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Voyage à moto en Turquie, Mer Noire et son arrière-pays (2/2)

Notre aventure à moto en Turquie se poursuit vers l’Est. Héritages ottomans, montagnes couvertes de noisetiers ou de théiers, sommets aux allures jurassiennes, irlandaises ou désertiques… Les régions de la Mer Noire offrent un panel de paysages extrêmement variés, loin des clichés des montgolfières au cœur des paysages arides. Le Top ? Nous ne croisons presque aucun touriste étranger ! Et puis il y a ce en quoi les turcs excellent : l’hospitalité. Nous ne remercierons jamais assez ceux qui nous ont accueillis. Dans cet article, nous te racontons la seconde partie de notre road-trip en side-car le long de la Mer Noire. Tu peux retrouver le début de notre voyage ici. Bonne lecture !

En route pour Amasya et Tokat, en passant par les hauts plateaux d'estive

Bienvenue en Brière !

Après avoir fait un petit tour dans Sinop, nous quittons rapidement le lieux. C’est très touristique et ne voyons pas très bien pourquoi… Au-revoir la côte, nous empruntons les petites routes de l’arrière-pays. Nous roulons au milieu des rizières et sommes directement transporté en Asie du-sud-est ! En chemin, nous rencontrons une famille qui cultive notamment du poivron et du riz. Très sympa, ils nous indiquent la route et nous offrent des tomates.

Notre objectif ? La Brière turque ! Connais-tu ce petit coin de France ? C’est une zone marécageuse située au nord de Nantes, juste au-dessus de l’estuaire de la Loire. Le rapport avec la Turquie ? Et bien avec ses paysages similaires, le détroit de la rivière Kizilimark nous y téléporte ! Une multitude de champs délimités par des canaux d’irrigation, de vastes étendues humides, une faune riche de cigognes, hérons et autres échassiers. Splendide ! Arrivés à l’embouchure, nous retrouvons de nombreux pêcheurs absorbés par leur activité.

Puis nous repartons vers le sud, et longeons le lac réservoir de Derbent pour nous dégoter un spot à bivouac d’anthologie. Arrivée à la tombée de la nuit, nous trouvons le lieu parfait. Le petit plus ? Nous sommes à côté d’une source d’eau. Au réveil, la vue sur les montagnes est inoubliable !

Amasya et ses tombes troglodytes

Le lendemain, nous traversons des paysages agricoles. Nous observons les paysans à l’œuvre dans les champs de blé. Puis vers Kolay, nous sommes surpris de voir apparaître d’imposantes montagnes karstiques aux sommets acérés. Nous croisons alors un jeune homme qui nous fait signe de nous arrêter. Que veut-il ? Google translate à la rescousse : il voudrait que nous le prenions en stop. Le berger dans le panier, Marion sur le nez, et c’est parti !! Un moment bien marrant.

Nous rallions maintenant la version turque d’Argenton-sur-Creuse. D’où vient la ressemblance ? Des somptueuses maisons à encorbellement qui bordent la rivière Yeşilırmak. Moins colorées que dans notre jolie cité française, ces bâtisses ottomanes présentent de magnifiques façades d’un blanc immaculé dont les arêtes sont surlignées de bois noir. L’autre singularité de cette ville ? Les gigantesques tombes troglodytes creusées dans la falaise. Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour honorer ces aïeux ?

À la découverte des plateaux d’estive

Les choses sérieuses commencent maintenant. Pourquoi ? On se met en tête de rallier Tokat par les pistes. Vaillamment, nous partons à l’assaut des montagnes reculées ! Les paysages sont majestueux et rapidement nous atteignons un premier village de fermiers. Le décor ? Bâtisses avec structure en bois et pisé, pistes en terre et vaches qui se promènent dans le village. Le temps semble s’être arrêté. Le contraste avec la modernité d’Istanbul est saisissant. Mais attends, ce n’est pas fini !

Nous continuons l’ascension. Nous tombons alors sur un spectacle étonnant : des enfants de 10 à 12 ans guidant un troupeau d’une trentaine de vaches. Finalement, nous atteignons les hauts-plateaux d’estives à 1500m d’altitude. De vastes prairies verdoyantes où paissent moutons, vaches et buffles. Quelle sensation de liberté géniale ! Nous découvrons alors un étrange village composé uniquement de structures en bois sommaires recouvertes de bâches en plastique bleu. Ce sont en fait les résidences temporaires des éleveurs.

Le moment fort ? Notre rencontre avec un couple de bergers. On arrive tant bien que mal à se comprendre grâce aux smartphones. Ils nous expliquent leur mode de vie : la moitié de l’année à la ville, l’autre moitié sur ces hauts plateaux. L’éleveuse, dont une simple torgnole te fait sauter la moitié des chicos, nous raconte avec fierté qu’ils possèdent 500 bêtes. Puis, nous installons la tente trois ou quatre kilomètres plus loin face à une vue à t’en décoller la rétine.

Tokat et sa jolie vieille ville ottomane

La ville est surplombée par une citadelle perchée au sommet d’une colline rocheuse. Magique ! Nous déambulons dans les ruelles bordées de maisons ottomanes. Puis prenons un çay (thé) en compagnie d’un irakien immigré. Encore un moment de partage à découvrir des parcours de vie et d’autres cultures.

Perseşembe et ses fonds d’écran windows

Après notre passage par Tokat, nous changeons radicalement de décor. Il fait humide et presque froid. Nous sommes à 1500m d’altitude, cernés par un paysage vallonné de prairies vertes où vaches et moutons dégustent une herbe de premier choix. Nous voilà transportés en Irlande !

Nous rallions le village de Perseşembe. Cette bourgade semble étrangement agitée. Que se passe t-il ? La ville accueille un festival de produits artisanaux. Gözleme, frometon et autres réjouissances, on s’en est mis plein la bedaine. La bourgade vaut aussi le détour pour son point de vue extraordinaire sur l’océan de verdure aux alentours. C’est juste magique !

D'Ordu, la région des noisetiers, à Rize et ses montagnes couvertes de théiers

Nous traversons la région d’Ordu célèbre pour sa production de noisettes

Quoi ? Et ouais, toute cette zone est dédiée à la culture du fruit à coque. Des montagnes entières sont recouvertes de noisetiers. Pas facile de travailler sur ces pentes abruptes. On aperçoit entre les arbustes de nombreux systèmes de tyrolienne pour transporter les paniers contenant les récoltes. Tu savais toi, que la Turquie était le premier producteur mondial ?

Ah, le canyon de Haşit Çayı !

Alors là, on est sur du grandiose ! De larges courbes en bord de rivière avec de chaque côté d’imposantes falaises. Quel bonheur en Ural ! On profite alors à fond de l’inertie du trois-pattes pour onduler joyeusement dans les courbes. Clairement notre coup de coeur virolistique !

Après 5 jours de bivouac, nos effluves malodorantes commencent nous incommoder les sinus : cap sur le camping le plus proche. Plus facile à dire qu’à faire car si les aires de pique-nique sont légion, les spots proposant des douches sont plutôt rares. D’échec en échec, nous errons désespérément jusqu’à la nuit tombée. Le ponpon sur la Garonne ? Gobi souffle une bougie. Littéralement ! Le cylindre droit n’explose qu’à moitié ! Plus de couple. Nous voilà donc en pleine nuit noire, au milieu de nulle part, à pousser l’engin dans les ultimes montées nous séparant d’une aire de pique-nique salutaire. Pas de douche, mais un repas chaud. C’est déjà ça…

Rize, une région incroyable aux allures de Vietnam

Nous voici à Rize, prononcer Rizé. La particularité de cette région ? On y cultive le thé. Et surtout, les paysages sont absolument uniques. On ne s’attendait pas à tomber sur des paysages évoquant les contrées vietnamiennes. Nous tombons sous le charme ! Les versants montagneux qui bordent la rivière Lyidere sont entièrement recouverts de petits buissons à thé et il règne ici une atmosphère humide, brumeuse, quasi-moite. Incroyable ! Mais d’où vient ce coté « tropical » ? D’un micro-climat ! Le dicton du coin : « À Rize, il ne pleut que deux fois par semaine. Une fois 4 jours, une fois 3 jours. »

Sur la route, nous croisons des récoltants empaquetant des centaines de kilos de feuilles. Nous nous arrêtons, observons la scène, et curieux, on les harcèle de questions. Un des hommes nous fait signe de le suivre. La suite ? Un moment aussi génial qu’improbable. Le monsieur en question possède des hectares de plantations. Comme un enfant pressé de nous montrer tous ses jouets, il nous montre ses théiers, ses noisetiers, ses vignes… Il nous initie même à la récolte du thé avec une cisaille équipée d’un sac en tissu.

Il nous offre le çay (thé) et un repas, puis nous annonce « nous allons au mariage d’une cousine. Vous êtes les bienvenus ». On lui répond cash : on adorerait mais on n’est pas bien habillé et surtout, on ne s’est pas lavé depuis 5 jours. Ça ne le dérange pas, on est des voyageurs.

Immersion dans un mariage turc, une expérience géniale

Nous voilà embarqués à 16 dans un minibus 10 places ! Les pare-chocs frottent à chaque virage dans cette région où les pentes sont rarement sous la barre des 10%.

Une fois arrivés, Marion rejoint les tables des femmes et moi celle des hommes. Alors, ça donne quoi les danses turques ? Et bah, étonnamment, c’est assez proche de nos danses bretonnes. Femmes et hommes forment de grands cercles en se tenant par la main, balancent les bras d’avant en arrière et exécutent une série de pas. C’est une sorte de gavotte carrément survitaminée.

Ce qu’on trouve génial ? La musique est très répétitive, le rythme s’accélère, si bien que le fest-noz dérive progressivement sur la rave party. Les mouvements s’accélèrent, les hommes commencent à transpirer, vibrer, jusqu’à atteindre un état proche de la transe !

De retour au village, nos hôtes théiers nous offrent le dîner, le gîte, une douche plus que nécessaire et le lendemain c’est Kahvalti, le petit déjeuner local. Quel délice ! On va être honnête, la bienveillance turque ne cesse de nous impressionner. Leur hospitalité ne semble pas avoir de limite. Ils donnent, partagent, aident, sans rien demander en retour. Si bien qu’en partant, on a toujours un pincement au cœur.

Une grimpette de malade, de la piste, des paysages de dingues

Ces paysages de montagnes recouvertes de théiers et coiffées de nuages sont tellement beaux qu’on décide de prendre de la hauteur pour en profiter davantage. Et bah, on a rarement autant galéré en Turquie !! Le topo ? Plus de 2000m de dénivelé à s’enfiler sur 20km. De la bonne pente à 10% comme on l’aime ! Et pour corser l’affaire, les derniers kilomètres se font sur une piste de terre. Pauvre Gobi !! 650 kilos à mouvoir avec ce précieux oxygène qui se raréfie. Il revisite la ratatouille.

Le spectacle au sommet à 2400m d’altitude ? Incroyable ! On atteint un hameau, perché tout là-haut, où les bergers et leurs troupeaux semblent sortir tout droit de la brume. Nous posons nos séants fatigués sur un bout de rocher. Nous contemplons alors une mer de nuages sous nos pieds, une sorte de mousseline blanche immaculée. Et puis au gré des vents, des pans de montagnes se dévoilent. Mirifique !

Succession de décors : hauts sommets à Ikizdere, montagnes rocheuses désertiques à Ysufeli et forêts denses à Artvin

Un flotteur de cuve, ça déclenche des rencontres

Pas loin d’Ikizdere, nous débarquons à l’aire de pique-nique de Çamlik. Un endroit génial. paumé dans les montagnes, entouré par de denses forêts de sapins et lové dans le lacet d’une route à l’asphalt impeccable. Le must ? Le petit resto qui prépare de la truite grillée ou des köftes d’agneau. Parfait !
Le soir, nous rencontrons le gérant : un manager d’hôtel qui a tout quitté pour construire son petit paradis à lui. On adore le délire !

Le lendemain. C’est le départ. Première grimpette, Gobi ratatouille à fond. Aucune patate. Est-ce qu’on continue comme ça, en mode dégradé, ou l’on fait demi-tour et on bricole ? On joue la sécurité, demi-tour. Et nous voici au point de départ. On remonte la tente… Dépités… Nous passons alors la journée à bricoler Gobi. Le truc génial ? Pris de pitié par nos mésaventures, le tenancier nous offre le thé et une montagne de boulettes de viande (köfte). Le lendemain, on partage même le Kahvalti avec lui et le staff.

L’accueil est tellement chaleureux qu’on décide d’y passer une journée à rien faire. Pêche dans les rapides, baignade frigorifique et discussions philosophiques sur les choses essentielles de la vie autour du feu.

Un col verdoyant puis un canyon désertique

Nous quittons Çamlik avec un pincement au cœur. Décidément, on s’attache rapidement… Nous passons le col d’Ovit Geçidi à 2640m d’altitude. Trop contents !! Les paysages sont incroyables. On croise un berger accompagné de son molosse qui doit friser les 50 kilos.

Puis lors de la redescente, la température grimpe très rapidement. C’est surprenant ! On doit gagner 10 degrés en une vingtaine de kilomètres. Nous atteignons un impressionnant canyon aride. Une végétation quasi-inexistante, des pans de montagnes jaunes orangés rocailleux et cette chaleur sèche… On regrette les maigres 25 degrés de ce matin.

Après 40 kilomètres dans ce no-man’s land désertique, nous apercevons les premières oasis de verdure. Ce qu’on adore ici ? La vie est strictement limitée aux rives de la rivière Tchorokhi. Au-delà, rien ne pousse, rien ne bouge, que du minéral. Les rares habitations sommaires que l’on aperçoit donnent un côté postapocalyptique à ces décors surréalistes. On adore !

Finalement nous atteignons Yusufeli, où nous dégotons une petite piaule pour 10€ la nuit. Quel bonheur de prendre une douche !! Nous restons trois jours dans cette petite ville à observer la vie quotidienne et à apprendre à jouer au backgammon.

Le lac noir comme ultime étape

Avant de quitter la Turquie, nous faisons halte au lac de Karagöl à côté d’Artvin. Un spot aussi touristique que détendu. La cerise sur le gâteau ? L’entrée est gratuite pour nous car le responsable à l’entrée a flashé sur l’Ural. Le parking sert aussi de camping, alors on s’y installe. On adore ces ambiances conviviale en pleine forêt. Le premier soir, la famille voisine nous invite pour boire le thé. On en profite pour en apprendre davantage sur la langue turque. Maintenant nous savons notamment compter jusqu’à 10, commander au restaurant (du basique) et demander où sont les toilettes.

Notre périple turc touche à sa fin. Ce qu’on en retiendra ? Au risque de se répéter : l’accueil incroyable que nous avons reçu. C’est clairement le souvenir indélébile que nous garderons de ce pays. Mais tu sais quoi ? Ce n’est pas fini ! Et oui. La Turquie, on y retourne en automne (il y fait moins chaud) pour explorer des régions qui nous font de l’œil comme la Cappadoce, Izmir et la côte de la mer de Marmara. Bonne route à toi !
>> Tu veux en savoir plus sur notre visite d’Istanbul ?

5 commentaires sur “Voyage à moto en Turquie, Mer Noire et son arrière-pays (2/2)”

  1. Bonjour, quand étiez vous dans la région ? Je ne comprends pas si ce que vous publiez est live ou passé.
    Je vous ai déjà contacté car je suis actuellement dans la région avec ma topolino de 1948 sur les traces de Nicolas Bouvier. Je continue vers l’Iran
    Vos articles sont top. Je ne peux malheureusement pas aller sur des routes comme celles que vous emprunté ma voiture est trop faible et fragile.

    1. Bonjour ! Nous étions dans le Nord de la Turquie il y a 3 semaines. Il y a forcément un petit temps de décalage entre la réalité et nos articles car l’écriture, le traitement des photos et la mise en ligne prend du temps et impose d’avoir accès à l’électricité et internet. Le rythme des publications d’article sur notre voyage par semaine est d’un par semaine. Nous essayons de faire une « pause » dans le voyage toutes les 3 semaines pour travailler sur nos articles. Par contre nous postons sur notre page facebook beaucoup plus régulièrement.

      1. Bonsoir, je d’origine turc habitant à rize 53( kalkandere) j’ai fait un voyage de 2 mois en harley en passant par l’Italie, Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro, Grèce et pour finir j’ai parcouru le nord de la Turquie en passant par zonguldak, amasra, vide, sinop, ordu, trabzon et pour finir rize , que de la national , a Ovit on a des chalets où vous êtes passer a 2600 m en passant par ikizdere camlica et Ovit vous êtes sûrement passer par ispir pour aller a yusefeli et artvin et hopa , sa vous dérange pas si on peut échanger quelque mot du voyage avoir un portable ou e-mail bon retour à vous et prudence

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