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Quelle est l’histoire du side-car Ural russe ?

    Ural, voilà un mot qui sent bon le froid sibérien, la rudesse à barbe et la vodka ! Alors de quoi s’agit-il ? A la base, c’est une chaîne de montagnes. Mais c’est surtout l’entreprise qui produit les camions blindées 6×6 et les sidecars de l’armée russe. Finesse et raffinement ? Absolument pas. Faut que ça roule, que ça soit simple et que ça résiste aux balles. Dans cet article, on s’intéresse aux trois-pattes soviétique. Produits non-stop depuis 1946 et d’abord destinés à la guerre, ils trouvent une nouvelle jeunesse auprès des voyageurs.
    Quelle est l’origine du sidecar Ural ? Ou est-il produit ? Pourquoi nos amis britanniques n’ont pas de 2WD ? Autant de questions auxquelles nous répondons dans cet article. Bonne lecture !

    A l'origine, le side-car Ural était une machine de guerre

    Un peu d’histoire pour débuter cet article.

    Il était une fois, un certain Joseph Staline. En 1940, il se leva un matin avec une question qui lui taraudait l’esprit : « Comment faire pour que mes soldats puissent se déplacer rapidement sur le terrain ? » Et oui, la guerre faisait rage et il devait trouver un moyen efficace pour répondre à la Blitzkrieg allemande alias la Guerre éclair. Mobilité, était le maître mot ! Qu’à cela ne tienne, un conseil de guerre fut organisé. Verdict ? « Il nous faut un sidecar ». Ok, mais développer un véhicule, ça prend du temps….

    Autant s’inspirer de ce qu’il se fait déjà…

    L’Armée Rouge jugea alors que le BMW-R71, utilisés par les nazis, serait une bonne base de départ. D’ailleurs, ils firent un peu plus que s’en inspirer…. car, comment dire ? Ils en achetèrent 5, les ramenèrent au pays, les démontèrent puis créèrent des moules de chaque pièce. Méthode radicale mais efficace. 1 an après,  le Dnepr M-72 voit le jour ! Il est si bien que le petit père des peuples en lance la production massive.

    Dnepr M-72, side-car Russe
    ©http://autocart.biz/dnepr-m-72/
    Le site de production est alors à Moscou.

    Mais, les Nazis progressent vite et la zone devient alors un peu sensible. La décision est prise de délocaliser la production au cœur des montagnes de l’Ural, plus précisément à Irbit. Petite anecdote : la brasserie locale fut reconvertie en bureau de Recherches et Développement.

    Fin-Octobre 1942, les premiers sidecars Ural font leur baptême du feu. Et à la fin de la guerre, ce n’est pas moins de 9799 véhicules qui auront été produits !

    Que sont devenus les side-cars Ural après la guerre ?

    Comment passe-t-on d’un engin de guerre à un véhicule de voyage ?

    Et bien, à la fin des années 50, la décision fut prise de réorganiser les usines. Le site KMZ à Kiev ne ferait plus que du militaire, alors que IMZ à Irbit, ne produirait plus que du civil.

    IMZ, KMZ, quésaco ? Il s’agit des lieux de production : I pour Irbit en Russie, K pour Kiev en Ukraine. IMZ vaut pour Irbitskiy Mototsikletniy Zavod, qui signifie fabrique de moto d’Irbit.

    En 1953, les premières exportations débutèrent vers les pays en voie de développement. En 1960, les pays développés s’y mettent aussi. Les atouts du side-car Ural ? La bonne combinaison de prix, robustesse et utilité.

    En 1998, Ural est rachetée par des privés.

    Finie l’entreprise d’état, et ça change tout ! Les nouveaux dirigeants apportent de nombreuses idées et surtout la volonté de moderniser le 3 pattes. L’objectif ? Conserver le look mais améliorer la qualité et la robustesse. Cela fait donc 20 ans que le fameux side-car s’améliore !

    Et il n’y a qu’à voir l’origine des pièces utilisées pour se rendre compte de cette volonté d’évolution. Les  carburateurs Keihin sont japonais ; l’allumage est signé Ducati, Italie ; la pompe à huile Herzog est allemande ; la boite de vitesse est fournie par SKF en Suède ; les durites d’essence sont autrichiennes, produites par Semperit. Et cette liste n’est pas exhaustive. Autre symbole de cette évolution, le passage à l’injection électronique. Et oui ! Depuis 2014, certains modèles sont pourvus d’injecteurs made in USA, produits par Electrojet.

    Aujourd’hui, la concurrence se réveille. Notamment avec Chiang Jiang qui commercialise des sidecars à l’aspect pour le moins similaire.

    Chiang Jiang, side-car Chinois

    Le side-car Ural de nos jours

    Il est important de noter que de nos jours, les URAL sont toujours produits à Irbit en Russie. En 2010, la production annuelle était de 800 véhicules.

    Side car Ural - Uralistan, voyage roadtrip en sidecar à travers l'Europe et l'Asie
    Association Ural France
    https://ural-france.com/
    Alors, où sont-ils exportés ?

    Difficile d’avoir des chiffres précis. Mais on sait que seulement 3% sont vendus en Russie. Le reste part à l’international. Notamment aux USA où ils trouvent un fort succès, ainsi qu’au Canada et en Australie. Dans une moindre mesure, les trois-pattes sont aussi distribués en Europe.

    Le marché Français, même si il est faible, présente une  communauté soudée de passionnés.

    Enfin, les japonais et coréens sont de plus en plus demandeurs. Il n’y a qu’à voir la ferveur de  leur page facebook pour s’en rendre compte.

    Quelques petites anecdotes et faits improbables

    Voici quelques faits croustillants :
    • Les britanniques n’ont pas de modèles 2WD car ils roulent à gauche. Le panier étant à gauche, il est impossible de relier la roue du panier au pont. Même punition pour les Australiens.
    • Certains Ural sont équipés d’une trousse de premiers secours comprenant : Vodka, sardines à l’huile et chewing-gum. Pratique, non ?
    • Il existe un modèle à propulsion électrique. Il est toujours en phase de test à l’heure où nous écrivons cet article
    • Certains modèles en production limitée ont vu le jour. Notamment le Transsib, le Air équipé d’un drone, ou encore le MIR en hommage à la station orbitale. A noter le tout nouveau From Russia with Love, référence aux icônes de l’espionnage.
    • Un modèle 3 roues motrices a vu le jour. Mais on est plus proche de l’expérience de Frankenstein bien imbibé à la vodka que d’un prototype officiel.
    Voilà, vous êtes maintenant incollable sur l’Ural. Mais après la lecture de cet article, on est en droit de se demander : pourquoi voyager avec cette bête étrange ? C’est vrai, il a une conception simpliste, pas d’ABS,  pas de traction control, pas d’électronique. Ça roule, c’est déjà bien 🙂
    Et vous verrez, ça peut parfois relever du masochisme. Mais c’est sans doute le prix à payer pour voyager sur un véhicule de légende, un véhicule qui fait tourner les têtes, celui qui suscite interrogations et curiosité ! Bonne route à tous !!
    >> Lire l’article sur pourquoi choisir de faire un road trip en side-car Ural.

    2 commentaires sur “Quelle est l’histoire du side-car Ural russe ?”

      1. Salut Xavier,

        Oui, c’est possible de visiter.
        Et si tu t’y rends avec ton Ural, tu recevras un accueil incroyable 🙂

        Notre ami suisse, Patore, y était il y a quelques semaines.
        Il a eu le droit à une visite du site + révision de sa bécane.
        Tout ça gracieusement offerts par les locaux, qui étaient ravis de voir un de leur Ural voyager 😉

        Bonne semaine à toi.
        Jérémy

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