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Road-trip au Kirghizistan en sidecar Ural (5/5)

    Dernier épisode sur le Kirghizistan, un pays qui ne cesse de nous surprendre. Et alors que nous y parcourons nos derniers kilomètres, nous en découvrons encore de sublimes joyaux. Tu veux des exemples ? Le col de Moldo-Ashuu et sa succession de lacets qui devrait figurer parmi les routes légendaires à moto, le lac Kol Su et son eau turquoise ou encore la plaine de Baetov coupée en deux par une gigantesque saillie. Bref… C’est mirifique ! Bonne lecture !

    Itinéraire de notre road-trip au Kirghizistan

    Étape majeure de la route de la soie, le Kirghizistan était pour nous une destination très attendue. Afin de profiter d’un itinéraire idéal, nous avons demandé conseil à des experts : Ountravela ! Ils ont arpenté ce pays durant plus de 10 mois afin d’y dénicher des pistes et des sites incroyables. Alors, autant dire qu’ils sont calés sur le sujet ! Si toi aussi tu désires visiter le Kirghizistan, nous te conseillons vivement leur livre de voyage recensant les plus belles pistes du pays.  Découvrir leur livre  » Explore Kirghizistan ».

    Points de vue et lacets

    Le col de Moldo-Ashuu : une pépite panoramique

    Fidèle à notre habitude, nous suivons les yeux fermés l’itinéraire issu du livre d’Ountravela. Au programme aujourd’hui ? La piste 17. Innocemment, nous grimpons jusqu’au col de Moldo-Ashuu sans trop savoir à quoi nous attendre. Et là, c’est la fracture de la rétine surprise. À 3346m, le panorama est absolument génial ! Les montagnes s’étendent à perte de vue et nous pouvons distinguer en contrebas la minuscule piste que nous allons ensuite emprunter. Splendide ! Quelques centaines de mètres plus loin, c’est le double effet kiss-kool. C’est-à-dire ? Nous découvrons la deuxième merveille du coin : une sublime série de lacets ! Serpentant à flanc de montagne, cette « route » est clairement l’une des plus belles que nous ayons arpenté. Un mélange curieux entre la Transfagarasan roumaine et l’Abano Pass en Géorgie. Magnifique ! En termes de route de ouf, ça se pose là.

    11km plus loin, et 800m plus bas, nous arpentons un canyon entouré de forêt pour ensuite explorer des contrées nettement plus arides. Seul un ruisseau traverse ces paysages désertiques créant une oasis de verdure. Nous profitons d’un passage à gué pour offrir un brin de toilettes à Gobi. La surprise ? Nous redécouvrons notre plaque d’immatriculation qui était dissimulée sous 1cm de crasse en tout genre ! Pour finir en apothéose cette journée mythique, nous bivouaquons sur les berges de la rivière Naryn. What else ?

    Puis, nous demeurons quelques jours dans la ville de Naryn pour nous reposer et retrouver Margaux (etonvaoùmaintenant), Lucas et Oscar, trois motards français en voyage.

    La boucle du lac Kol-Su

    Le gras, c’est la vie

    Au sud-est de la ville de Naryn, nous nous enfonçons dans les montagnes à plus de 3200m d’altitude. La piste 19 issue du guide d’aventure de nos amis d’Ountravela nous fait serpenter le long d’une rivière. C’est juste magnifique ! Rapidement, Gobi nous fait comprendre qu’il a du mal à respirer. Nous faisons alors une petite halte au bord de la piste pour changer de gicleur et nettoyer le filtre à air qui s’encrasse à vitesse grand V. C’est alors que des locaux s’arrêtent à notre niveau. « Problem ? » nous demandent-ils. Nous leur répondons que tout va bien, puis ils nous offrent une bouteille de Kumis. Le Kumis, c’est du lait de jument fermenté dont le goût étrange mêle à la fois le bourru et la « ferme » ou le vieil animal. Nous n’en raffolons pas.

    La suite ? « Le gras, c’est la vie ». Et oui, il a dû pleuvoir ou neiger la veille car les ornières boueuses sont légion. Le kif en Ural ! C’est clairement son terrain de prédilection. Sentir partir la roue arrière au moindre coup de gaz nous donne la sensation d’être en spéciale de rallye routier. Bon, d’accord, il nous en faut peu… À la fin de la journée, le sidecar et ses occupants sont entièrement tartinés de gadoue.

    Une fantastique rando jusqu’au lac Kol Su
    Après un formidable bivouac en bord de rivière, nous atteignons finalement un camp de base. Nous profitons d’un café pour négocier avec la tenancière de la yourte le parking pour l’Ural. Puis, c’est parti pour 5 heures de rando !

    Quid des paysages ? Fantastiques ! Les larges vallées verdoyantes avec les montagnes en toile de fond nous rappellent un peu la Suisse ou le Haut-Jura. Bon, d’accord… les troupeaux de yaks qui paissent dans l’eau ne font pas très helvètes. Certes… Ça grimpe, ça grimpe. Nous y laissons quelques litres de sueur mais finalement nous atteignons le lac de Kol Su. Quelle beauté ! Victor et Olivia d’Ountravela nous avaient prévenu : c’est pour eux le plus beau lac du pays. Et on comprend pourquoi : les eaux sont d’un bleu intense, des aigles à l’envergure démesurée quadrillent les airs et les montagnes rocheuses gris-argent constituent un décor subjuguant. D’ailleurs, tu connais la meilleure ? Cette sublime retenue d’eau fut créée par hasard suite à un éboulement qui a clos l’écoulement du ruissellement. La nature fait bien les choses.

    De l’essence de contrebande à la qualité surprenante
    Nous enchainons les passages à gué. En fait, la zone que nous traversons est située entre une dorsale montagneuse et la rivière Aksay. Le soleil tape, provoquant ainsi la fonte des neiges et irriguant joyeusement les centaines de petits rus perpendiculaires à notre piste. Nous en profitons pour laver Gobi. Faut dire que le refroidissement du moteur se fait moins bien lorsque les ailettes sont pleines de boue.

    À quelques mètres sur notre droite : miradors et barbelés. C’est la frontière chinoise. Est-ce une bonne idée de bivouaquer dans la région ? Pas vraiment. Mais, il fait déjà presque nuit noire. Nous essayons alors de planter la tente à côté du lac Çatir Kul. C’est un échec, les berges sont trop loin de la route. Alors nous décidons de camper là, un peu au milieu de nulle part. Sans doute intrigués par notre présence, une vingtaine de chevaux curieux galopent pour nous rendre visite. S’en suit un échange de regard irréaliste, puis une nuit plus ou moins sereine.

    Le lendemain, après quelques kilomètres nous arrivons à Torugart. N’étant pas sûrs d’avoir assez d’essence pour pouvoir compléter la piste 20, nous faisons halte à la station de cette espèce de « village » frontalier. Pas de chance, elle est définitivement fermée. Nous tentons alors notre chance au bouiboui d’à côté. « Benzin ? 5 minutes », nous répond-t-on. Et effectivement, 3 minutes plus tard, un jeune en Subaru débarque et sort de nulle part un bidon de 10 litres de 92. Parfait ! Fait incroyable ? Il est de meilleure qualité que le 95 de la station de Naryn.

    La piste de Baetov

    Du Kok Boru dans les montagnes

    Nous attaquons maintenant la piste 20 ! Le premier tiers est assez roulant. Ça grimpe gentiment. Les paysages ne cassent pas trois briques à un canard mais ils changent soudainement ! Nous pénétrons alors dans une espèce de canyon. Le décor ? Une succession de vallées entourées de concrétions rocheuses ocres et parfois rouges. Certaines ont l’allure de Jabba le Hut, sorte de gros amas de sable lissé par la pluie, avec des cavités horizontales ressemblant à des yeux. Très étrange !

    La grosse surprise ? Nous tombons sur un match de Kok Boru, jeu ancestral kirghize. Sorte de croisement entre le rugby et le polo, nous avions assisté à un match sur les rives du lac Song Kul avec des membres de l’équipe nationale. Aujourd’hui, nous assistons à l’entrainement des juniors. Ce qui nous fait halluciner ? Le contraste entre ces frêles gamins de 15 ans et la puissance de leurs montures. Et tu peux nous croire, ils n’hésitent pas à prendre tous les risques pour attraper le précieux sac de sable. Et oui, normalement, le Kok Boru se joue avec la dépouille d’une chèvre, mais bon, on ne va pas zigouiller une biquette à chaque entrainement.

    Les gorges de Kukumeren : un joyau à virolos

    Les paysages changent de nouveau. C’est assez radical. Fini les canyons rougeâtres, nous arpentons maintenant une région vallonnée verdoyante. Ce qu’on adore ? Régulièrement, nous apercevons un berger à cheval au sommet d’une crête. Comme sorti de nulle part, il scrute son troupeau qui paisse en liberté du haut de son promontoire naturel. À notre tour de prendre un peu d’altitude pour profiter à fond de ce bichrome vert et marron.

    Le top du top ? Une grosse fracture de la rétine ! Et ouais, au sommet, nous jouissons d’une vue incroyable sur les étranges formations rocheuses qui entourent Baetov. Une sorte de Cappadoce avec au milieu une vaste plaine déchirée en deux par un canyon. C’est aride ! Le contraste avec les vallées verdoyantes est saisissant. Une fois dans la plaine désertique, nous nous arrêtons pour visiter une série de mausolées en terre crue.

    La suite du programme ? On te la fait courte : nous filons à Kasarman pour explorer les splendides gorges de Kukumeren, nous bouffons 50 bornes de tôle ondulée, visitons le mythique mausolée de Manas, arpentons un itinéraire alternatif d’Ountravela tout à l’ouest du pays et bivouaquons non loin de l’énorme saillie qu’a créé la rivière Chatkal. Une gigantesque saignée dans la vallée blottie entre deux dorsales montagneuses. Magique !

    En route vers le Pamir !

    Nous voici à Osh, au Kirgizistan. Ultime étape avant de se mettre en route vers la Pamir, le dernier challenge de notre périple. Au programme ? Révision complète de Gobi, change de monnaie tadjik et obtention du permis GBAO (Gorno Badakhchan Autonomous Region). Ce précieux sésame nous donne accès à la province autonome tadjik du Haut-Badakhchan, autrement dit : le Pamir, notre graal ! Accessoirement, nous faisons équipe avec Oscar, un motard français en Africa Twin. Et ouais, la route du Pamir est tellement exigeante et isolée qu’il n’est pas raisonnable de l’entreprendre seul.

    Nous voilà fin prêts… Après avoir arpenté de sublimes gorges, changé de gicleurs et bivouaqué pour la dernière fois au Kirghizistan, nous voici à Sary Tash. La station essence ? Une cuve plastique de 1000 litres dans un vieux container. Dans cette guérite de fortune, le pompiste distribue le précieux 92 directement au seau. Une longue route en mauvais état grimpe ensuite dans les montagnes. Elle nous mène au poste frontière tadjik.

    C’est ainsi qu’après plus d’un mois d’exploration approfondie, nous quittons le Kirghizistan. Notre sentiment ? Ce pays est clairement un coup de cœur. La beauté des paysages, la richesse culturelle, l’hospitalité des locaux, leur lien étroit avec les chevaux : tout nous a fasciné. Alors, nous devons adresser un sincère et gros merci à Ountravela pour la qualité de leur guide qui nous a permis de découvrir ce pays merveilleux. Bonne route à toi !
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    4 commentaires sur “Road-trip au Kirghizistan en sidecar Ural (5/5)”

    1. Amazing trips! Wishing you many more.
      Wondering why do you prefer K28 over K37 on those roads? It’s time to renew my tires on 2022 Sportsman and can’t decide between those model. Now my rig is equipped with K37 which is fantastic on snow & mud 🙂
      À bientôt!

      1. Hi Christian,
        Thank you for your message 🙂
        We have installed the K28 on our 3 wheels + 1 K37 on our spare wheel.
        Most of the time the K28 are actually really efficient while off-roading. In fact, we had to use the K37 only 3 times during our 50 000km trip, just to get away from snow or for really really muddy areas. The K28 lasts 7000/8000km while the K37 lasts about 5000km. So when you ride a lot it makes a huge difference (also budgetwise). The K28 are also more efficient under the rain, it is likely to lose traction. Thus, if you ride mostly in mud and snow, the K37 are perfect, otherwise we would advise the K28.

        We wish you the best adventures with this amazing machine 🙂
        Jérémy & Marion

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