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Comment conduire un side-car ? Conseils et astuces

« Un side-car se conduit plutôt comme une voiture ou comme une moto ? » Voilà une question que l’on nous pose souvent. Soyons clairs, un sidecar se pilote comme un sidecar. De notre point de vue, rouler sur un trois pattes est une expérience jouissive ! Mais ? Il faut savoir rester humble (et accessoirement comprendre les transferts de masse).
Cet article n’est pas parole d’évangile, nous te partageons simplement les subtilités, cocasseries et autres exotismes relatifs à la conduite d’un side-car issu de notre expérience en Ural de plus de 50 000 km sur route et tout-terrain dans divers pays. Ligne droite, virages, astuces conduite sur route et en tout-terrain,… nous te disons tout. Bonne lecture !

Quelques notions de base à propos des side-cars

De quels attelages causons-nous ?

Dans cet océan des tricycles motorisés asymétriques, on trouve de tout ! Alors que l’on soit clair, nous disserterons ici du comportement de la majorité des side-cars ayant la roue arrière motrice et les trois roues freinées. Exit donc les ovnis tels que les Zeus avec 2 roues motrices et 2 roues directrices. Exit aussi ces merveilleux Dnepr avec un différentiel permanent. Ici, on s’intéresse au side-car dans son plus simple appareil.

Rouler en sidecar requiert un certain temps d’apprentissage.

Cet article n’a nullement vocation à remplacer un stage d’initiation. Si ces formations ne sont pas obligatoires, elle sont fortement conseillées. A minima, il faut éviter d’enchaîner 300km lors de ta première sortie et plutôt prendre le temps d’apprivoiser l’engin.

Une stabilité en déséquilibre

Intrinsèquement, le side-car est un paradoxe. Je m’explique. Les trois roues offrent trois points d’appuis. Il n’y a rien de plus stable. On est d’accord ? Sauf que, aussi magique soit il, un attelage est soumis aux lois de la physique. Et si l’invention de la gravité fut une bonne chose pour que tes pneus adhèrent au sol, les transferts de masse et autres forces centrifuges sont nettement moins marrantes en side-car.

En effet, 75% du poids d’un side-car se trouve côté moto et seulement 25% au niveau du panier. Évidemment, les proportions varient en fonction des attelages mais tu vois l’idée. De plus, le centre de gravité est nettement plus haut à gauche, avec notamment le moteur et le réservoir, qu’à droite.

Conduire un side-car sur route

La ligne droite, un exercice pas si facile
  • Avant d’entrer dans la délicate science du virage, parlons ligne droite. Que se passe t-il quand tu accélères ? L’inertie du panier, et accessoirement du singe qui est dedans, tirent l’ensemble sur la droite. Tout ce qui est à droite de la moto est un poids mort. Ce n’est pas flatteur pour le passager, mais c’est le cas. En phase de prise de vitesse, il faut donc contrecarrer cette inertie en poussant le guidon vers la gauche.
  • En phase de décélération (pas de freinage), c’est l’inverse. La moto est ralentie par le frein moteur, mais le panier est en roue libre. Il essaie donc de te dépasser. Pour éviter cela, on oriente le guidon vers la droite.
  • En cas de freinage, tu as plusieurs options. Soit tu te sers uniquement du frein avant, accentuant ainsi le transfert de masse et faisant travailler ta roue en diagonale. Pas très grave sur le sec, mais sur route mouillée ou enneigée, finir avec le pneu bloqué en crabe à droite est du plus bel effet. L’autre option ? La meilleure. Se servir des trois freins à ta disposition. L’ensemble ralentit alors sereinement sans partir dans tous les sens.
A éviter
Là, c’est beaucoup mieux
  • Quid de la ligne droite à vitesse constante ? On pourrait imaginer l’exercice bénin, mais il a quelques subtilités. Déjà, ton panier (encore lui), présente une prise au vent ainsi qu’une inertie qu’il faut constamment contrecarrer. À la longue, cela peut s’avérer fatigant physiquement. Surtout que ? Nos belles départementales françaises sont souvent bombées pour favoriser l’évacuation de la pluie. Cette pente incite ton ensemble à se rapprocher du fossé. Pour éviter la session spéléo dans le caniveau, il faut encore une fois pousser ce satané guidon vers la gauche. Et oui, rouler en side-car, ça demande des efforts. Mais attends, ce n’est que le début !
Le virage à gauche, pour un corps d’athlète

Rentrons maintenant dans le dur : Tourner ! On ne sait jamais, aller à gauche ou à droite peut s’avérer utile. Cap à bâbord ! Que se passe t-il ? Dans ce cas, la roue du panier doit parcourir plus de distance que la moto. Ce n’est pas naturel. Pour forcer ce mouvement, il faut donc user allègrement du guidon en pointant à gauche. Faut-il forcément avoir des trapèzes de bodybuilder ? Que nenni ! Pour se ménager les avants-bras, on met à profit l’inertie du panier. Ainsi, en entrée de virage à gauche – et ça vient assez naturellement – on décélère légèrement pour que le panier essaie de dépasser la moto et ainsi inscrire l’ensemble dans la bonne trajectoire. CQFD !

À quoi faut-il faire attention ? Un danger te guette : le délestage de roue arrière. Et ça nous est arrivé alors nous sommes bien placés pour en parler. Le décor : les magnifiques lacets du ballon d’Alsace. En virage à gauche, nous allons trop vite pour conserver une bonne trajectoire. Freinage. C’est alors que la magie du transfert de masse se produit. La roue arrière de la moto décolle. Dans notre cas, plus de peur que de mal, juste de la casse mécanique. Mais en freinant très fort, le nez du panier peut toucher le sol, voire partir en retournage de crêpe en bonne et due forme.

Le virage à droite, piégeux mais source de bonheur

Quid de la prise de cap à tribord ? Cette fois, la roue du panier doit parcourir moins de distance que celle de la moto. Inscrire l’attelage en courbe se fait donc très facilement. Encore une fois, on peut se servir de la physique à notre avantage. Ainsi en mettant un peu de gaz, l’inertie du panier va faciliter le changement de trajectoire.

Mais un autre danger te guette : la force centrifuge. Pourquoi ? Pour faire simple, le panier désire aller tout droit mais tu le forces à virer à droite. Alors, il va essayer de te passer par-dessus. Lorsqu’il est maîtrisé, le levé de panier procure des sensations jouissives. Quand il ne l’est pas et qu’il se produit soudainement, c’est nettement moins marrant…

Quelques bonnes habitudes à prendre
  • Maîtriser un sidecar prend du temps. Ainsi lors des premiers kilomètres, il est conseillé de lester son panier. Ça n’évite pas l’envol de la baignoire mais ça le retarde. Notre conseil ? Entraîne toi à lever le panier dans un endroit sûr comme un parking fermé afin de te familiariser avec les limites de stabilité de ton attelage. C’est quand même mieux que se faire surprendre dans un virage avec une voiture qui arrive en face, non ?
  • Une fois les premières bornes parcourues, de nouvelles habitudes se mettent en place naturellement. Accélérer dans les virages à droite et ralentir dans les virages à gauche devient un réflexe. Mettre à profit l’inclinaison de la chaussée aussi. Puis avec les kilomètres, on abandonne la position statique, droit sur sa selle pour accompagner le mouvement de l’ensemble. C’est-à-dire ? En virage à gauche, je déplace mon corps légèrement sur la gauche. Ainsi je mets plus de poids sur le cale pied intérieur virage et j’ai davantage de bras de levier pour tourner le guidon. Idem, en virage à droite, je bascule légèrement sur la droite pour les mêmes raisons.
Quid du singe, doit-il bouger ? Tout dépend.

Dans notre cas, chargés comme des mules avec un poids total en charge de 630 kg, les 55 fluets kilos de Marion n’ont pas d’impact significatif. Par contre dans le cadre d’une conduite sur un attelage léger, les déplacements du primate accompagnant se font ressentir. Attention ! Dans tous les cas, il est essentiel de se mettre d’accord avant de partir. Il s’agirait de ne pas frôler un panneau de signalisation alors que Michel a décidé de sortir les épaules du panier en mode Tourist Trophy.

Comment réagir en cas d’urgence ?

Utiliser TOUS les freins ! Et ouais, on veut avant tout éviter d’avoir une roue qui se bloque. Et dans l’idéal, il faut aussi rétrograder mais il est fort probable que ça ne soit pas ta priorité dans l’urgence de la situation.

Piloter un side-car en tout-terrain

Rouler en sidecar est le meilleur moyen que nous ayons trouvé pour faire du tout-terrain en duo. Et après avoir bien crapahuté en France, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, ou encore en Géorgie, nous te partageons quelques infos qui nous semblent pertinentes. Chacun a ses petites techniques pour être à l’aise. Et si les capacités tout-terrain de l’Ural t’intéresse, nous avons écrit un article abordant ce sujet plus en profondeur.

Bien connaître son gabarit est crucial

Il est essentiel de savoir où sont ses roues. Ça peut paraître bête mais quand il s’agit d’arpenter des sentiers à ornières, il est extrêmement important de pouvoir anticiper où va se loger la roue du panier. Pareil pour éviter des caillasses.

User du transfert des masses à son avantage
Sur des pistes verglacées ou très boueuses en montée, il nous est arrivé de perdre la direction. La majorité du poids étant à l’arrière, la roue avant touche à peine le sol. Notre astuce ? Se servir de l’inertie du panier. Ainsi décélérer légèrement redonne de l’adhérence au pneu avant. Du moins suffisamment pour rattraper une trajectoire manquée.
Répartir ses bagages

La distribution des masses a encore plus d’importance en tout-terrain que sur route. Y a-t-il une recette magique ? Oui et non. Tout est histoire de compromis. Dans notre cas, nous avons fait le choix de charger l’arrière. Ainsi, nous assurons l’adhérence de la roue motrice. Le pendant ? Dans les grimpettes, la roue avant est rapidement délestée ce qui induit des pertes de direction.

Maintenant, tu sais tout du comportement étonnant d’un side-car. Notre conseil le plus précieux ? Il faut savoir rester humble car c’est exactement au moment ou tu es « trop » en confiance que tu te mets en danger. Sur ce, nous te souhaitons de superbes aventures que ce soit à deux ou trois roues ! Bonne route !
>> Lire l’article sur les avantages et les inconvénients du side-car

10 commentaires sur “Comment conduire un side-car ? Conseils et astuces”

  1. Comment rouler en side car ?
    Je conseille le dniepr qui combine toutes les réactions dont tu parles, plus la perte de motricité de la roue du side en virage à droite.
    Après plus de 30 ans de side, je confirme ton conseil : Rester humble ! Il m’arrive encore de me faire surprendre en virage à droite, et ce n’est pas agréable.
    Bonne route à vous.
    Eric

  2. Bonjour Marion et Jérémy,

    Certains roulent en solo en lestant allégrement le panier avec du sable ou autre lest.C’est prendre le risque de se faire surprendre rapidement le jour où il leur faudra rouler sans lest en solo. Perso j’ai toujours appris à rouler « à vide » en solo avec mes sides et la conduite est plus facile et plus sûre lorsque l’on a compris les réactions de l’attelage.

    1. Bonjour Jean-Louis,
      Merci pour ton retour d’expérience 🙂
      Tu as tout à fait raison. Il est indispensable de connaître et apprendre à maîtriser le comportement de son side-car à vide.
      Nous évoquions le lest uniquement pour les tous premiers kilomètres avec ce type d’engin.
      On espère vous voir à notre retour en France.
      La bise à vous deux.
      Marion et Jérémy

  3. Très belle description théorique de la conduite d’un side-car.

    Yapluka….

    pour ma part, je conseille , après avoir fait des huits sur la parking du Lidl ,
    faire du chemin , sans poids lourds en face, avec plein de dévers et un singe sur le tansad
    (bonjour les bras).
    Après 50 bornes , on croit tout savoir ( que nenni !!! )
    Prudence … Il faut bien 1000 bornes pour apprendre les réflexes contraires , et après , c’est comme le vélo ,
    ça ne se perd plu .

    Une fois dompté , quand c’est vous qui décidez, c’est vraiment très joueur,
    et un fabuleux moyen de transporter toute la petite famille .

    A bientôt sur 3 roues

    Michel

    1. Merci pour ton super conseil ! C’est très bien résumé 🙂
      Nous sommes bien d’accord, il faut bien 1000km avant de bien maîtriser l’engin.
      Et ensuite c’est que du bonheur !
      Bonne route à 3 roues !
      Marion et Jérémy

  4. Merci pour cette article, c’est un très bon résumé.
    Rouler en side reste pour moi un vrai bonheur et une source de pilotage.
    Bravo pour tous vos articles. C’est toujours très sympa de partir avec vous dans vos aventures.
    Bonne continuation et si vous passez en Bretagne Nord, venez me voir…je vous attends.
    Samson

  5. Bonjour . Super article . J’en reve depuis 40 ans ……mais à 68 ans est ce bien raisonable …..!!!!! J’aimerais bien lire des expériences de gens qui ont commencé tard .

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