au bord de l’eau en fin de journée.
Forêt primaire ? Vous avez dit forêt primaire ?
Notre besoin de nature se faisant pressant, nous partons nous isoler 3 jours dans le parc national Biogradska Gora. Au programme ? Randonnée dans les montagnes, mots-croisés au bord du lac, exploration de la nature attenante et dégustation de truite fraîche. En même temps, à 5€ la nuit en camping, on aurait tort de s’en priver.
Pour info, il ne reste que trois forêts primaires en Europe. Et ce parc en est une. C’est incroyable ! Mais de quoi parle t-on exactement ? Aussi appelée forêt vierge, elle pu atteindre un certain âge sans aucune perturbation humaine, abritant ainsi une richesse écologique unique. Et c’est exactement ce qu’on adore ici : la faune surabondante. Crapauds, serpents, oiseaux, ils sont partout ! C’est génial. Niveau flore, c’est pas mal non plus avec un paquet d’espèces endémiques et des arbres dépassant les 40 mètres.
La nuit en tente ? Un délice pour les oreilles ! Une délicate symphonie de , hululements et de cris d’oiseaux plus ou moins flippants. Un bruit en particulier nous intrigue. Comme des gouttes d’eau qui tombent ici et là. Quésaco ? Après avoir interrogé un garde forestier, on comprend enfin. Ce sont en fait des rongeurs arboricoles qui, 25 mètres au dessus de nos têtes, se régalent de fruits à coques dont on se reçoit les restes. Le truc marrant ? Cette sorte de loir monténégrin est un peu pataud, voire carrément maladroit. Ainsi, il n’est pas rare qu’au milieu de la nuit, on entende le rongeur dégringoler depuis la canopée.