Notre épopée mongole ne cesse de nous surprendre. Et nos derniers tours de roue ne dérogent pas à la règle (derniers mais très nombreux !). Au menu aujourd’hui ? Un volcan éteint, un match de lutte, une épopée subaquatique et un raccourci interminable. Les pistes mongoles sont aussi exigeantes qu’elles sont sublimes ! Dans cet article, nous te racontons la troisième partie de notre road-trip en Mongolie. Bonne lecture !
Perdus sur les pistes mongoles
Les bulles de lave de Khorgo
Nous débutons ce nouvel épisode en beauté avec un superbe sentier longeant le Khorgo, un volcan (éteint) et le sublime lac Terkhiin Tsagaan Nuur. Du technique, une pincette de tôle ondulée, du roulant et de belles grimpettes. La petite difficulté supplémentaire ? Les pistes en dévers que l’on affronte à grand coup de guidon. Quid des paysages ? À tomber ! Les noires roches volcaniques donnent au décor une atmosphère très particulière et les panoramas sur l’immense étendue d’eau sont magiques !
Un peu plus tard, les panoramas changent : nous entrons en terres marécageuses. Pas vraiment de trace dessinée au sol si bien que nous nous perdons. Le comble ? Au loin, nous discernons les voitures arpenter la route asphaltée que nous cherchons à rallier en vain. Nous peinons à nous dépêtrer dans ce dédale de ruisseaux, de mares et de boue piégeuse. Finalement, c’est grâce aux vues satellites que nous parvenons à déterminer un chemin limitant les passages à gué. C’est pas ça l’aventure ?
Un match de lutte inattendu
En voilà une journée comme on les aime ! Tout commence par une compétition de lutte surprise. What ? Tout à fait par hasard, dans un village, nous tombons nez à nez avec des mongols en slip rouge ou bleu. Que se passe t-il ? Il s’agit d’une compétition locale de Bökh. Nous entrons dans une arène en bois, nous asseyons dans les gradins et devenons rapidement l’attraction des gosses du quartier. Nous profitons de cette célébrité pour leur poser plein de questions sur ce sport mais aussi leur vie quotidienne. (Merci Google traduction)
Le but du jeu ? Mettre l’adversaire à genoux, sur le dos ou son séant. Séant dont la taille peut considérablement varier d’un compétiteur à l’autre dans la mesure où il n’y a pas de division de poids. Ce que nous adorons ? Tous les petits rituels qui ponctuent cette compétition. Ainsi avant d’entrer en piste, le lutteur se frappe les cuisses et les bras. Des airs de Haka. Il s’avance ensuite vers le juge, lui tourne autour, puis se fait ôter son couvre-chef.
Après le combat, le gagnant s’approche d’un totem et semble invoquer un esprit supérieur en imitant le vol de l’aigle. Nous nous attendions davantage à les voir solliciter le dieu sanglier ou une divinité ursidée au vu de l’absence de grâce de ce sport. Fait étonnant ? L’affrontement en tant que tel ne dure que très peu de temps comparativement à tous les rites.
Pour remercier cette petite tribu qui nous a gentiment expliqué les rouages de ce sport , nous organisons des tours de manège à trois-roues. Comment résumer ? Cris de joie, sourires jusqu’aux oreilles et gloussements en tout genre. Voilà encore une fois, l’Ural est un formidable générateur de bonheur !
Les bouis-bouis mongoles, une institution familiale
Un peu plus tard, nous nous dégotons un micro-resto de bord de route. Le menu se compose d’un plat unique : le Tsuivan. Des pâtes à la viande de mouton. Pas vraiment raffiné, c’est le parfait exemple de la cuisine nomade : simple et qui tient au corps. Pour l’anecdote, Marion a fait rapidement une overdose de mouton. Il faut dire que ce ne sont pas les meilleures parties du bestiau et qu’il y a un fort goût d’animal. Et l’odeur ?!! Bref c’est presque un sujet tabou.
Ce qu’on adore dans ces petits restos ? Les mongols ont le don de te faire sentir comme à la maison. En même temps, nous sommes littéralement chez eux. C’est-à-dire que l’on mange dans la pièce principale familiale qui fait à la fois office de salon, salle à manger, cuisine et chambre. La mamie cuisine, la maman découpe la viande alors que les aînés s’occupent des plus petits. Une réelle immersion !
La transhumance est amorcée
En roulant cap à l’ouest, le décor se désertifie. Les prairies herbeuses disparaissent au profit d’immenses steppes arides. Et nos yaks adorés laissent place aux chameaux. Sur la route, nous croisons un tas de petits utilitaires débordant de yourte démontée et de meubles. Que diantre se passe-t-il ? C’est la transhumance. Ces bergers semi-nomades déménagent vers leurs quartiers d’été. Les bêtes ont précédé, c’est maintenant aux habitats eux-mêmes de voyager. C’est quand même génial de se dire que leur maison entière tient dans une remorque et qu’il faut seulement quelques heures pour la monter. C’est un peu comme pour nous finalement, tout tient dans notre coffre !
Un autre point que nous adorons en Mongolie ? La terre n’appartient à personne ou plutôt à tout le monde. Du coup, les locaux sont toujours étonnés lorsque nous leur demandons si nous pouvons bivouaquer près de leur camp. « Bah, bien sûr. Vous dormez où vous voulez ! », nous répondent-ils avec un grand sourire.
Rallier la route sud : toute une aventure
Passages à gué en série
L’objectif de ces prochains jours ? Relier la route nord à celle du sud (les deux parallèles asphaltées qui traversent le pays de l’Ouest vers Oulan-Bator). Sur le papier, pas de difficulté : 250 bornes de piste à travers montagnes et rivières. En pratique c’est une autre histoire… Retour sur une épopée de deux jours :
Les premiers kilomètres se déroulent sans encombre. Pas de tôle ondulée et des panoramas extraordinaires sur les montagnes. Arrivés au sommet, nous plantons le camp. Nos voisins de chambrée ? Des marmottes pas très farouches ! Les choses se corsent sur l’autre versant. La faute à ? Ces satanées rivières en crue et l’absence quasi-totale de pont. C’est pourtant bien pratique ces petits ouvrages d’art. Nous faisons face au premier cours d’eau. Nous demandons à un berger à moto : « Où peut-on traverser ? Il nous guide jusqu’à un passage à gué. Mouais… Jérémy rechausse ses claquettes de repérage aquatique. La profondeur est limite, le courant est torrentiel et l’eau boueuse cache quelques surprises. Cela vaudra à Jérémy une impromptue baignade jusqu’au cou ! Bref, l’Ural n’étant pas vraiment prévu pour l’exploration sous-marine, nous passons notre chemin.
Après près d’une heure d’errance, un berger nous assure qu’il existe bel et bien un pont. « Je vous offre un thé et je vous y emmène, ok ? ». Marché conclu. Nous franchissons enfin l’espiègle ruisseau ! Sommes-nous sauvés ? Que nenni. La seconde rivière s’annonce beaucoup plus large !
Les rivières s’enchaînent mais ne se ressemblent pas
Nous voici donc à Bukhmurun, prétendu point de passage du cours d’eau. Nous interrogeons notre indic locale : la caissière d’une supérette. Où est le pont ? « Il n’y en a pas. » Mais alors, comment font les locaux ? Un gars en tracteur joue le rôle de bac avec sa remorque. Notre poisse ? Les récentes chaleurs ont fait fondre la neige provoquant la crue de la rivière. Personne ne passe. Même pas le charon mongol ! Nous voilà donc partis pour une boucle de 200 bornes à travers les pistes pour contourner cette satanée rivière.
Après avoir traversé des décors aux sérieux airs d’Afrique, franchi moult passages à gué et affronté des kilomètres de tôle ondulée, nous rallions enfin les sublimes rives du lac Achit Nuur. Cerise sur le gâteau ? Nous avons la chance de contempler un troupeau de chevaux courir à travers les steppes pour s’abreuver juste à côté de notre spot de bivouac. Un moment magique !
Retour à la « civilisation »
Après 80 km de piste et un énième resserrage de boulons, nous voici de retour à Ölgyi. Soulagés de retrouver un semblant d’asphalte et surtout des humains. En parlant de congénères bipèdes, nous avons rendez-vous avec trois d’entre eux : les frères Philippe. Qui ça donc ? Une joyeuse fratrie de trois Alsaciens aux origines franco-coréennes. Motivés par la curiosité, la folie et la soif d’aventure, ils se sont mis en tête de rallier le fief de Yoon Seok-Yeol pour remonter sur les traces de leurs ancêtres. Un périple déjà riche en rebondissements avec notamment une exploration hivernale de la Touchétie, un Nissan Pathfinder n’appréciant que peu le diesel mongol, un tankage dans une rivière en crue, … on en passe et des meilleurs… Vas jeter un œil sur leurs réseaux, ils sont bien plus tarés que nous !
Vous me donnez envie d y aller; Comment faites vous pour passer le site d un pays a l autre ( carnet de passage ? ) si oui , ou l avez vous fait ?
Est il possible d avoir votre trace GPS ?
Meriiiiiiiii
Denis Lostanlen qui pense partir avec son Himalayan en 2024
Salut Denis !
Les passages de frontière avec un véhicule ne sont pas compliqués. La plupart du temps il n’y a rien à faire, parfois quelques documents à remplir. Le carnet de passage n’est utile que pour certains pays tels que l’Iran, le Pakistan,… Nous avons écrit un article sur les démarches : https://uralistan.fr/carnet-de-passage-document-road-trip/
Voici l’itinéraire de notre roadtrip en Mongolie :
https://www.google.com/maps/d/u/0/edit?mid=141FfSotfRAx-OOCLMilVJpiCcG693w4&usp=sharing
Bonne journée
Jérémy et Marion