Le havre de Coutainville, les dunes d’Hattainville, les falaises de Nez de Jobourg, il semblerait que le Cotentin recèle de nombreux lieux splendides. Certains normands chauvins iront même jusqu’à dire que la presqu’île abrite les plus beaux villages de France. N’en rajoutent-ils pas un peu ? En bon pragmatiques que nous sommes, il fallait le vérifier ! Notre petite équipée atypique, composée d’une moto GS et d’un side-car Ural, est donc partie pour un road trip de 3 jours.
Au commencement de notre « Cotentour », le célèbre Mont Saint Michel, puis le Cotentin et pour finir par les plages du débarquement. Bonne lecture !
Alliant incontournables et jolies départementales, l’itinéraire finalisé issu de ce repérage (dont la trace GPS) figure dans notre guide de road-trips moto : « Week-ends à moto, 50 itinéraires insolites en France » (éditons Larousse)
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Rouler dans les prés salés pour découvrir une vue unique sur le Mont Saint Michel
Jour 1 : Miniac Morvan – Saint Malo – Mont St Michel – Agon Coutainville
Nous avons débuté ce road trip normand par une petite section bretonne. Nous, chauvins ? Un peu 😉 Ce périple commence par une courte exploration de l’estuaire de la Rance. 1ère étape : le moulin à marée de la cale de Mordreuc à Pleudihen. Son port est très charmant avec une vue sur le château de Péhou et le pont Saint-Hubert. Magnifique ! Nous continuons par l’un des plus beaux villages de France : Saint Suliac. Qu’est ce qui lui vaut ce titre ? Son dédale de ruelles, ses maisons de pierre typiques, son port paisible et toute l’atmosphère qui se dégage de ce village de pêcheurs pittoresque.Nous passons ensuite le barrage de la Rance pour rallier Saint-Malo intramuros. Autant vous dire que notre petit Gobi a eu son heure de gloire. Tous les touristes n’avaient d’yeux que pour lui !
Nous quittons la partie fortifiée pour aller admirer les voiliers et les gréements accostés dans la cale.
Tout ça, c’est bien, mais l’objectif, c’est la Normandie, non ? Nous mettons donc les voiles à l’est en direction du Mont Saint Michel. Nous nous accordons quand même une halte à l’anse du Guesclin ainsi qu’à la pointe du Grouin qui offre une vue imprenable sur la réserve ornithologique de l’île des Landes. Une pause sandwich et c’est reparti !
Nous franchissons enfin la frontière avec La Manche. Un contact local nous avait recommandé d’approcher le Mont-Saint-Michel par les marais. Super conseil !! On traverse des champs et pâturages sur une route en surplomb. Peu à peu, le mont se dessine à l’horizon. Après avoir parcouru une petite piste de terre bardée d’arbres, nous faisons halte. La vue sur cette merveille normande est magique. Le plus ? Nous sommes presque seuls à en profiter !
Nous atteignons ensuite Agon-Coutainville où notre hôte local nous accueille de la plus belle des manières : un tour en 4L jusqu’à la pointe d’Agon. Coucher de soleil sur le havre, magique.
Puis le soir, dégustation d’un plat local : la moussette. Quésaco ? Une araignée de mer qui n’a pas encore mué, la chair est censée être plus tendre que la bête adulte. Super bon !
La presqu’île du Cotentin : énième merveille du monde ?
Jour 2 : Agon Coutainville – Nez de Jobourg – Barfleur
Énième merveille… On en rajouterait pas un peu là ? Peut-être… mais toute cette péninsule est magnifique.
Nous commençons par une curiosité locale : les cabanes de Gouville-sur-Mer. Très mignonnes avec leurs couleurs flashy. Ces 70 abris en bois se transmettent de génération en génération et servent principalement à stocker le matériel de pêche et de baignade.
En remontant au nord, nous traversons les salines du havre de Saint-Germain-sur-Ay. Petite halte pour y admirer les moutons paitre. Certains les imaginent déjà en délicieux gigots… En poussant jusqu’à la pointe du Banc, nous découvrons d’incroyables paysages de baie et de dunes.
Rêver de souris d’agneau donne faim. Tous les restos étant fermés, nous nous contenterons d’un sandwich, mais dans un cadre magnifique. Et oui, nous sommes à Portbail ! Pourquoi s’y arrêter ? Pour son havre, son port et son joli pont à arches !
Cher lecteur, si tu as lu jusqu’ici, tu es chanceux ! Nous te révélons maintenant notre coup de cœur ! Tu es prêt ? Il s’agit des dunes d’Hatainville. On peut les observer depuis le cap de Carteret, le spectacle est unique. Un peu plus au nord, une longue route goudronnée (D242) traverse ces grandes étendues recouvertes de sable et de végétation. Il y a des airs de bout du monde.
En continuant vers le nord, les paysages changent radicalement. Les havres et péninsules laissent place aux falaises escarpées. Nous passons Rozel, l’EPR de Flamanville, le charmant port de Diélette, et atteignons Vauville.
Puis, nous décidons d’explorer les routes sinueuses qui serpentent en hauteur. Ces pérégrinations nous amènent aux falaises du nez de Jobourg. Spot immanquable !
Ça grimpe, ça descend, ça vire, mais les panoramas sont magiques. Serait-on au Pays de Galles ? En tout cas, ça y ressemble beaucoup. Les routes étroites bordées de végétation nous rappellent un de nos anciens voyages moto.
Un coup d’œil en arrière et on s’aperçoit que le panorama est extraordinaire. Une table en bois, une vue sur les falaises, personne à l’horizon : voici le plus beau spot de pique-nique de toute la Normandie ! Il se situe juste à côté de la pointe du Houpret au sud d’Auderville. Gardez cette information pour vous ! Il ne manquerait plus qu’une 2ème table soit installée et on perdrait le charme du lieu.
En arrivant à port Goury, nous quittons le Pays de Galles pour pénétrer en Irlande ! Les pâturages à moutons sont ceints de murets de pierres, la végétation se pare de teintes brunes et les bâtisses dominent les collines.
L’heure défile et il nous faut installer le campement. Nous passons donc rapidement par l’un des plus petits ports de France (port Racine), puis son homologue un peu plus grand (Cherbourg). Arrêt au phare de Gatteville avant de rallier Barfleur. L’appel de la bière se fait sentir !
Aucune panne jusque là, c’était suspect…
Jour 3 : Barfleur – Plages du débarquement – Caen
Qu’est ce qu’une température agréable pour camper en extérieur ? Il semblerait que 4°C ne fasse pas consensus dans le groupe… Nous atteignons Saint-Vaast-la-Hougue en empruntant des petits chemins à travers les salines. Très sympa. Puis nous profitons du calme ambiant du port pour observer les ostréiculteurs à l’ouvrage.
Trêve de contemplation, nous avons rendez-vous avec l’histoire ! Utah Beach. En cette période hivernale, les seuls usagers de la plage sont des chevaux pratiquant le trot attelé.
2 km avant Carentan, nous entendons un vrombissement sourd. Serait-on suivi par une Harley ou bien pris en chasse par un Spitfire ? Et bien, non… La réponse se trouve sous le moteur. La ligne d’échappement s’est fendue nette à cause des vibrations. Je vous laisse imaginer le barouf. Arrivés au garage le plus proche, le mécano nous annonce tout sourire : « ah bah, mon père a un Dnepr, j’adore ces bécanes, je vais vous ressouder ça. » Incroyable ! En 30 min, l’affaire est réglée et nous sommes de nouveau sur pattes. On s’attendait à pouvoir profiter de la solidarité des machines russes en Sibérie ou en Mongolie, mais on n’imaginait pas que ça nous sauverait en pleine Normandie.
Nous atteignons finalement Omaha Beach, secteur Charlie, à Vierville-sur-mer. En mettant de côté l’aspect historique, les splendides falaises qui bordent la plage justifient à elles-seules qu’on s’y attarde.
Nous longeons les étendues de sable jusqu’au cimetière américain. La visite s’impose.
Nous filons ensuite aux impressionnantes batteries de Longues-Sur-Mer, puis voyons défiler Arromanches, Courseulles-sur-Mer, Douvres-la-Délivrande, et enfin atteignons Caen.