Tu l’as compris, nous ne sommes pas fan des spots à touristes. Alors en préparant notre itinéraire croate, on s’est dit : pourquoi ne pas traverser la Croatie par les pistes ? Histoire de découvrir l’arrière-pays et faire des rencontres authentiques. Le pari est réussi ! Nous avons quand même fait un petit crochet par l’Adriatique pour voir si l’eau y était chaude. On te raconte tout ça dans cet article. Bonne lecture !
Le passage de frontière Slovénie - Croatie
Une entrée en Croatie déroutante
Il semblerait que nous ayons fait bugger le garde frontière. Nous lui donnons les passeports, pas de souci. Puis au moment de regarder la carte grise, on sent que quelque chose le chagrine. Il commence à causer avec sa collègue, vérifie la correspondance des numéros moteur, se gratte le peu de cheveux qui lui reste… Quelque chose ne va pas.
On lui propose notre carnet de passage en douane, mais ça ne lui va pas. « When you buy it ? » « What year of registration? » « It’s from the war? » On comprend alors que l’Ural typé militaire avec une première immat en 2011, ça les déroute. Au bout de 15 min, le gars va sur son PC (sans doute sur le site Ural), et revient tout penaud : « Sorry, I thought it was old. Welcome ! ». On peut y aller !!
Nos premières impressions
La Slovénie nous évoquait une maquette de modélisme avec ses pâturages tondus au millimètre, les bûches rangées au cordeau et les maisons parfaitement entretenues. En entrant en Croatie, le décalage nous saute aux yeux. Le paysage dans son ensemble est similaire, mais les différences sont dans les détails. Les maisons sont parfois décrépites, les locaux travaillent la terre à la main, les prairies sont moins régulières… Cela nous va très bien. La perfection des campagnes slovènes avait un côté flippant. On se sent mieux quand c’est un peu le bordel, ça laisse place à l’inattendu !
Arrivés à Delnice, nous faisons une pause dans un bar avec la WIFI pour rechercher un hébergement. Les barmans sont très sympas ! On comprend rapidement que tous nos paiements en Croatie se feront en Kuna croate. Les cartes bancaires, qu’est-ce que c’est ? Ici, les gens fument dans les bars. On avait oublié cette odeur de clope qui imprègne tout…
Le prix des Guesthouse étant le même que certains campings slovènes, nous décidons d’opter pour un peu de confort. Nous arrivons vers 19H à la Guesthouse Potok à Lokve. Une petite mamie adorable nous accueille avec un shooter d’alcool à la myrtille. Elle ne parle que trois mots d’anglais mais c’est bien suffisant pour se comprendre. On a même une petite cuisine toute équipée pour préparer notre dîner.
Les pistes du Trans Euro Trail en sidecar Ural
L’ouest du pays par les pistes de forêt
Comment a t-on dégoté ces tracés ? Grâce à l’incroyable projet Trans Euro Trail. Des motards passionnés d’enduro dénichent des pistes partout en Europe et mettent les traces GPS à disposition gratuitement. Le must ? Les tracés sont connectables entre pays. Quand on te dit que c’est génial !!
Bref, nous nous enfonçons dans les montagnes forestières. Les décors sont superbes ! Après une heure de piste, nous tombons nez-à-nez avec une barrière. Y en avait-il une de l’autre côté ? Oui, mais elle était ouverte. Deux options s’offrent à nous : soit, on se retape le chemin dans l’autre sens, soit on trouve un moyen de contourner l’obstacle.
Marion part en éclaireuse et trouve une alternative, mais pas des plus simples. On est là pour ça, non ? On s’engage alors sur un sentier bien technique où il faut dégager de grosses caillasses, des branches et des petits troncs. Ça secoue dans tous les sens, le sabot moteur racle tout ce qu’il peut, les suspats shock factory mangent sévèrement… mais on y arrive !! Cela nous aura coûté 40min et une grosse suée pour faire le tour de cette p**** de barrière.
Une nuit mémorable dans un grenier à foin
Complètement rincés, nous sortons de la forêt avec la folle envie de poser la tente et pioncer. Un camping ? Trop loin. Hôtel ? Pas dans notre budget. Alors, on roule au ralenti, en attendant d’établir un contact visuel amical avec un local. Ça marche avec un fermier !! On va le voir « can we sleep in your garden? On a de la chance, il parle anglais. Il accepte. On lui offre une bouteille de vin slovène pour le remercier puis il nous propose de dormir dans son grenier à foin. Il parait que c’est sa « chambre d’ami » quand ses invités lui rendent visite et qu’ils finissent complètement ivres. Effectivement, il y a plusieurs matelas là haut. Comment refuser ?? S’en suit une nuit mémorable baignée dans l’odeur du foin qui sèche.
Notre détour par la route longeant l'Adriatique
Le parc du Nord Velebit
Un peu inquiets de retrouver des barrières sur notre chemin et Marion voulant voir la mer, nous quittons les pistes. Allons dire bonjour à la côte dalmatienne ! Les paysages du parc du Nord Velebit sont splendides. L’ambiance change du tout au tout et devient Méditerranéenne. Les montagnes rocailleuses tachetées de végétation plongent dans une mer d’un bleu intense. Magique !
Pause déjeuner à Senj
Il est temps de goûter les spécialités locales ! Nous nous arrêtons à Senj, une petite ville balnéaire fortifiée. La mer est d’une transparence !! Nous dégustons nos premiers bureks, assis sur un quai du port et hypnotisés par les nuances de couleur des îles lunaires face à nous.
C’est dimanche, le temps est radieux. Forcément, les motards sont au rendez-vous ! Nous rencontrons même un confrère de notre side-car. Un UAZ, l’équivalent russe de notre estafette. La route est un véritable billard ! Elle serpente à flanc de montagne en offrant des points de vue incroyables sur la multitude d’îles. Magnifique ! Une pure merveille de la nature.
Un autre jolie rencontre
Il est temps de repartir dans l’arrière-pays. C’est que nous avons rendez-vous ! Le décor ? De somptueux hauts-plateaux à la végétation rase parsemée de rochers. On se croirait presque dans le Larzac ! Et là, bah, il n’y a que nous pour écouter la douce mélodie des oiseaux, enfin de notre moteur… Quel bonheur !!
Grâce à la magie des réseaux sociaux, nous faisons la connaissance de Rod. Ce britannique, ancien constructeur de sidecar, s’est installé en Croatie après être tombé amoureux du pays. Une soirée super intéressante.
On comprend notamment que le Croate a un fonctionnement proche du Laotien. Comment ça ? D’abord, sa maison ne lui sert qu’à manger et dormir, toute sa vie se fait à l’extérieur. Ensuite, une fois passé une phase d’observation (qui peut durer un an) si un croate décide que tu es son ami, bah, c’est pour la vie. Enfin, de part son histoire tragique toute récente, les locaux prennent la vie comme elle vient et profitent de ce qu’ils ont. Carpe diem, ou « Bor Pen Nyang » pour la version laotienne. Et ça, on adore ! Après cette soirée géniale, notre regard est changé. On se prend d’attachement pour ce pays et ses habitants.
Bières, saucisson, pistes et sueur
On repart à l’assaut des pistes du TET. Ça commence gentiment par des chemins à travers des pâtures à vaches. Quelle sensation de liberté géniale !! Notre préoccupation ? Bien rester dans les traces déjà pratiquées. Et oui, dans un coin de nos cerveaux traîne cette petite appréhension de la mine.
Au détour, d’un chemin, on aperçoit un croate qui nous fait des grands gestes, notamment un très explicite imitant l’action de boire un coup. Qu’est ce qu’on fait ? Bah, on s’arrête, pardi !!. Le gars ne parle pas un mot d’anglais. Nous communiquons notamment grâce à notre tour de cou langage universel. Qui est-il ? Un habitant de Split qui vient le week-end sur son terrain où il y a juste de quoi dormir et faire rôtir un cochon. C’est d’ailleurs ce qu’il s’apprête à faire grâce à son tourne broche confectionné à partir d’un moteur d’essuis-glace et d’une courroie de machine à laver. Ce qu’on adore ? Retrouver cette ingéniosité du système D. Les souvenirs du Laos remontent.
Bières, saucissons, pain… il nous accueille comme des rois. On comprend qu’il passe sa journée comme ça, à boire et à rigoler avec des gens de passage, notamment des motards du TET, en attendant que ses copains arrivent pour le cochon. Euh, et si on s’installait en Croatie nous ? Ça nous plaît bien cette philosophie de vie.
En attendant, on repart galérer dans les pistes. Ce qui nous attend : une montée bien raide parsemée de caillasse et de petits rochers. On pousse nos pneus Heidenau K28 typés route dans leurs retranchements. Comment faire pour venir à bout de cette colline de l’enfer ? Délester Gobi des bagages pour moins le solliciter et POUSSER ! Ça marche !! Au prix de quelques litres de sueur, on atteint le sommet.
On se met alors en direction d’un camping. La petite surprise ? Maps.me a un peu zappé de nous prévenir que la route y menant était en fait une piste. Super… la nuit tombe. On décide de bivouaquer en forêt. Officiellement, c’est interdit, mais dans les faits, c’est toléré dès lors qu’on laisse l’endroit propre et qu’on ne fait pas de feu. La bande son de cette fraîche nuit ? Une partition mêlant hululements, hurlements d’animaux et ronflements de fatigue. Réveil aux aurores. Le spectacle ? Un lever de soleil à couper le souffle.
Merci pour ce témoignage qui me réconcilie avec la Croatie ! Effectivement, il faut s’échapper des sentiers touristiques.
Oui, et peut-être opter pour le hors-saison. En avril c’était super !
Salut vous deux
Vos articles sont toujours aussi agréable à lire et à voir.
Quoique, je trouve qu’on ne voit pas assez Marion sur les photos…
Jérémy va me faire une grosse tête, si on arrive à se voir un jour…
Bonne continuation, bon trip.
Eric