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Voyage en Géorgie, Virée en 4X4 aux parcs de Vashlovani et Chachouna (4/4)

    Quoi ! Encore un article sur la Géorgie ? Et oui, mais promis c’est le dernier ! Cette fois nous explorons les zones frontalières avec l’Azerbaïdjan ainsi que les parcs naturels de Vashlovani et Chachouna, les recoins les plus orientaux du pays. Et surprise, nous changeons de véhicule ! Dans cet article, nous t’emmenons en 4×4 Mitsubishi Montero au cœur de décors désertiques et de savane africaine géorgienne ! Bonne lecture !

    Ces pistes que nous avons eu le bonheur d’explorer sortent tout droit du guide de voyage conçu par Ountravela : « Expore Géorgie, les 24 plus belles pistes ». Ils ont passé plusieurs mois à arpenter le pays à la recherche de paysages et de sites magnifiques. Nous te conseillons vivement leur livre (dont les photos sont sublimes) !

    Itinéraire de notre road-trip en Géorgie

    Désert arc-en-ciel le long de la frontière azerbaïdjanaise

    Nous échangeons le side-car contre un 4×4

    Nous voici à Tbilissi pour troquer l’Ural contre un 4×4. En aurait-on notre claque de rouler en side-car ? Ferait-on la tronche à notre valeureux Ural ? Que nenni ! Seulement, les deux réserves naturelles de Vashlovani et Chachouna sont interdites aux moto. Les raisons de ces restrictions nous sont inconnues. Nous contactons Temo, un partenaire de nos amis d’Ountravela, et nous voilà au volant d’un Mitsubishi Montero pour les 4 prochains jours. 50€ la journée de location, c’est carrément raisonnable, non ? D’autant plus que le coffre est assez grand pour que l’on y dorme. Ça allège le budget.

    Permis frontalier et autorisation d’entrée, deux indispensables

    Avant de partir a l’affût des gazelles, il convient de faire quelques démarches administratives. Pour être précis, nous avons besoin de deux sésames : le permis frontalier et les autorisations d’entrée. Pourquoi diantre tant de paperasse ? Les zones qui nous intéressent bordent l’Azerbaïdjan. Nous voilà donc à la police des frontières de Tbilissi. Un formulaire à remplir et notre permis frontalier est envoyé directement aux check-points que nous franchirons.

    Le monastère Davit Garedja

    1ère étape de cette aventure en 4×4 ? Le monastère Davit Garedja. Cet ensemble monastique surprenant est semi-troglodyte. Ainsi, une partie des pièces sont creusées directement dans la falaise. Deuxième particularité, une partie du complexe est situé en Azerbaïdjan. Alors, évidemment, il y a quelques tensions à ce sujet.

    Accessoirement, cette visite permet d’admirer ce que certains appellent des arcs-en-ciel de désert ou des montagnes arc-en-ciel. Quésaco ? Des strates terrestres arborant différentes teintes. Et oui, les montagnes aux alentours ont des stries présentant tout une palette de couleurs allant de l’ocre au rouge vif !

    Canyons, collines et désert, où avons-nous atterris ?

    A nous les pistes ! Nous explorons ensuite d’immenses étendues désertiques au relief accidenté. Ici et là, les tranquilles prairies à estives sont déchirées par un canyon plus ou moins profond. Génial ! Ces décors ravagés nous rappellent notre récente escapade arménienne.

    Nous entreprenons alors une boucle à travers un désert de concrétions sableuses. Ici et là, nous croisons un monastère troglodyte ou une forteresse. As-tu vu le film « la colline a des yeux »? C’est exactement ça ! Certains monticules de limon, lissés par l’érosion, ont été creusés pour servir d’abri de fortune. Alors à tout moment, on s’attend à croiser un humanoïde cannibale qui se serait adapté à la vie dans cet environnement hostile. Heureusement pour nous, la rencontre ne se produit pas. Par contre, c’est bien un berger à cheval que nous croisons. Quelle scène magique ! Perché sur son étalon, le visage ravagé par le soleil, en habits traditionnels, il guide ses moutons à l’aide d’une longue lance en bois. Irréel !

    Découverte de la région Kakhétie, Sighnaghni et monastère de Bodbe

    Sighnaghni

    Nous retrouvons la civilisation et prenons la route direction l’extrême Est du Pays. Sighnaghni, un jolie ville est à visiter dans le coin, nous en profitons. Ce qu’on aime ici ? Le charme de cette cité fortifiée toute mignonne avec ses ruelles pavées et ses murs d’enceinte. On y déniche même notre Graal : une peau de mouton. Elle apportera confort et chaleur au précieux séant de Marion.

    Prochaine halte : Le monastère de Bodbe.

    Ce complexe orthodoxe a une particularité : il abrite des reliques de Sainte-Nino. Cette célèbre apôtre prêchait le christianisme en Géorgie dès le 3ème siècle. C’est LA sainte la plus vénérée par les croyants du pays, si bien que ce monastère est un lieu de pèlerinage de première importance. Voilà pour la minute historique.

    Nous obtenons nos autorisations d’entrée

    Prochaine étape ? Décrocher nos précieux permis pour accéder aux deux parcs nationaux. Rendez-vous au Vashlovani Visitor Center à Dedopliskaro. Un premier bureau pour faire les démarches afin d’explorer Vashlovani, puis un second pour la réserve de Chachouna. Finalement, nous nous rendons à la police des frontières pour obtenir le coup de tampon final ! On peut y aller !

    Parc national de Vashlovani

    C’est reparti sur les pistes !
    Nous traversons d’abord des décors agricoles sur les pans de larges collines. La suite ? Perché sur un haut-plateau, nous longeons alors un panorama splendide. Le relief devient carrément plus accidenté. Les monts impeccablement lisses laissent place à des canyons aux crêtes acérées. Ces formations rocheuses semblent peu à peu perdre leur long combat contre l’érosion. Il paraît que des léopards vivent ici.

    Arrivés à un point de vue fantastique, nous voyons la piste plonger au cœur de ce paysage. Les choses sérieuses commencent maintenant. Pourquoi donc ? Les 7 kilomètres qui nous séparent de notre ultime destination, le camp de ranger de Miniskure, sont une véritable épreuve. Si nous maîtrisons les rudiments de la conduite d’un sidecar en tout-terrain, nous sommes complètement novices en 4×4.
    Nous serpentons sur des lits de rivières asséchées, filant dans un couloir argileux offrant des murs de limon parfois hauts de 10 mètres. Le décor est irréaliste. Visualiser le gabarit du véhicule est crucial.

    Nous atteignons finalement le camp de ranger où nous bivouaquons en bord de rivière. Une petite promenade à pied permet de profiter d’une vue géniale sur les formations rocheuses avec leurs allures de châteaux de sable réalisés sans moule. Bien au chaud dans nos duvets, on se dit « en fait, rouler en 4×4 c’est facile, tu trouves pas ? »

    De la pluie, de la boue et quelques belles frayeurs

    Candides que nous sommes… nous nous réveillons aux aurores. La pluie est tombée toute la nuit. On se regarde : « Tu te souviens ce qu’avait dit Victor? » Évitez cette piste si il pleut, la bouillasse est un enfer. Quelques mètres nous suffisent pour comprendre. Sous l’effet de la pluie, cette argile sablonneuse devient la pire des glaises. La recette ultime pour rendre des pneus crampons lisses comme des galettes. Une absence totale d’aspérité faisant disparaître quelque espoir d’adhérence.

    Le calvaire commence. Rouler en 2×4 ? Impensable. Chaque coup de gaz fait chasser l’arrière. Peu fans des triples axels et autres figures libres propres au patinage artistique, nous progressons doucement en mode 4×4. C’est alors que l’on comprend un truc : Avoir 4 roues motrices te fait gagner en adhérence, mais surtout, ça te permet de corriger des trajectoires d’un coup de gaz… C’est absolument contre-intuitif, non ? Quand t’as beau tourner le guidon mais que cette satanée machine s’entête à aller tout droit, accélérer permet de rattraper le cap. C’est un coup à prendre.

    Bon an mal an, nous progressons. Au fil des petites peurs et grosses frayeurs, nous gagnons en aisance. Mais dans un coin de nos têtes, on sait qu’une montée des familles nous attend… Et inexorablement, on finit par y faire face.

    Voici l’obstacle : Pentu à souhait, séparé en deux par une belle ornière et généreusement tapissé d’une couche de glaise. Premier essai infructueux. Les pneus patinent. Passage en boite courte, prise d’un peu d’élan. On recommence. Nouvel échec. Il faut se rendre à l’évidence, soit on s’y prend mal, soit il nous faut une route alternative.

    Que faire ? Demi-tour en espérant que les rangers aient une solution. C’est reparti pour le serrage de fesse dans le canyon de glaise. Nous voilà de retour au camp, tout penauds… Un guide local raccompagne justement son groupe. Allant dans la même direction, il nous propose de nous ouvrir la voie.
    « En Prado flambant neuf ? Il n’a aucune chance de passer cette satanée grimpette. » Voilà ce qu’on se dit. 20 minutes plus tard, il nous prouve le contraire. Et nous alors ? On lui confie notre Montero. Et c’est à grand renfort de gaz et de sérénité qu’il franchit l’obstacle que nous croyions insurmontable. Petite leçon d’humilité. Force est de constater qu’on a encore beaucoup à apprendre en 4×4 et que ce n’est pas si facile qu’il n’y paraît.

    La pluie gâche (presque) la partie
    Après avoir roulé dans un lit de rivière plein de galets, nous traversons des steppes tartinées de glaise. De vastes étendues peuplées uniquement de minuscules arbustes. Les murs de roche ayant disparu au profit d’une géniale platitude, nous ne risquons pas de nous emplafonner. Notre petit plaisir ? Jouer avec les limites d’adhérence, se mettre légèrement en crabe, glisser sur cette couche vaseuse… Quel pied !

    De retour a Dédopliskaro, c’est le moment de réfléchir. Est-ce-que ça vaut le coup de continuer cette exploration dans ces conditions ? La pluie empêche de profiter des paysages et rend le sol glissant à souhait. Il s’agirait qu’on revienne avec 4 roues quand-même…
    Un Shawarma et un café suffisent à dissiper nos doutes. Bon, normalement la pluie s’arrête. C’est trop bête d’être ici et de ne pas au moins tenter ! Et puis il parait qu’il y a des gazelles à Chachouna, alors on se doit d’aller voir ça. Et nous voilà repartis ! Encore de la piste ? Dam oui ! C’est assez roulant alors on enfile les kilomètres. Cerise sur le gâteau ? La glaise disparaît… Mais il n’a pas plu ici ! Ouf !

    Parc national de Chachouna et ses savanes africaines

    Les volcans de boue, une curiosité géologique

    Nous arrivons au lac de Iori moins d’une heure avant le coucher du soleil. Nous traversons le barrage de Iori et pénétrons au cœur d’un décor tout droit sorti de Jurassic Park. Les arbustes colorés peuplent ces steppes reculées. Le tout est ceint de montagnes formant un enclos naturel pour une bête que l’on croyait éteinte.

    Nous posons le camp à côté d’une curiosité géologique : des volcans de boue. De quoi s’agit-il ? Ce sont de petits monticules de terre, ne dépassant pas un mètre, qui crachent (ou plutôt qui bavent) un liquide blanchâtre. Ce mélange d’eau et de sels minéraux est pour le moins curieux.
    Avant de fermer la voiture et les yeux, nous entendons un goutte à goutte suspect. D’où cela vient-il ? Du réservoir. Il est percé. La poisse… Nous découpons alors un bidon d’eau vide pour recueillir le précieux or bleu.

    Et nous voilà au Kenya. Quoi ?

    Étendues sableuses, canyons, tapis végétal et vastes paysages, Chachouna est à des années lumières de ce que l’on s’attendait à voir en Géorgie. Une chose nous marque particulièrement. Les odeurs ! Ces gigantesques plaines sont quasi-entièrement recouvertes de touffes d’herbe aromatique au parfum enivrant.

    Après quelques kilomètres, des rangers viennent à notre rencontre. Contrôle des papiers. Tout est en règle, à ceci près qu’il y a une erreur dans nos dates de séjour. Les militaires sont compréhensifs et nous laissent continuer notre route. Nous leurs proposons un café qu’ils refusent gentiment. Ils nous laissent en compagnie de leurs deux énormes molosses, aussi agressifs que des bichons. Les deux chiens ont bien compris qu’avec un peu de patience, ils pourraient nous extorquer quelques grattouilles. Nous profitons pleinement de ces décors extraordinaires. Mais où sont les gazelles ? Pas une seule en vue !

    7h embourbés, le 112 à la rescousse

    Encore 10 km de pistes et nous rejoignons la civilisation. C’est sans compter sur notre poisse. Au détour d’un virage, nous nous embourbons… Comment a-t-fait notre compte ? Comme des bleus, nous nous sommes faits surprendre par un lit de rivière pas tout à fait asséché, dissimulant une source d’eau et un bon demi-mètre de glaise sous ses galets…

    • 12h30. Test des solutions faciles. Marche avant, marche arrière. Boite courte. On tourne les roues. Ça ne veut rien savoir… Le souci ? L’absence de blocage de différentiel. Nous mettons du bois sous les roues. En vain.
    • 13h30. Deux bergers passent par là. Ils nous aident gentiment à pousser, à secouer, à jurer, sans issue convaincante. Le comble ? Il n’y a pas de réseau. Ça serait trop facile. L’un des gardiens de troupeau nous mènent alors en haut d’une colline. On capte !
    • 14h00. Nous entreprenons l’ascension du mont 4G pour avertir le loueur « Allo, on est dans la mouise ».
    • 15h00. On galère. Un 4×4 passe par là. 1ère voiture en 3 heure. Ils n’ont pas de corde…
    • 15h30. La méthode du cric pour soulever la voiture et mettre des pierres sous les pneus s’avère aussi inefficace qu’épuisante.
    • 17h30. Un Land Rover débarque. À l’aide d’un module de clôture en acier de ferraillage, ils tentent de nous débloquer. Mais nous sommes tellement bien tankés qu’il frôle lui-même de s’enliser.
    • 18h00. La nuit tombe. Nous nous rendons à l’évidence : il faut appeler le 112. La communication en anglais est pour le moins cocasse. Vas expliquer à quelqu’un qui maîtrise à peine la langue de Shakespeare que tu ne peux pas lui donner un nom de village à côté car tu es absolument au milieu de nulle part. Tant bien que mal, nous parvenons à leur envoyer nos coordonnées exactes.
    • 18h15. Une étoile filante traverse le ciel. Nous attendons en haut de la colline 4G.
    • 18h50. Un autre astre en combustion pénètre l’atmosphère. La pollution lumineuse étant absolument nulle, ce spectacle revêt une toute autre dimension, extraordinaire.
    • 20h00. Un Ford Ranger fait son apparition avec à son bord 4 bonhommes en tenue de secouriste. Un coup de treuil et en 5 minutes nous sommes tirés d’affaire. Coût de l’opération ? Notre ego….
    Et voilà, cette odyssée africo-géorgienne touche à sa fin. Ce qu’on en retiendra ? En premier lieu, la Géorgie est un pays incroyable avec une palette de paysages aussi variés que somptueux. Explorer cette contrée requiert de prendre le temps pour en apprécier toutes les beautés. Sur un registre plus terre à terre, cette aventure en 4×4 nous conforte dans le choix de notre moyen de transport. Opter pour un véhicule léger (même si c’est beaucoup moins confortable), c’est l’assurance de pouvoir se sortir de toutes les situations par soi-même. Bonne route à toi !!
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    2 commentaires sur “Voyage en Géorgie, Virée en 4X4 aux parcs de Vashlovani et Chachouna (4/4)”

    1. Salut vous deux,
      La Géorgie a l’air vraiment sympa. De toutes façons, si ça ne l’était pas vous n’y resteriez pas si longtemps.
      Sympa l’aventure en 4×4 et le plantage. J’ai connu aussi, mais en France. Le dépannage était plus facile (de 14h à 2h du matin).
      Bonne continuation, et passez de bonnes fêtes de fin d’année.
      Eric
      p.s. : je n’arrive toujours pas à ouvrir les photos, même sur les anciens articles. ça vient peut-être de mon micro ???

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