Véritable carrefour des civilisations, nous savions qu’explorer la Turquie serait un moment fort de notre périple. Ce que nous n’imaginions pas ? Être accueilli aussi chaleureusement. Le sens de l’hospitalité turc est sans limite (ou presque). Dans ce premier article sur notre périple turc à travers les régions jouxtant la Mer Noire, nous te racontons nos péripéties d’Edirne à Kastamonu ! Bonne lecture !
Conduire en Turquie ou info à savoir
État des route et conduite locale
- Les routes sont plutôt en bon état.
- Istanbul est un véritable enfer à traverser en véhicule (labyrinthique, bouchon, conduite dangereuse). Si vous voulez visiter cette ville, on te conseille fortement de laisser ta monture à l’hôtel et d’opter pour les transports en commun.
- Sinon, dans l’ensemble, les turcs sont plutôt respectueux des autres conducteurs. Comme d’habitude, chacun possède sa propre interprétation du code de la route. Mise à part les dépassements sauvages sans visibilité dans les virages serrés, nous n’avons pas eu affaire à des fous du volant.
Nos premières rencontres avec les turcs
Edirne et ses sublimes mosquées
Comme entrée en matière en Turquie, ça envoie du bois !! Nous commençons notre exploration par la visite de 3 mosquées : Üç Şerefeli, Eski et Selimiye. Chacune est plus belle l’une que l’autre. Notre passe-temps favori ? Nous asseoir au sol sur la moquette, lever la tête et contempler l’immensité du lieu. On pourrait passer des heures à regarder les gosses jouer à chat, les adultes prier et de manière générale profiter de cette atmosphère si spéciale. C’est vivant, chaleureux, presque intimiste à l’opposé de nos cathédrales glaciales.
Nous poursuivons notre visite avec le quartier historique. Ce qu’on aime ici ? L’ambiance détendue avec les petits vieux qui jouent aux cartes. Génial !
Notre premier bivouac turc en bord de mer noire
Nous filons au parc Çilingoz Tabiat, une réserve naturelle en bord de mer noire offrant plage, forêt et rivière. Nous cherchons un spot de bivouac quand on tombe sur un camping. 7€50 l’entrée, raisonnable non ? On comprendra plus tard qu’on ne paye que l’accès. Tu peux donc y dormir une semaine en payant ce même prix.
Bref, comment qualifier cet endroit ? Spartiate. Une pinède les pieds dans la mer avec simplement un bloc WC et 6 douches sur la plage. Il y a des centaines de campeurs et pourtant les toilettes sont plutôt propres. L’ambiance y est géniale, c’est le lieu de rendez-vous des familles pour passer du bon temps au grand air. On adore ! Nos voisins nous offre le thé. Super sympa ! Et nous apprenons que les turcs adorent le camping !
Le lendemain, à peine réveillés, nous sommes embrigadés par un groupe d’amis. Ces stambouliotes sont bien équipés : barbecue, chicha, poulet pour un régiment et un samovar pour le thé. Un samo-quoi ? Samovar ! Cet ustensile est incontournable pour les turcs. En bas, il y a un foyer pour le feu, au-dessus, une grande réserve d’eau, et au sommet un piédestal pour le thé. Tout en haut, tu as donc du thé hyper-concentré que tu dilues dans chaque tasse avec l’eau chaude du grand contenant. Voilà !
Ce qui nous amuse chez nos amis ? Ils sont accrocs aux photos alors Marion s’improvise portraitiste. Et puis ils nous régalent sans compter : salade, poulet mariné, fromage,… Nous mangeons comme des rois. Même lorsque notre estomac est rempli, ils nous disent « mange » « mange » ! Quel moment magique ! Si tous les turcs sont comme ça, on ne va pas s’ennuyer. NDLR : ils sont tous comme ça !
Istanbul, la ville tentaculaire
Un passage par la concession Ural Istanbul
Circuler dans la plus grande ville turque est une épreuve. Une épreuve d’orientation, de vigilance et de patience. On te raconte dans cet article.
Bref, après avoir vu notre vie défiler à plusieurs reprises, nous faisons halte à la concession Ural Istanbul. L’objectif ? Faire le plein de pièces détachées (plaquettes, filtre à huile, etc…)
Évidemment, avec notre poisse, c’est jour férié (fête de la démocratie)… Tout est fermé. Le tenancier du café en face nous voit galérer, tourner en rond, alors il appelle le gérant de la concession. « Allo, Murat, y a des francais en Ural qui te cherchent ». T’imagines la tête du Murat à l’autre bout du fil ? Ni une, ni deux, alors qu’il ne travaille pas, le gars débarque. C’est énorme ! Après une visite de l’entreprise, il nous explique par google translate interposé qu’à cause de la guerre, ils n’ont plus de pièces détachées. Rien. Nada. Niet. Résultat ? On repart bredouille. Mais ! Murat passe bien 30 minutes à nous aider à trouver un logement pas cher dans la périphérie d’Istanbul avec parking privé.
Le Nar Palace, un hôtel de passe comme on n’en fait plus
Nous voilà au Nar Palace, situé à environ 20km du centre historique d’Istanbul. Le tarif ? 275 livres la nuit, soit 16€. Imbattable ! Surtout pour un hôtel avec parking privé. Alors, évidemment, il y a des contreparties, comme l’heure et demi (théorique) que nous devons passer dans les transport en commun pour rallier le centre d’Istanbul.
Mais alors, quid du parking, notre Graal ? Et bah, nous dormons dedans ! Et ouais, il a été reconvertis en chambres sans fenêtres. Il semblerait que les gérants aient omis de changer les photos de leur site internet. Toutefois, la réceptionniste est super sympa et nous garons l’Ural juste devant la réception ouverte 24/24. Elle nous lance même un petit pic : « ne vous inquiétez pas, c’est safe ici, on n’est pas en France ». Touché !
Nous resterons 4 nuits dans cet établissement où l’insonorisation est carrément sous-dimensionnée au regard des « activités sportives » qui y sont pratiquées. Demain, nous commençons l’exploration de la ville. Nos coups de cœur ? Nos quartiers préférés ? On te dit tout dans cet article dédié à notre exploration stambouliote.
La superbe côte de la Mer Noire
Plongée en campagne profonde
Après l’effervescence et le stress d’Istanbul, nous partons nous ressourcer en pleine nature. Il semble que nous soyons au milieu de nulle part… Nous traversons quelques hameaux où les habitants nous regardent passer d’un air éberlué. Au bout d’un moment, nous apercevons des colonnes de fumée ici et là. Puis, des monticules de bois. Nous nous rendons compte que certains sont recouverts de terre. Nous découvrons alors que les locaux fabriquent du charbon de bois !
3 jours à l’ombre d’un noisetier
Nous longeons alors la mer noire. On adore cette partie de la côte. Notre préférence ? Les criques et les falaises qui se jettent dans l’eau. Une sorte de mille-feuilles rocheux en équilibre instable coiffé de forêts. Extra !
Arrivés à Akçakoca, nous posons le campement au Gürme. Quésaco ? Un resto avec un grand jardin qui accepte les tentes. C’est sommaire, basique, mais pour 5,5€ la nuit, c’est parfait. Et puis, il suffit de marcher 12 pas pour satisfaire notre addiction quotidienne en caféine. Nous passons 3 jours ici, à l’ombre d’un noisetier. Le programme après nos kilomètres de marche stambouliotes ? C’est repos ! Et puis les tables pour l’apéro les pieds dans l’eau, c’est génial, non ?
Cap maintenant sur Safranbolu !
Nous retrouvons l’arrière-pays turc et ses superbes paysages montagneux. Des virages, de la forêt, c’est le pied à moto !
Comme son nom l’indique, c’est la capitale du safran (en Turquie) ! Tourisme oblige, on en trouve à toutes les sauces : brut, en loukhoum, en savon, etc…
Toutefois, la ville a un autre atout. Lequel ? Elle est inscrite à l’UNESCO pour ses maisons traditionnelles pittoresques. Au XVIIème siècle, leur architecture a influencé tout l’empire ottoman. Faut dire que le commerce de la fleur de crocus, ça rapporte ! Et les négociants de l’époque, ne se sont pas privés de construire de spacieuses résidences en bois et pisé. C’est sublime !
Bye bye les touristes ! Nous retrouvons nos montagnes et la nature, à la recherche d’un lieu discret et si possible idyllique pour planter la tente. La quête s’achève à la tombée de la nuit. La beauté de l’endroit se révèle le lendemain matin… Le pari est réussi, tu ne crois pas ?
Amasra, une cité un peu surfaite dans un cadre sublime
Amasra est décrite par le petit futé comme « l’un des plus beaux villages de la mer noire ». Bon alors, qu’en est-il vraiment ? Et bien, il faut nuancer. Clairement, la localisation est incroyable : entre crique et presqu’île, avec les montagnes qui tombent dans la mer et des panoramas géniaux. On pourrait passer des heures à contempler le bleu profond de ses eaux. Mais ? Mais, la ville en général ne présente pas grand intérêt. Donc bon… on est mitigé cochon d’inde.
Çakraz, une minuscule station balnéaire toute mignonne
Ici, c’est différent. Cette station balnéaire est minimaliste assez mignonne. 2 rues, une unique plage de 400 mètres et un panorama fantastique entouré par deux falaises aux teintes ocre foncé. L’ambiance est détendue, familiale et les prix pratiqués sont carrément corrects. On valide !
On voit alors un duo de musiciens s’échauffer les phalanges. Timides, nous hésitons à les aborder. Quelques minutes plus tard, c’est eux qui viennent chanter pour nous alors qu’on prend un café. Un combo derbouka / clarinette génial !
De vraies montagnes russes !
Cette section de la côte de la mer noire est géniale. Nous naviguons de crique en crique en passant par des cols montagneux. Les pentes à 10% se succèdent, Gobi peine à garder le rythme, mais les belvédères sur la mer noire en valent carrément la peine. On en prend plein les mirettes!
Immersion dans le bocage turc
Le fantastique canyon de la Valay Çayi
Et maintenant ? On s’enfonce dans les terres. Nous explorons le canyon creusé par la Valay Çayi. Une rivière de pierre, de vastes pinèdes et seulement quelques maisons d’éleveurs. Un décor de rêve et des virolos en pagaille. Quel pied !
Puis soudain, les décors changent. Nous voici dans la campagne turque avec son patchwork de champs et de cultures. On note rapidement des différences avec notre schéma français. Lesquelles ? Les parcelles sont bien plus petites, les cultures plus variées (blé, maïs, pastèque, riz, poivron,…) et surtout, les haies bocagères sont bien présentes ! C’est peut-être à ça que ressemblait l’hexagone avant le remembrement.
La bienveillance turque, encore et toujours !
Près de Kastamonu, nous dégotons un spot de bivouac trop cool en bord de rivière. Le hic ? Il fait plein jour, des agriculteurs sont pas loin, alors on n’est pas sûrs de notre coup. C’est alors qu’un jeune vacher passe avec son troupeau. On l’alpague. Par Google translate interposé, nous demandons : « On peut camper ici ? » « Bien sûr, partout c’est possible » nous répond-il. Le moment le plus fou ? Une heure plus tard, il réapparait avec son frère : ils nous amènent des duvets et du bois allume-feu. T’imagines, il revient nous voir après le travail pour faire en sorte que l’on n’ait pas froid la nuit. Énorme !Traversée d’une campagne plus « aride »
Les paysages changent à nouveau. Le vert des forêts et les montagnes rocheuses font place à de grandes plaines cultivées délimitées par des monts rocheux arides. Des paysans récoltent le fourrage « manuellement », des tracteurs le transporte, tandis que des gamins armés de grands bâtons courent au milieu de quelques vaches pour les pousser dans leur transhumance quotidienne.
« Piknik alanı » les aires de pique-nique, une institution turque
Nous quittons l’intérieur des terres pour retrouver la côte. Nous trouvons par hasard un camping pas cher à Sinop, à deux pas de la mer noire. Mais est-ce vraiment un camping ? Pas vraiment. C’est plutôt une aire de pique-nique, où accessoirement, il est possible de dormir pour 3€. Les turcs s’y ruent en famille les week-ends comme en semaine. Pourquoi cet engouement ? Sans doute parce que beaucoup vivent en appartement. N’ayant pas de jardin privé pour faire des grillades (même si souvent les balcons sont équipés de cheminée pour faire des BBQ), ils se retrouvent dans ces aires naturelles.
On adore, ça déclenche des rencontres. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe avec nos voisins. Ils nous alpaguent. Manifestement, ils ne font pas partie des 83% de musulmans qui peuplent ce pays. Ce qui nous fait dire ça ? Le rakja qui coule à flot. Après quelques shooters, ils nous apprennent à compter en turc. On te garantit que ce n’est pas la méthode la plus efficace ! Le moment marrant ? Un de nos voisins demande « Jérémy, tes ancêtres se sont installés quand en France ? ». Incroyable ! J’ai tellement une tête du pays qu’ils pensent que je suis un fils d’immigré turc.
Au passage, on s’aperçoit que nous avons ramené un souvenir de notre séjour sous le noisetier : des chenilles. Comment on s’en rend compte ? Et bien, plutôt que de demander gentiment pour sortir, elles grignotent notre toile de tente. La tuile…
Le lendemain, nous repartons à l’aventure en direction de l’Est.
Bonjour, je refais la route de Nicolas Bouvier avec une fiat topolino de 1948. Comme la sienne. Je traverse actuellement la Turquie par le nord. Très intéressant votre blog. Ou êtes vous actuellement ?
Merci ! Nous sommes actuellement en Géorgie, vers Ozurgeti, en immersion dans une famille géorgienne. On en profite pour faire une petite pause après 4 mois sur la route.