Dans ce deuxième épisode au Kirghizistan, nous partons pour du lourd : la piste de Kumtor. Ce tracé, savamment élaboré par nos amis d’Ountravela, file à travers les montagnes cernant la célèbre mine d’or kirghize. Ce que nous ignorons ? Nous nous engageons dans une épopée inoubliable avec un passage de col à 4000m d’altitude, un remorquage mémorable et des paysages grandioses. Une aventure comme on les aime ! Bonne lecture !
Étape majeure de la route de la soie, le Kirghizistan était pour nous une destination très attendue. Afin de profiter d’un itinéraire idéal, nous avons demandé conseil à des experts : Ountravela ! Ils ont arpenté ce pays durant plus de 10 mois afin d’y dénicher des pistes et des sites incroyables. Alors, autant dire qu’ils sont calés sur le sujet ! Si toi aussi tu désires visiter le Kirghizistan, nous te conseillons vivement leur livre de voyage recensant les plus belles pistes du pays. Découvrir leur livre » Explore Kirghizistan ».
La piste de Kumtor : une aventure kirghize inoubliable
Tout commence à Barskoon… Dernière trace de civilisation avant un long moment
Nous mettons cap sur les montagnes. La piste est roulante et bien entretenue car empruntée quotidiennement par les camions ravitaillant le site d’excavation. Chaque semi-remorque qui passe soulève un généreux panache de poussière (cette information prendra tout son sens un peu plus loin dans l’aventure). La Lada Niva de nos camarades d’aventure montre des signes de fatigue. Nous montons le camp pour la nuit, à 2800m d’altitude, avant que les choses ne se corsent. Le cadre ? Une verdoyante forêt de sapins sur un pan de montagne. Chevaux et vaches paissent paisiblement dans ce décor de rêve. Parfait ! L’autre versant, quant à lui, est une falaise aride et rocailleuse.
Nous profitons de ce bivouac de rêve pour changer les gicleurs de l’Ural (de 128 à 125 pour les principaux, de 42 à 38 pour les ralentis). Les modèles de sidecar à carburateurs ont l’avantage d’être facilement dépannables mais ils n’ont pas la faculté de s’adapter automatiquement à la raréfaction de l’oxygène comme les bécanes à injection. Au menu de ce soir ? Älplermagronen, une spécialité suisse-allemande gentiment concoctée par nos amis. Un régal ! Accessoirement, nous faisons un constat étonnant : voyager avec d’autres personnes change complètement notre vécu de cette aventure. Nous ne sommes plus en expédition, nous sommes en vacances… Il faut dire, qu’ils ont tout le matériel pour être très à l’aise.
Le col de Barksoon se mérite
Le lendemain, nous rentrons dans le dur ! Au programme ? 1000m de dénivelé à avaler en 15km ! Les virages en épingles s’enchainent. La déclivité est généreuse. Et pour compléter le tableau, une couche de sable et de poussière recouvre la piste. Pas évident dans ces conditions de sereinement négocier les lacets à 180 degrés. Bon an, mal an, nous progressons. Sauf que ? 2 lacets avant le sommet, Gobi surchauffe. Enfin… tout est relatif. L’huile moteur passe la barre des 90 degrés. Rien d’anormal en soi car le seuil d’inquiétude se situe plutôt vers les 110-120 degrés. Mais tu sais ce qu’on dit : qui veut aller loin ménage sa monture. Alors, on s’arrête, on respire et on laisse l’Ural refroidir. Nous en profitons pour discuter avec deux cyclistes européens : »On se retrouve dans 5km pour déjeuner ensemble ? Avec plaisir ! » Ici, à 3600m d’altitude, la vue n’est pas trop mal. Deux lacets plus haut, nos potes en Lada Niva nous narguent depuis le sommet.
Nous repartons… Les dernières pentes à plus de 12% nous donnent du fil à retordre et la pétarade constante nous indique qu’il faut passer au diamètre de gicleur inférieur (à moins que cela soit un autre souci ?). Nous atteignons enfin le col de Barksoon à 3754m d’altitude ! C’est la première fois que nous roulons aussi haut avec l’Ural. Alors nous prenons le temps de profiter de la vue incroyable sur la vallée en contrebas, de discuter avec les sympathiques rangers et puis aussi d’immortaliser l’exploit avec quelques selfies.
Aurait-on zappé de remplir un jerrican ?
Notre joie est de courte durée car quelques kilomètres plus loin, nous passons sur la réserve d’essence. Et surtout, nous constatons que nous avons « oublié » de remplir un jerrican… La poisse ! Que faire ? Retourner à la ville la plus proche et faire le plein ? Que nenni ! Nous décidons de poser le camp près d’un lac. Jérémy fera du stop avec les jerricans jusqu’à Barskoon, à 45km de là. C’est vrai quoi, il y a du trafic alors, ça ne devrait pas être compliqué !
Mouais…. Nous te la faisons courte : ce n’est que 6 heures plus tard qu’il réapparait avec 30 litres du précieux sp95. Tout une épopée. La suite ? Un bivouac d’anthologie à côté d’une yourte d’éleveurs nomades. Et si les 620 moutons sont plutôt calmes, ce n’est pas le cas du berger allemand qui occupera le plus clair de sa nuit à aboyer. En termes de sommeil récupérateur, on aura connu mieux.
Entre modernité industrielle et nomadisme traditionnel
Le lendemain, à moitié frais, nous montons l’ultime paire de gicleurs (117,5 pour les curieux), puis nous poursuivons notre route en direction de la mine de Kumtor. La piste est super roulante. Les paysages sont à couper le souffle. Nous nous offrons même le luxe de passer la 4ème. T’imagines ça toi ? Finalement, au loin, nous apercevons la carrière en elle-même. Nous contemplons alors le ballet des gigantesques engins de chantier excavant des centaines de m³ de roche. Environ 15 tonnes d’or y sont extraites chaque année, tu te rends compte ? Alors, évidemment, tout n’est pas rose. Car si le chantier est une belle manne financière pour le pays, les risques écologiques sont extrêmes. Et ouais, faire transiter quotidiennement des dizaines de camion remplis de produits toxiques sur des pentes sableuses à 12% ne sonne pas comme une riche idée, non ?
Il est temps pour nous de bifurquer. Nous longeons alors le cours de la rivière Arabel pour en explorer les somptueuses vallées avec son lot de paysages immaculés à perte de vue.
Ici et là, une yourte et des enfants nous faisant de grands coucous ou un berger à cheval semblant sortir de nulle part. Quelle classe ils ont quand même ! Il y a quelque chose chez ces gardiens de troupeaux qui inspire le respect d’emblée. La rudesse de leur vie ? Le fait que la santé de centaines d’animaux dépende d’eux ? Sans doute un peu des deux. Au passage, on se rend compte qu’au Kirghizistan, l’usage de chiens de berger est courant. C’est une pratique que nous n’avions pas constaté ni au Kazakhstan, ni en Mongolie.
Un passage de col à 4000m mythique
C’est au moment de boucler cet itinéraire que l’aventure se mue en épopée. Pourquoi ? L’Ural comme la Lada montrent des signes de faiblesse. Et c’est évidemment juste avant de se lancer à l’ascension du Mont Suyek, à 4030m que cela se produit. Avec nos amis helvètes, nous convenons d’un marché : chacun y va à son rythme et le premier arrivé au sommet paye l’apéro. Nous nous élançons fièrement motivés par cette noble récompense. Seulement 2km nous séparent du sommet ! Nous progressons tant bien que mal, mais rapidement Gobi n’a plus aucune pêche. Impossible de prendre des tours. Surchauffe ? Carbus ? Essence ? La solution n’apparaitra que plus tard.
En attendant, aucun signe de la Lada à l’horizon. Nous faisons demi-tour et constatons que nos potes d’aventures n’ont pas progressé d’un mètre. Qui plus est, leur 4 pattes russe est en pièces détachées. « Qu’est-ce-qu’il vous arrive ? ». « La pompe à essence est morte », nous répondent-ils. Arf… Nous en profitons pour demander aux locaux de passage s’il était possible de tracter l’Ural pour franchir les derniers kilomètres. Le side-car a perdu toute sa pêche. Impossible de retenter l’ascension… Elle est belle notre équipée !
Après une heure de bricolage, force est de constater que la pompe en question est fonctionnelle, mais qu’une surintensité avait fait sauter un fusible. La Lada Niva redémarre enfin !
Un remorquage d’anthologie (on en a bouffé de la poussière)
De notre côté, c’e