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Road-trip en Mongolie en side-car Ural (1/3)

    Après des mois à en rêver, que dis-je des années : nous voici enfin en Mongolie ! À nous les yourtes, les yaks et les pistes à travers les paysages démesurés des terres de Genghis Khan. Mais ? Il y a une ombre au tableau : la tôle ondulée ! Comme tu le découvriras, ces satanées vaguelettes nous ont menés la vie dure ! Une vraie épreuve psychologique nous poussant à réviser nos plans. Dans cet article, nous te racontons les débuts de notre exploration du pays emblématique de la culture nomade. Bonne lecture !

    Itinéraire de notre voyage en Mongolie

    Carte de notre Road-trip moto en Mongolie - URALISTAN

    Conduire en Mongolie ou info à savoir

    Assurance du véhicule

    Il est obligatoire de contracter une assurance pour son propre véhicule, toutefois, ce n’est pas chose aisée. 1ère chose à savoir ? Il ne faut pas y souscrire juste après la frontière. Les prix y sont allègrement gonflés et il y a de nombreuses arnaques. Nous prenons donc le risque de rouler sans assurance jusqu’à Bayan Olgiy. Là, nous faisons une première tentative dans les bureaux de la société Daatgal. Après 1 heure de paperasse, la dame nous annonce qu’en fait, ce n’est pas possible. Comment avons-nous procédé ? C’est le tenancier de notre hébergement qui s’est occupé de la paperasse pour nous. Simple et efficace. 60 000 Tugrik mongol, soit l’équivalent de 15€ pour deux mois d’assurance.

    Conduite locale

    Pas grand chose à signaler. Dans ces contrées lointaines, le code de la route n’est qu’une notion assez floue. Cependant sur la plupart du territoire on ne croise presque personne donc la conduite est assez sereine. Attention, le mongol peut être sanguin, il faut donc savoir garder son calme et prendre sur soi que l’on soit en tort ou non. Mieux vaut donc redoubler de vigilance et garder ses distances.

    Réseau routier

    Là, c’est binaire. Les quelques grands axes asphaltés sont en bon état voire très bon. Il peut y avoir des sections de quelques kilomètres non terminés ou dégradés. Dès qu’on les quitte les rares routes principales, on tombe sur des pistes non-revêtues. À noter la présence pléthorique de tôle ondulée. Ces vaguelettes de terre/sable, sont une particularité mongole dont on se serait volontiers passé.

    Qualité de l’essence

    Parfois il est possible de trouver du 95 dans les grandes villes, toutefois, dans la majorité des cas seul le 92 et le 80 sont disponibles. L’essence est globalement d’assez mauvaise qualité avec une généreuse constellation de matière en suspension. Filtre à essence recommandé ! P.S : c’est la même chose pour le diesel !

    Boire ou conduire

    Tolérance 0 pour l’alcool. Comme ça, c’est dit !

    Les débuts prometteurs de notre découverte de la Mongolie

    Un passage de frontière à la minutie inégale

    En passant la douane, nous constatons une curieuse différence dans la rigueur des contrôles d’un côté et de l’autre de la frontière. C’est-à-dire ? En terres russes, chaque recoin de l’Ural est inspecté. Coffre, bagages, caisse à outils, tube à chambre à air, top-case, tout y passe ! La vérification des passeports durent quelques dizaines de minutes durant lesquelles la douanière nous pose des questions étonnantes mais pertinentes. « C’est quoi ce visa ? Dites-m’en un peu sur vous ? Combien de mois voyagez-vous ? ». Un petit quiz souriant teinté de formalisme et de vraie curiosité. En attendant le précieux coup de tampon, nous observons la scène exotique des militaires à cheval qui patrouillent sur les contreforts attenants.

    Côté mongole ? C’est différent. Le contrôle des passeports est expéditif. Et un rapide coup d’œil au coffre suffira. Un garde vient alors nous voir : « Ural, good machine ? » Je lui montre les mains encore pleines de cambouis. Le message est passé. Nous voilà en Mongolie !

    La couleur est immédiatement annoncée : WOW !

    Une belle bande d’asphalte longiligne à travers de vastes steppes s’offre à nous. Les
    couleurs ? Un superbe camaïeu allant du jaune sable au marron foncé. Splendide ! Nous voulions rouler dans de grands espaces, nous sommes servis ! Les paysages sont majestueux.

    Première pause café en bord de route. Il faut bien avouer que le zef à écorner les yaks et le mercure à peine positif ne ménagent pas les cavaliers motorisés que nous sommes. C’est aussi l’occasion de notre première rencontre avec un éleveur de chevaux. C’est que l’Ural attire les curieux ! En Mongolie aussi, les gardiens de troupeaux ont troqué leurs valeureux étalons à quatre pattes pour des chinoiseries à deux roues.

    Nous arpentons ensuite d’immenses déserts. Des espaces pas tout à fait infinis car les montagnes en délimitent l’horizon. Sableux, caillouteux, venteux, aride, il semble n’y avoir aucune trace de vie. Mais ce n’est qu’une apparence car en observant attentivement nous apercevons presque toujours une yourte ou un troupeau. Quelques cadavres d’animaux jonchés entre les arbustes nous rappellent que ce milieu difficile n’est pas vraiment propice à la balade dominicale. Ce qui est génial ? Nous sommes quasi seul. Ce qui est flippant ? Nous sommes quasi seul. Seuls sur la route, nos congénères bipèdes se font rares. Alors par la pensée, nous envoyons des messages à Gobi : « Ce ne serait pas le moment que tu fasses un caprice ».

    Bayan-Olgiy, une ville kazakhe en Mongolie

    Soudain, une trace de civilisation apparaît à l’horizon. C’est Ölgiy. Au pied des montagnes, cette ville est balayée par les sables. Il y a ici des airs de Madmax où cohabitent voitures modernes et anciennes, éleveurs à moto et rapaces quadrillant les airs.

    Notre première nuit mongole ? En yourte bien sûr ! A quoi ressemble notre logement ? cinq lits simples le long des murs, une table basse, un poêle situé entre les deux mats centraux, un petit lavabo avec un réservoir d’eau limité situé à côté de la porte. Les WC ? Un trou dans une cabane de tôle installée dans la cour. La salle de bain ? Il n’y en a pas au sens « occidental ». Ici, on se lave au bania (un espèce de sauna).  En échangeant avec la famille qui nous accueille, nous apprenons qu’Ölgiy est une ville peuplée de kazakhs en Mongolie. Nous comprenons aussi que le 95 est une denrée extrêmement rare, il faudra nous contenter de 92 (on évitera le 80…).

    Le lendemain matin, c’est le grand-père qui vient nous réveiller : « Come, come ! ». Que diantre se passe-t-il ? Le repas du soir, un mouton de 30kg, vit ses derniers instants. D’un geste précis, le boucher du coin, orienté vers la Mecque, zigouille l’animal et le dépèce en l’espace d’une heure. Les buses et faucons plongent des airs pour glaner un morceau d’entrailles oublié lors de la découpe. Le soir, nous passons en excellent moment de partage avec toute la famille au cours du dîner. Chants kazakhs, plat traditionnel à base de pâtes et de viande de cheval, discussions animées,… Magique.

    Exploration des pistes de Mongolie en side-car Ural

    Nos premiers kilomètres de tôle ondulée

    Frais comme des gardons, nous quittons toute civilisation pour vaillamment attaquer les premières pistes de la région inhospitalière de Bayan-Olgiy. Jérémy en prend plein les bras mais les paysages sublimes sont au rendez-vous. Les décors ? Simplement lunaires. Incroyable. C’est désertique, aride, tantôt rocailleux ou sableux. Les montages acérées prennent des teintes façon 50 nuances de violet. La suite ? C’est sur Mars que ça se passe. Nous contemplons maintenant un sublime camaïeu d’ocre. Les rares véhicules qui passent soulèvent un large voile de poussière qui reste suspendu dans les airs. Même ça c’est beau !

    Rapidement, nous affrontons notre némésis : cette p***** de tôle ondulée. Tout souffre. Châssis, suspensions, jantes, machines et séants sont violemment maltraités. La liste des dégâts ? Notre bidon d’huile moteur se fait la malle, le réchaud coleman se casse en 3 morceaux et la gourde filtrante déconne. Quant à Marion, elle passe de 1,60m à 1,55m à force de se faire tasser les vertèbres dans le panier du sidecar.

    Mais tout ça n’est rien comparé à notre premier bivouac sur les rives du lac Achit Nuur. Le cadre est majestueux, extraordinaire ! Quelques cygnes flottent sur les eaux d’un bleu intense cernées de montagnes roses. Un nomade à moto, curieux, vient nous voir. Nos échanges sont très limités mais les sourires sont là. Nous passons la nuit bercés par le ballet des camions chargés de charbon. La carrière doit être proche car de part et d’autre de la piste, d’énormes morceaux du combustibles jonchent le bas-côté.

    Des pistes exigeantes qui en valent la peine

    Le lendemain de bon matin, nous disons au-revoir aux cygne puis nous manquons de nous ensabler. Le programme aujourd’hui ? 100 bornes de tôle ondulée. Alors au début, c’est raisonnablement désagréable. Mais au fil des kilomètres, cela devient un vrai calvaire. Impossible de dépasser les 20km/h sans quoi tout le side-car se met en branle. C’est comme s’asseoir sur une machine à laver en mode essorage. Mais pendant 6 heures ! Nous essayons toutes les allures possible se disant qu’à une certaine vitesse, ce troupeau de dos d’âne est plus supportable. En vain…

    La vraie difficulté ? Réussir à relativiser. Car si ces pistes sont difficiles, les paysages sont proportionnellement à couper le souffle. Notre route chaotique, est ponctuée de jolies rencontres avec des nomades. Des moments toujours hilarants car même si l’on ne se comprend pas, nous devinons qu’ils ne croisent pas de voyageurs en Ural dans ces contrées si reculées. Arborant ces longs manteaux aux couleurs vives, ils nous inspirent quelque chose entre le respect et l’admiration. Un selfie, des rires et c’est reparti ! Les premières rencontres avec les nomades sont assez déstabilisantes car ils sont assez « brutaux » (pas de le sens agressifs du terme). Ils n’hésitent pas à venir nous voir, à nous toucher, à monter sur la moto sans demander, à nous donner le bébé dans les bras pour une photo… Bref, ils n’y vont pas avec des pincettes, mais c’est toujours amical.

    Nous posons le camp à 5km d’un village. Un gars du coin passe nous voir (le deuxième de la soirée). Attentionné, il s’inquiète que nous ayons froid alors il nous montre quelles branches sélectionner pour notre feu. À la nuit tombée, nous contemplons le flot des phares des bergers à moto sur les collines guidant les ruminants retardataires dans les steppes. Magique !

    L’ascenseur émotionnel : pourra t-on continuer notre découverte de la Mongolie ?

    Après une vérification généralisée du serrage des écrous, nous atteignons le lac de Kur Us Nuur. Absolument splendide ! La Mongolie révèle alors toute sa richesse de couleurs. Nous sommes subjugués par le bleu de ses eaux, le jaune et rose du sable, le vert menthe glacial des plantes ainsi que cette magnifique toile de fond variant de ocre à violet. Les seuls habitants ? Un troupeau de chameau. Ce paysage est totalement surréaliste, on se croirait presque sous LSD.

    Et c’est reparti pour cette satanée tôle ondulée ! On va pas se mentir, c’est très physique. Et il faut se rendre à l’évidence : le side-car n’est pas du tout un véhicule adapté à ce revêtement. La faute à ses trois points d’appuis… Le complète focalisation sur l’évitement des rides dégomme-suspensions rend plus que difficile la contemplation des lieux. Nous ne profitons pas pleinement de la majesté du décor et sommes angoissés de casser la machine. C’est très pénible et frustrant. S’en suivent alors tout un tas d’interrogations internes. Est-ce-que toutes les pistes sont comme ça ? Ne ferait-on pas mieux de rallier l’asphalte le plus proche avant que Gobi ne se désintègre ? À ce stade, nous sommes assez refroidis. Nous espérions tant de la Mongolie, et galérer autant sur ces tôles ondulées nous fait hésiter à écourter le séjour. Que faire ?

    Les rencontres nous reboostent le moral

    À 30km de la ville de Khovd, nous bivouaquons en bord de rivière dans un lieu enchanteur. Des bergers tout sourire nous rendent visite. Débordant de bienveillance, ils nous indiquent les meilleurs coins où camper. Le lendemain, la flemme et la pluie sont de la partie. Que faire ? Rien ne presse, alors nous décidons de passer la journée dans la tente à glandouiller, écouter le chant des rapaces, observer les troupeaux passer. C’est l’avantage de voyager sur 2 ans : on peut s’autoriser d’attendre le retour du soleil pour rouler.

    Petit fait rigolo, Jérémy est en passe de devenir un expert en feu de caca. Notre réchaud à essence étant décédé sur les pistes, il a bien fallu innover. Ainsi, branches sèches, bouses ou crottes de mouton arrosées d’essence sont devenus les ingrédients essentiels de notre cuisinière. C’est ainsi que nous mitonnons nos pâtes au feu de crottin, à la mode nomade !

    La surprise au matin ? Un berger à moto vient nous réveiller. Il est très fier de poser sur l’Ural. La suite est hilarante car il embarque Jérémy derrière sa bécane pour montrer ses moutons. Génial ! Sa moto chinoise offre une délicate cacophonie de cliquetis et grincements en tout genre. Mais tant bien que mal, elle lui permet de prendre de la hauteur pour surveiller son cheptel. Parmi ses 260 bêtes, il est fier de montrer sa dernière biquette. Trop choupi ! Finalement, les planètes se réalignent car 500m plus loin la découverte est de taille. Le dieu asphalte a exaucé nos prières : du bitume !!!

    Tu l’auras compris, nos impressions sont en demi-teinte après nos premiers tours de roue en Mongolie. Les décors sont grandioses, les rencontres chaleureuses et authentiques, mais cette satanée tôle ondulée gâche le tableau. Comment envisager la suite ? N’emprunter que de l’asphalte et se limiter aux grands axes ? Nous te révélons notre recette miracle dans le prochain article !  Bonne route à toi !
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    2 commentaires sur “Road-trip en Mongolie en side-car Ural (1/3)”

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