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Le side-car Ural en tout-terrain, ça donne quoi ?

    Le side-car Ural adopte parfois un vrai look d’aventurier. Une gueule de machine de guerre à l’épreuve de tout les obstacles. Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que, comme les vidéos de la marque le laisse penser, tu peux traverser des passages à gué profonds d’un mètre avec ton véhicule fraîchement sorti d’usine ? La réponse est NON. Cependant, l’Ural n’en reste pas moins une bécane de franchissement et de tout-terrain génial !
    Après des milliers de bornes en Ural Ranger sur tous types de pistes, nous partageons avec toi notre expérience, les modifications indispensables et les points de vigilance pour affronter les pistes. Note bien que cet article ne concerne pas le modèle « classic » anciennement « retro ». Bonne lecture !

    Quelles sont les qualités du side-car Ural pour rouler en tout-terrain ?

    Une stabilité à toute épreuve

    3 points d’appuis, connais-tu plus stable ? Que ça soit dans les ornières ou les chemins de forêts défoncés, faire tanguer l’Ural dans tous les sens est un pur régal. De plus, le légendaire flat twin qui meut la bête est placé très bas sur la moto. Cela confère au trois pattes un centre de gravité au ras des pâquerettes. Une stabilité à toute épreuve on te dit !

    Un sidecar Ural sur les pistes du TransEuroTrail - Ruralistan tour - Uralistan
    Une garde au sol généreuse

    Digne héritage de son ADN militaire, l’Ural a des qualités intrinsèques indéniables pour le franchissement. En premier lieu, ce ne sont pas moins de 17cm qui séparent le plancher des vaches du carter d’huile ! L’empattement assez faible (1390mm) permet d’en profiter au maximum. Et sous le panier ? Presque 25cm. Pour te donner une idée, c’est la même hauteur que sous le moteur de la toute nouvelle Yamaha T700.

    Une démultiplication façon John Deere

    Enfin, la boite de vitesse du side-car soviétique est davantage orientée usage agricole que piste sur circuit. La première est très courte, genre tracteur. L’avantage ? Elle permet de profiter au mieux du couple extraordinaire du moteur même à très basse vitesse. C’est un avantage considérable sur les sentiers escarpés ou bien techniques.

    Le 2WD, indispensable ou luxe ?

    Les modèles Ural T et CT ont une seule roue motrice, tandis que les Urals T TWD, Sportsman et Ranger en ont deux (roue arrière moto et panier). Selon nous, le 2WD n’est pas indispensable si tu empruntes des petites pistes de campagne sans grande difficulté technique, ni boue, ni neige.
    Nous percevons plutôt ce dispositif comme un filet de sécurité permettant d’appréhender des passages compliqués sereinement (piste isolée, boueuse, enneigée, ensablée, conditions inconnues…). Mais sache que ce 2WD peut aisément être substitué par une paire d’amis courageux prêts à pousser la bête si vraiment tu es tanké.

    Ce dispositif présente aussi un bémol : l’attelage tire davantage à droite qu’un 1WD. À la longue, ça peut être usant. D’autant plus qu’à l’achat, les modèles sans le fameux crabotage sont moins chers.

    Avec du recul, reprendrait-on un 2WD ? Oui absolument, même s’il ne nous a servit que de manière ponctuelle, comme en Bosnie ou au Monténégro où nous nous sommes entêtés à traverser des coulées de neige. Il est indispensable pour nous dans la mesure où l’on s’engage en tout-terrain dans des endroits très isolés. Loin de nous l’envie de rester bloqués sur une piste empruntée par une voiture par semaine.

    Quelles sont les limites du side-car Ural en tout-terrain ?

    Un rapport poids/puissance peu enviable

    42 chevaux pour 360 kilos à vide. Voilà, tout est dit. Tu ajoutes à ça deux personnels de bord au coup de fourchette généreux, trois slips, quelques victuailles et tu atteins rapidement la demi-tonne. En ce qui nous concerne ? 630 kilos en ordre de marche. On refait le calcul : 42 chevaux pour 630 kilos, soit 0,07 bourrin par kg. Autant te dire qu’on y réfléchit à 2 fois avant de nous lancer sur une pente bien raide.

    Un besoin en maintenance accru

    Il faut être clair : rouler en tout terrain est nettement plus sollicitant pour la machine que de se balader tranquillement sur nos belles départementales françaises. Les vibrations déboulonnent les écrous, la boue et le sable s’insinuent partout, quant à l’eau, elle va oxyder des pièces que tu n’imagines même pas possible de rouiller. Bref ! Si comme nous, tu es un aficionados du chemin de traverse, accepte ta sentence : tu devras mettre les mains dedans !

    L’ennemi juré de l’Ural : la caillasse

    Si rouler sur du gras des bois est un pur plaisir, arpenter un sentier rocailleux est une tare. La faute aux débattements faiblards des suspensions Ural. Ainsi, les sentiers de montagnes aux roches saillantes mettent tout l’attelage en branle. Ça vibre, ça secoue, ça gigote… En plus de mettre à mal les poignets et le séant du pilote, c’est toute la chaîne de transmission qui en prend plein la tronche.

    Une envergure peu pratique en forêt

    Je ne sais pas si tu as remarqué mais l’Ural dispose d’une excroissance sur sa droite : un panier. Et cette baignoire, bien que pratique pour promener son singe, prend de la place. Le souci ? Impossible de s’engager dans les single-tracks. Ces étroits sentiers de forêts, plutôt destinés à la rando, imposent bien souvent de faire demi-tour. Idem pour les gros obstacles comme des troncs jonchés sur le chemin. Facilement contournable en moto, nettement moins avec un attelage de 1,7m de large.

    Comment préparer son side-car Ural pour rouler en tout-terrain ?

    Le sabot moteur, indispensable

    Ta 20w50 est plus utile dans le moteur que tartinée au fond d’une ornière. Le sabot évite que le carter d’huile ne se prenne tout dans la tronche. Et au vu des cicatrices qu’arborent le nôtre, on te garantit que c’est la première chose à ajouter avant d’affronter les pistes. Quid du refroidissement ? En ce qui nous concerne, ce gilet pare-caillasse est maintenant en contact direct avec le carter. Sans faire de grandes études thermos-dynamiques, il semblerait qu’il agisse comme un radiateur. Évidemment, il convient de le percer pour laisser circuler l’air. Assez petit pour ne pas altérer sa structure, assez gros pour permettre à la boue de s’évacuer.

    La ligne rehaussée, presque indispensable

    Il a fallu attendre 2022 pour qu’Ural se décide à monter un silencieux en position haute ! Avant ça ? Il y avait de forte chance que tu repartes sans ton pot saucisson après l’exploration approfondie d’une ornière. Nous concernant, nous sommes passés chez LMD Racing pour une ligne 2v1 rehaussée.

    Changer les amortisseurs change la vie

    On ne va pas se mentir, les suspensions d’origines sont dures comme du bois. Opter pour de meilleures suspensions permet non seulement de gagner en confort et de préserver son délicat séant, mais épargne aussi toute la partie cycle de ton précieux ami à trois roues. Faut-il vendre ses organes pour cela ? Nope. Nous avons opté pour un set de chez Shock factory. Du robuste avec un super rapport qualité/prix.

    Et les pneus dans tout ça ?

    Et bien sache qu’avec des K28 typés route, on s’en sort déjà très honorablement. Preuve en est notre traversée de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine par les pistes. La combinaison idéale si tu fais du tout-terrain occasionnellement : Un K37 sur la roue de secours, et des K28 pour toutes les autres jantes (merci Seb pour le tuyau). Ainsi, quand vient le moment de sortir des sentiers battus, il te suffit de placer ta roue de secours sur la roue motrice. Pourquoi ne pas se doter que de K37 ? Sur route, un K37 nous dure 5000 bornes, un K28 lui dure 7500 bornes. Voilà, c’est le budget et le confort sur route qui motivent ce choix.

    Quelles précautions prendre pour s'aventurer sur les pistes avec un side-car Ural ?

    Une culasse gauche trop exposée

    « Proéminent » : qui dépasse en relief ce qui l’entoure.
    Voilà le qualificatif parfait pour ce cylindre gauche. Si le flat a l’avantage de présenter un refroidissement optimal, il expose ses attributs aux éléments extérieurs. Vigilance donc. À quoi ? Aux pistes rocailleuses notamment. D’après notre expérience, en cas de rencontre avec un caillou, ce n’est pas le cache-culbuteur qui gagne…

    La surchauffe (pas que pour le pilote)

    Faire du tout-terrain en side-car est physique. S’il est normal que le pilote prenne quelques suées, il faut surtout faire attention à son petit boxer. Nous parlons du moteur, hein ! Pourquoi ? Hormis sur piste roulante où l’on peut atteindre les 40-50km/h, dans la majorité des cas l’écoulement d’air autour des cylindres est très réduit. Pas de flux, pas de refroidissement. Si tu n’as pas de sonde de température pour surveiller l’affaire, fais des pauses régulières pour ménager ton moulin.

    Surveiller sa prise d’angle

    L’Ural est la stabilité incarnée. Mais, ne vas pas chercher la petite bête. Ainsi, dans les ornières et sur les sentiers escarpés, il faut faire attention à ne pas exagérer son roulis. En cas d’abus ? Avec de la chance, ta culasse gauche (encore elle) va servir de béquille et stopper la rotation. Sinon, c’est retournage de crêpe, avec des conséquences désastreuses pour le navire et ses occupants.

    Aux aguets pour passer à gué

    As-tu vu la vidéo de l’usine Ural dans laquelle nos amis russes franchissent des rus profonds d’un mètre ? Ne reproduis pas l’expérience ! Ces coquins ne précisent pas que leur filtre à air a été déporté dans le coffre. Avant de franchir un cours d’eau, vérifie toujours que le niveau reste en dessous de ta boite à air. Sans quoi, tu expérimenteras la non-combustion d’un mélange eau-essence. Comment jauger du fond ? À l’œil si l’eau est limpide, sinon avec un bâton. Deuxième point en cas de baignade : le choc thermique guette le moteur. Donc s’il est très chaud, évite de partir en sous-marin brusquement et privilégie l’immersion progressive.

    Quelques conseils de conduite en tout-terrain

    Voici en vrac quelques recommandations que nous avons acquises de manière empirique. La plupart sont issues de galères que l’on a vécu. Alors si ces quelques adages te permettent d’éviter des déconvenues fâcheuses, tant mieux !

    • Ne pose tes roues que là où tu vois. Et oui, un taillis ou des herbes hautes peuvent cacher un rocher ou une cavité, alors ne t’y aventure pas si tu ne sais pas.
    • N’hésite pas à repérer à pied. Que cela soit pour une grosse flaque, un passage à gué, ou même un virage en épingle scabreux, il vaut mieux visualiser l’obstacle en marchant plutôt que de se laisser surprendre.
    • Ton singe doit préférer l’agilité du gibbon à la paresse de l’orang-outan. Ton passager dans le panier a un rôle à jouer ! Il peut aider en se déportant mais surtout, il doit être prêt à sortir rapidement de sa confortable baignoire en cas de situation délicate.
    • L’Ural est un tracteur, profites-en. Ainsi nul besoin de jouer avec l’embrayage, il faut jouir du génial couple à bas régime qu’offre le trois-pattes.
    • Reste humble. On ne s’engage pas dans une descente que l’on n’est pas sûr de pouvoir remonter.
    • Jouis des 25 cm. La garde au sol côté panier est importante, moins côté moto, donc privilégie les gros obstacles pour la droite. Au risque de déplaire à ton voisin, cela te permettra de conserver ta motricité et l’usage de la direction.
    Et voilà, nous espérons que cet article te sera utile. La chose à retenir ? L’Ural est une machine à plaisir qui te permet de sortir des sentiers battus sereinement. Avec un peu de préparation, il t’emmène au bout du monde par les chemins les plus exotiques.
    Tu veux nous partager tes conseils à ce sujet ? N’hésite pas à nous en faire part. Et oui, l’idée n’est pas d’étaler notre science mais de partager nos expériences et d’encourager les uralistes à profiter à fond de cette engin formidable. Bonne piste !
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