Ah, la tôle ondulée… Voilà une spécialité mongole dont nous nous serions aisément passés. Alors après 3 jours à galérer dessus, nos premières impressions étaient plutôt mitigées : paysages magiques mais enfer à la conduite (tu trouveras ici l’article précédent). Au programme de nos aventures ? Nous changeons notre fusil d’épaule. Moins de piste pour plus de plaisir ! Nous profitons alors pleinement de l’immensité des terres de Genghis Khan ! Bonne lecture !
En side-car Ural sur la route Sud de la Mongolie
Un changement de plan salvateur
Nous voici à Khovd. La mission aujourd’hui ? Déterminer un plan d’action pour la suite. Nos 3 jours de piste ondulée nous ont un peu traumatisé (Gobi inclus). Impossible de continuer ainsi. Le châssis, les suspensions, la transmission, tout souffre trop ! Sans compter les poignets de Jérémy et nos délicats séants. Notre amie Laurie de Ride N’Be, nous fait alors un topo des routes asphaltées du pays. Grâce à elle, nous pouvons nous concocter un itinéraire avec des transferts sur route et des petites boucles en tout-terrain. Le meilleur des deux mondes en soi.
Nous repartons boostés. Cap sur la petite ville d’Altay !! Nous enchaînons les bornes et les bonnes surprises. Une belle rencontre avec un trio de bergers à moto, des décors spectaculaires et variés, une station essence avec semblerait-il du 95 (rarissime) et un bitume récent. Une vraie cure de Jouvence pour la machine et ses occupants. Après un bivouac dans un silence étonnant, nous observons les chameaux le temps que le café chauffe. Ils sont étonnants d’immobilisme. Comme si, ils prenaient la pose. Sans doute essaient-ils d’imiter le statisme des montagnes en arrière-plan.
Les paysages se suivent et ne se ressemblent pas
Arpenter l’asphalte nous permet de profiter au mieux du gigantisme de notre environnement. Durant ces kilomètres d’une douceur incroyable, nous éprouvons la sensation d’avoir branché la télé. What ? Les paysages défilent devant nos yeux. Et tous les 50km, la chaîne change. Du canal désert de sable, nous passons aux plaines rocheuses après un zap par les steppes herbeuses. Ces programmes sont régulièrement interrompus par des spots vantant le pastoralisme, le nomadisme et la vie au grand air. On est bien là, non ?
Fidèle à notre petite routine, nous quittons la route pour bivouaquer pépouze. Bon, alors là, on se dégote notre plus beau camp en Mongolie. Le cadre ? Au bord d’un ruisseau coulant en fond de vallée, blotti entre deux montagnes. En fait, ce sont surtout nos voisins qui magnifient ce lieu. Un troupeau de chevaux en liberté d’un côté, des rongeurs à queue longue de l’autre. Nous contemplons aussi le ballet des rapaces et des canards aux teintes orange doré. Magnifique !
Les caprices d’Ural, nouvel épisode
Ce matin, c’est mécanique au petit-dej. Tu vois Gobi est coquin, malicieux voire carrément espiègle. Deux symptômes quasi-identiques, mais avec deux causes complètement différentes. Je m’explique. Au Kazakhstan, l’anti-parasite gauche était gorgé d’eau et empêchait l’étincelle de se faire correctement. Même problème en Mongolie. Alors vérifications des bougies, des connexions, etc… rien n’y fait. Sans raison aucune, une partie des explosions se fait dans le silencieux et non dans la chambre de combustion. Creusage de tête. Ça doit être électrique, non ? Et pourquoi est-ce ponctuel ? Un faux-contact ? Finalement, un indice ! Ça broutait hier, mais pas aujourd’hui. Qu’est-ce-qui a changé entre temps ? L’essence ! Il galère avec du 95, mais pas avec du 92. Nous ciblons alors les coupables : les carburateurs.
Le démontage révèle rapidement l’origine du problème : de la terre dans le puits d’émulsion. Ouais, ouais… la moitié des trous étant obstrués, le mélange arrivant dans le moteur n’était pas fameux. Comment-elle arrivée là ? Peut-être à cause des joints de cuve vieillissants,… Alors on les change, et c’est reparti ! (Nous découvrirons plus tard que ce n’était pas l’origine du problème).
Du mini-Gobi à l'ancienne cité impériale des Khans
Elsen Tasarkhai, un désert de Gobi miniature
Prochaine destination ? Le petit désert de Gobi. Et oui, c’est comme ça que l’on peut qualifier le site d’Elsen Tasarkhai. Ce qui est étonnant ici, c’est la manière dont ces dunes de sable sont archi-localisées. Entouré de marais et de montagnes, cet erg miniature s’étend sur seulement 10 km².
Fait notoire : nous faisons demi-tour. Mais pas n’importe quel demi-tour ! En fait, mini-Gobi est le point le plus oriental de notre périple. Et alors ? Et bien, dorénavant, chaque kilomètre que nous parcourons nous rapproche de la France. Psychologiquement, ça change pas mal de choses. Cela fait relativiser les caprices de Gobi car il ne nous reste « que » 25000 bornes pour rentrer et puis ça donne aussi une horizon à la fin de notre voyage. Elle a toujours existé. Seulement, maintenant, elle devient palpable.
Feu de bouse et rencontre nomade
Sortis de ces réflexions internes, nous posons le camp dans un marais non loin de ce mini-sahara mongol. Notre réchaud coleman ayant rendu l’âme suite à une vibrationite aïgue, nous sommes passés maîtres en feu de bouse. Et si les déjections issues du mouton sont particulièrement efficaces grâce à leur forte densité (un peu comme du pellet naturel), celles de vache sont parfaites pour démarrer le brasier car elles sont bien aérées. Quid du caca de yak ? Nous verrons.
En parlant de yak, c’est le menu de ce midi ! Un berger nous a gentiment invité à manger dans sa yourte. Génial ! Alors évidemment, nous sommes intarissables de questions. Combien avez-vous de bêtes ? 1000. Combien de jours faut-il pour assembler une yourte ? 1 journée. Quelles températures l’hiver ? De -30 à -40 degrés. À partir de quel âge les enfants montent-ils à cheval ? 5 ans (enfin sur un âne).
Le nomade nous indique la piste à travers le sable pour rejoindre un petit monastère accroché à la montagne. C’est parti ! Les paysages sont superbes. A la fin de notre visite du lieu sacré, nous entendons une série de vrombissements. C’est un groupe de français en tour moto ! Ce sont les premiers touristes français que nous croisons depuis une éternité !
Karkhorin, une plongée dans l’histoire de Genghis Khan
Nous voilà maintenant arrivés à Karkorum, l’ancienne capitale impériale de l’illustre empereur mongol. Nous visitons d’ailleurs le musée retraçant l’histoire de sa dynastie, de son empire ainsi que de la ville. Ce qu’on ne saisissait pas vraiment ? L’étendue de ses conquêtes. Ils avaient fédéré un territoire allant de l’actuelle Pologne jusqu’aux confins orientaux de la Russie, de la Sibérie en passant par le nord de l’Inde. Dingue !
S’en suit la visite du monastère d’Erdene Zuu. Ce qu’on adore ? Le clivage entre la sérénité des bouddhas et l’allure guerrière carrément flippante des Dharmapala, ces divinités armées jusqu’aux dents et coiffées de crânes propres au bouddhisme tibétain.
De retour sur les pistes mongoles. Spoiler alert : c'est magique !
Les paysages grandioses de la vallée de l’Orkhon
Prochaine destination ? La vallée de l’Orkhon. Et là, c’est bingo : nous profitons enfin pleinement des pistes mongoles. Des paysages de fou, des rencontres incroyables et surtout : pas de tôle ondulée. Nous savourons les décors grandioses modelés par cette rivière coulant paisiblement entre deux dorsales montagneuses. Yaks, moutons, chèvres, chevaux semblent eux aussi se régaler de la majesté des lieux. À midi, nous nous arrêtons devant une yourte. Ne sachant pas si c’était un resto ou juste chez quelqu’un, on tente : « Euh, peut-on manger ici? » Bien sûr, nous répond t-on. Nous avons même la chance d’avoir un interlocuteur qui parle anglais ! Tu te rends compte ?
Il s’agit en fait d’éleveurs de chevaux, membres du Genghis Khan Polo Club. Rien que ça ! Recevant régulièrement des compétiteurs du monde entier, ils se préparent pour la saison à venir. Mais au fait, les équidés mongoles ne seraient-ils pas un peu courts sur pattes pour ce sport ? Oui, nous répond-t-il, mais ils compensent par leur endurance incroyable. Lorsque les chevaux britishs tiennent seulement un set, les destriers Khan assurent tout le match.
La Mongolie et sa géologie tourmentée
Après Bat-Ulzii, nous enchaînons les passages à gué pour ensuite rallier les chutes d’eau d’Ulaan Tsutgalan. Splendide ! Ces cascades sont une belle représentation du relief accidenté de la région. Car si les montagnes nous entourant semblent paisibles, la vallée est comme déchirée par un immense canyon creusé au fil des millénaires par l’Orkhon.
Nous rencontrons ensuite un obstacle de taille : une rivière. Repérage de la profondeur à pied, l’eau arrive jusqu’au genou. Le souci : le filtre à air aussi atteint cette hauteur. C’est chaud… Un berger à moto passe. Il nous fait comprendre que pour atteindre notre destination, il y a 3 autres franchissements du même calibre. La raison l’emporte. Nous rebroussons chemin. Et nous faisons bien ! La suite ? Une succession de fracture de la rétine. L’Orkhon nous offre une sublime palette de falaises, de criques et de canyons de pierres. Mais que voit-on au loin ? Un pont ! C’est quand même bien pratique ces ouvrages d’art.
Nous arpentons alors une piste de crête à couper le souffle. Extraordinaire, incroyable, les mots nous manquent. Virevolter au sommet de ces montagnes permet d’apprécier toute l’immensité et la beauté des plaines verdoyantes. La bonne surprise ? Nous tombons sur une forêt ! Les arbres ne sont pas légion en Mongolie. Après des passages très techniques en ornière boueuse et une halte par une source d’eau chaude, nous posons le camp au sommet d’une colline. Le berger voisin vient boire une bière avec nous sur sa route pour ramener ses bêtes. Puis, après une journée de plus de 100 bornes de piste, nous retrouvons enfin le bitume. Hourra !
Très heureux pour vous et de cette intervention de Laurie qui connait bien sa partie et qui est experte dans ce domaine.
La Mongolie est un grand choc qui laisse des traces indélébiles et quasi « éternelles » dans les vies de ceux qui la traversent. J’espère que vous n’avez pas trop froid et que vous réussissez à sortir des sempiternelles raviolis au mouton avec morceaux de sabots dedans…
Maintenant que je suis en retraite, je vais pouvoir encore mieux rouler. Une amie de la Ural est venue à ses côtés pour quelques temps : une Trabant. J’irai me balader en Hongrie et pays idoines.
Bonne route à vous et c’est vrai que lorsqu’on est psychologiquement sur la route du retour ce n’est pas pareil. Profitez ! La bise de
Dan.
Salut Dan,
Merci pour ton message !
Je crois que nous avons eu notre dose de viande de mouton pour les 10 prochaines années.
Il est certain que la Mongolie restera gravée dans nos mémoires. Nous hésitons même à y retourner pour une exploration plus approfondie. Affaire à suivre…
Profites bien de ta retraite et de toutes ses promesses de voyage.
La bise et à très bientôt !
Marion & Jérémy
Salut vous deux,
ça faisait longtemps que je n’avait pas eu de mail pour un article de votre périple.
Pas grave, en fin pas trop, puisque je vous suis maintenant sur instagram. Mais c’est quand même bien d’avoir un petit récit commenté.
Bonne continuation sur la route du retour.
Eric
Merci encore pour vos photos magnifiques et vos textes sympas.
Vous êtes dans la vrai vie et le partage, c’est pour cela qu’on vous suit et qu’on vous aime 😉
Prenez soin de vous et prenez votre temps.
La bise de Zorgol le Troll.