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Voyage au Kazakhstan en side-car, visite de l’usine Ural (2/2) et traversée de l’Altaï Russe

    Lors de la préparation de notre périple en 2020, une chose était sûre : nous visiterons l’usine Ural d’Irbit en Russie. Sauf que ? Le contexte géo-politique en a décidé autrement… Cependant, en Juillet 2022, l’assemblage de nos trois pattes préférés est délocalisé au Kazakhstan. Ne ferait-on pas un crochet de 2000km pour découvrir comment sont montés nos side-cars ? La décision fut facile à prendre. Dans cet article, nous te racontons notre visite de l’usine IMZ Kazakhstan, les longues heures sur les routes rectilignes kazakhes ainsi que la traversée grandiose de l’Altaï en Russie. Bonne lecture !

    Notre visite de l'usine Ural Kazakhstan

    Un superbe accueil et la découverte de l’usine d’assemblage de side-cars Ural

    Fraîchement débarqués à Petropavlovsk, c’est Sergeï, le directeur commercial en personne qui vient nous chercher à notre hôtel. Tu te rends compte ? Nous sommes traités comme des VIP malgré notre hygiène douteuse après une semaine de bivouac ! Une fois dans son bureau, nous échangeons longuement sur la marque Ural, le processus d’assemblage, la délocalisation au Kazakhstan, etc… Et oui, pour ton information, l’usine de fabrication des side-cars soviétiques est historiquement à Irbit, en Sibérie. Mais à cause du conflit russo-ukrainien et des sanctions induites sur les exports, une partie de l’activité de l’usine a dû déménager au Kazakhstan. Ainsi, les cadres, les paniers et la tôlerie sont encore réalisés en Russie alors que Sergeï et ses ouvriers se consacrent à l’assemblage puis l’expédition. Mais au fait, où sont les ouvriers ? « Ils sont en congés pour encore 2 semaines », nous répond notre hôte. La poisse !! On ne verra pas l’assemblage en live…

    Il nous demande ensuite: « qu’y a t-il à faire sur votre moto ? » Alors, nous lui faisons la liste exhaustive :

    • Monter un volant moteur neuf
    • Remplacer les croisillons de cardans côté panier
    • Changer le roulement de colonne
    • Changer les pneus

    « Ok, demain, 2 ouvriers viendront faire ça ». Bon alors, avec Google Translate, nous ne sommes jamais sûrs de tout bien comprendre…

    Une cure de jouvence pour notre side-car Ural

    Le lendemain, 10h, à l’usine. Qui rencontrons nous ? Alexeï et Yerlan qui vont bichonner Gobi pendant 2 jours. Oui, oui ! Nous n’aurons même pas à mettre les mains dans le cambouis, pour une fois… Tu sais ce qui est génial ? Déjà, les gars font un boulot extra. En plus des réparations prévues, ils vérifient aussi le serrage de tous les écrous, le jeu aux soupapes et résolvent des problèmes dont on ne s’était même pas rendu-compte.. Une vraie remise à neuf !

    Ensuite, ces opérations sont l’occasion pour nous de découvrir les différents ateliers de l’usine. Montage moteur, contrôle qualité, rayonnage des jantes, etc… Alors à défaut de voir des Urals neufs se faire assembler, on a vu le nôtre se faire démonter, chouchouter et remonter. Pas si mal, non ?

    Assembler un side-car Ural relève du puzzle mécanique

    Durant ces deux jours, nous explorons à notre guise cette usine d’assemblage. On comprend ainsi qu’à Petropavlosk, les ouvriers jouent toute la journée à reconstituer un puzzle mécanique de plus de 2000 pièces. Nous réalisons aussi que tout est très artisanal. Il n’y a aucun robot. Seulement des outils actionnés par la main de l’homme. Yerlan assemble les moteurs, Alexei les intègre sur le cadre, Zhenya monte les colonnes de direction, et ainsi de suite… Et c’est ainsi que 30 personnes assemblent 1200 side-cars à l’année. Une production minimaliste et non-industrielle.

    Une fois Gobi de retour sur ces trois pattes, nous le regardons différemment. « C’est pour ça que tu es capricieux ? Que tu as un esprit espiègle ? ». Chaque Alexeï, chaque Zhenya et chaque Yerlan ont mis un peu d’eux-même dans notre fidèle destrier. Une sorte d’œuvre collective et humaine dont on pardonnera maintenant plus facilement les petits aléas.

    En route vers l'Est à destination de la Mongolie !

    Bwrabay, une oasis montagneuse dans la platitude kazakhe

    Nous mettons maintenant cap sur Astana. On ne va pas se mentir : la platitude des paysages commence à nous lasser. Nous ne sommes maintenant plus cernés par des steppes mais par d’immenses champs de blé délimités par de hautes haies de bouleaux. Contempler les rapaces et observer les machines agricoles est une activité dont nous avons vite fait le tour… Alors 3 000 bornes comme ça, tu imagines !

    Fait étonnant ? Les décors changent radicalement à Bwrabay. De denses forêts font leur apparition, et surtout, des montagnes ! Oui, oui, des montagnes ! Cette micro-région au relief accidenté dénote avec la platitude des paysages auquel le pays nous avait habitué. Nous bivouaquons au bord d’un lac aux rives sableuses entouré de sommets rocheux complètement peuplés de sapins. Tu n’imagines pas quel bien ça nous fait de changer d’environnement ! Le décalage est d’autant plus important que ce lieu est très prisé des campeurs. Nous ne sommes plus les seuls êtres étranges à apprécier dormir en tente. Ça change !

    Non loin de là, nous découvrons aussi des habitations traditionnelles pour le moins étranges. Semi-enterrées, ces maisonnettes datant de la préhistoire, disposent d’un toit en dôme constitué de rondins de bois empilés recouverts de terre. Super étonnant !

    L’Ural et son capital sympathie à son paroxysme

    La suite du programme ? Rouler, discuter, bivouaquer. Nous enchaînons ainsi les kilomètres sur ces routes droites atteignant l’horizon. Absolument chaque pause café, essence ou repas donne lieu à des rencontres. Étrangement, c’est au Kazakhstan, que l’Ural a le plus la côte. Pourquoi c’est étonnant ? Nous pensions qu’il ferait davantage fureur en Russie, sa mère patrie. Pour l’anecdote, des locaux nous ont même offert des chocolats à une station essence, des gants de moto lors d’un déjeuner, un goodie kazakh ! Leur bienveillance et leur gentillesse n’est pas sans nous rappeler celles dont font preuve les turcs.

    Quid des bivouacs ? Parfaits. Chaque nuit offre son lot de rencontres avec des locaux curieux dont la seule préoccupation est que nous ne souffrions pas du froid durant la nuit. Nous dormons sereinement car nous savons pertinemment que personne ne viendra nous déloger. Et accessoirement, la nature nous offre un niveau de détails incroyable sur les constellations qui nous surplombent.

    Notre traversée de l'Ataï russe en side-car Ural

    Bienvenus en Sibérie

    A l’est de Pavlodar, la traversée du minuscule poste frontière kazakho-russe se déroule dans la bonne humeur entre sourires et blagues. En une heure seulement, la paperasse est bouclée ! Record battu ! En route vers Barnaoul, nous n’avons toujours pas quitté les paysages plats monotones. Puis, vers Biisk, les forêts sibériennes font leur apparition mêlant sapins et bouleaux. Nous profitons à nouveau des beauté de la nature environnante. C’est fou de se dire que nous roulons en Sibérie ! La saison estivale n’a pas encore débuté mais nous dégotons un camping sous les arbres au bord de la rivière Katoun. Magique ! Déguster notre bière les pieds dans le sable au bord de l’eau, avec cette vue magnifique sur les montagnes, c’est l’extase ! Nous y restons deux nuits pour nous reposer de notre marathon kazakh. Puis, il est temps de repartir sur la célèbre Tchouïski Trakt (route) traversant l’Altaï jusqu’à la frontière mongole.

    Une rencontre avec un motard français au sommet

    Petite pause sur le col de Seminski pour enfiler nos doublures. Il fait seulement 1°C ce qui explique pourquoi nous sommes un peu frigorifiés. Une BMW GS s’arrête à notre niveau. Un bordelais, ici ? Et oui, nous rencontrons un motard du 33 au fin fond de la Russie. Super échange autour du voyage et surtout de la conception que chacun s’en fait. Lui, il prend plaisir à avaler les bornes, enchaîner les virolos et tracer (12 000km parcourus en 1 mois). En ce qui nous concerne, nous avons mis un an à arriver ici à 70km/h comme allure idéale (pour l’Ural surtout). Bref, ce sont deux visions opposées du voyage à moto.

    Fractures de la rétine en série sur la Tchouïski Trakt

    La suite ? Grandiose, magique, spectaculaire, voilà nos premières impressions. Nous en prenons plein nos mirettes. Vallées peuplées de chevaux et de bovins, sublimes montagnes tantôt vertes ou dorées, forêts de sapin ou décors rocailleux aux sommets acérés… Mais comment mère nature se débrouille t-elle pour faire cohabiter tous ces paysages dans cette petite république de l’Altaï ? Il faut que nous potassions des bouquins de géologie. Toujours est-il que rouler ici nous remémore vraiment nos aventures au Ladakh en Royal Enfield. De beaux souvenirs !

    Nous plantons la tente au Yaloman Camp lové dans un méandre de la rivière Tchouïa qui nous accompagne le long de cette route sublime. Une nuit frisquette mais un décor de rêve. Cap au sud-est. Nous longeons les courbes du cours d’eau. Ces grands espaces sont un vrai régal ! Autant le Kazakhstan pouvait être monotone, autant l’Altaï offre un panorama différent après chaque virage.

    Nous passons notre dernière nuit en Russie sous la tente à Koch-Agatch, avec un thermomètre frôlant le 0°C. Heureusement la famille chez qui nous logeons à installé une yourte commune avec un poêle. Le garçon (12-13 ans) de la famille baragouinant trois ou quatre mots d’anglais est adorable. Il nous prépare le feu, nous propose du thé, tente de nous poser des questions, nous prête des ustensiles pour cuisiner,… Au petit matin, nous faisons un heureux. Il était très curieux du side-car. Il a donc eu droit à un petit tour dans le panier et une photo imprimée de lui sur l’Ural. Son sourire s’étire jusqu’aux oreilles !

    Prochaine étape de notre périple ? La Mongolie. Un moment que nous attendons avec impatience depuis des mois, voire des années. Un mois d’aventures au pays des yourtes, des Urgaas et des éleveurs nomades. Attention spoiler : c’était Incroyable !! Bonne route à toi !
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    4 commentaires sur “Voyage au Kazakhstan en side-car, visite de l’usine Ural (2/2) et traversée de l’Altaï Russe”

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