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Voyageurs en side-car, moto Triumph Bonneville + panier maison : Marc et François

    Qu’est ce qui pousse des personnes sensées à voyager en side-car ? Évidemment, la réponse est multiple ! Parce que chacun a ses raisons, nous donnons la parole à ces baroudeurs à 3 roues dans une série d’interviews.
    Dans cet interview, nous rencontrons Marc et François qui ont fait une boucle France – Iran de 25 000km en 4 mois et demi. Leur mission ? Voyager pour changer le regard sur le handicap.
    Leur monture ? Une Triumph T100 Bonneville Bud Ekins (une moto comme on les aime), un châssis « Alternative Side-car » et un panier fait-maison. Bonne lecture !
    Salut Marc et François  ! Vous êtes partis cet été 2022 pour 4 mois et demi de voyage lors d’une boucle France – Iran. Pouvez-vous vous présenter rapidement, expliquer le but et l’itinéraire de votre road-trip, puis pourquoi « BZKtrails » ?

    Marc : Nous sommes cousins ! Petits, nous passions nos vacances ensemble et étions assez proches. François a 31 ans, j’en ai 32. Il vit à Angers, je vis à Paris. Chacun a fait sa vie pendant ses études supérieures, puis les voyages nous ont rapprochés.

    BZKtrails - voyageurs en sidecar - Roadtrip de la France à l'Iran

    Je roule à moto depuis quelques années, principalement pour voyager. En 2020 je devais faire un Paris – Lac Baïkal (Russie) mais le confinement m’a stoppé net deux jours après le départ. J’ai occupé les deux mois d’enfermement, en créant le site internet bzktrails.com afin de présenter mon projet et surtout partager la préparation. BZK est mon pseudo sur les réseaux sociaux, d’où BZK trails. C’est imprononçable et pas très vendeur mais lorsque nous avons monté le projet avec François, nous avons décidé de capitaliser sur le site web existant.

    Notre objectif était alors de rejoindre Vladivostok, mais la guerre en Ukraine en a voulu autrement… Côte Adriatique, Grèce, Turquie, nous avons dû faire demi-tour en Iran car les frontières de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan étaient closes. Retour par la Géorgie, l’Arménie et les Balkans.

    Pourquoi avez-vous voyagé en side-car ? Comment en êtes-vous arrivés au trois-pattes ?

    Marc : Lorsque j’ai préparé mon voyage pour le lac Baïkal, j’ai demandé conseil à Jean Burdet d’alternative side-cars. A l’époque je roulais sur une Royal Enfield Himalayan. Jean m’a donné pas mal de conseils pour la préparer. C’est là que j’ai découvert le monde du side-car. L’été 2020 à la fin du confinement, j’ai réussi à partir rouler à moto jusqu’à la frontière Turque. Enthousiasmé par cette expérience, je n’ai pas voulu abandonner l’idée du road-trip jusqu’au lac Baïkal. Mais cette fois j’ai eu envie de retenter le voyage différemment, en side-car et avec François. C’est un engin original ! On ne passe pas inaperçu !

    Le side-car est un super moyen d’avoir de bonnes sensations sur la route tous les deux car malheureusement François est en fauteuil roulant.

    Pouvez-vous nous en dire plus sur votre side-car et les adaptations apportées pour ce voyage ?

    La moto est une Triumph T100 Bonneville Bud Ekins, le châssis est un Alternative Side-car et la nacelle a été faite sur-mesure par notre oncle chaudronnier.

    La T100 a été peu modifiée, Jean Burdet a installé une fourche à balanciers avec des amortisseurs Shock Factory. Nous avons également remplacé les deux amortisseurs d’origine. J’en profite pour remercier Mike Capon pour son (énorme) soutien avant et pendant le voyage.

    La fabrication de la nacelle a demandé beaucoup de travail. François voulait pouvoir faire son transfert (monter et descendre) seul. Il fallait pouvoir transporter en sécurité le fauteuil roulant mais aussi l’ensemble des bagages. Notre oncle a réalisé une maquette en bois pour valider l’idée générale et ensuite il a attaqué la fabrication

    Marc, avais-tu déjà piloté un side-car avant ? Comment as-tu pris en main cette monture atypique ?

    Jamais ! Nous avons fait un stage de deux jours offert par l’association Side’s cool à Laval. Indispensable, sinon c’était le fossé au premier virage. Je recommande ce stage à tous les pilotes de side-car, on apprend énormément sur la technique mais aussi sur l’impact du chargement, le freinage, etc…

    Sur quel type de route avez-vous roulé ? Route, tout-terrain ?

    Nous avons essentiellement roulé sur route. En Turquie et en Iran, nous nous sommes davantage aventurés sur les pistes. Ce qui ne nous à pas toujours bien réussi… En Iran nous avons abîmé les disques d’embrayage dans une piste de montagne. Je dois avouer que faire de la piste seul, sans aide possible en cas de problème avec le side-car ou avec le fauteuil roulant, nous a parfois fait renoncer à prendre des chemins qui étaient très tentants !

    Après tous ces kilomètres, quelles sont les adaptations dont vous êtes contents et celles que vous changeriez ?

    Nous nous sommes rendu compte que notre attelage global était trop lourd, pas à cause du chargement mais à cause du poids de la nacelle que nous avons construite sur-mesure pour pouvoir emmener le fauteuil. Nous réfléchissons actuellement à refaire une nacelle totalement différente, ouverte et plus légère.

    Rester aussi longtemps et tout le temps l’un avec l’autre. Y a t-il eu des moments de tension ?

    Oui bien sûr. Il y a eu régulièrement des moments de tension d’autant qu’à cause du fauteuil roulant, nous étions obligés d’être ensemble en permanence. Si on fait le cumul sur les quatre mois et demi de voyage, je ne pense pas que nous n’ayons été séparés plus d’une journée au total.

    Peux-tu nous décrire des moments marquants liés au side-car ?

    Des moments marquants il y en a eu plusieurs. L’un des deux principaux est la casse du châssis sous le poids trop important de notre chargement. C’était en Turquie alors que nous allions au poste frontière pour passer en Iran. Il y sommes restés bloqués deux semaines, le temps de recevoir les pièces et de trouver comment faire souder notre châssis. Le second souvenir marquant a été la casse de l’embrayage dans une piste de montagne iranienne en Vallée d’Alamut.

    Marc : Pour l’embrayage c’est 100 % de ma faute. Il faut toujours écouter son copilote, je n’ai pas écouté François alors qu’il m’avait déconseillé de nous aventurer sur cette piste. Erreur de ma part, je ne savais pas qu’on pouvait désactiver le traction control sur la Triumph. J’ai mal négocié un virage et nous nous sommes retrouvés bloqués en montée dans un virage sur une piste très sablonneuse. Après une heure d’ascension dans des virages en épingle, dans une pente à plus de 10%, à faire patiner dans les graviers et le sable, la garniture du premier disque d’embrayage a lâché. Impossible de se faire envoyer des pièces dans ce pays, nous ferons 1200 km sans utiliser l’embrayage.

    Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de ce voyage ?

    Marc : Au final, je retiens surtout les difficultés liées à la cohabitation et pas les difficultés liées au voyage en lui-même. Nous avons cassé plusieurs fois mais au final nous avons toujours réussi à nous débrouiller avec l’aide des locaux. En revanche, la cohabitation “forcée” du fait du fauteuil à été le plus difficile à gérer, en tous cas pour moi.

    Qu’avez vous emporté dans vos sacs ?

    Un fauteuil roulant, ahaha !! Nous avions fait un gros job en amont pour préparer la Packing liste et l’épurer au maximum. Nous avions déjà fait un voyage en side-car en Norvège l’année passée ce qui nous a permis d’écrémer beaucoup. Malgré tout, nous avons encore identifié du matériel dont nous ne nous sommes pas servi, je pense notamment à la pelle pliante et la pompe à main. En revanche, quand je pense que nous avons failli partir sans les sangles pour tracter le side-car… C’est absolument indispensable, de même que le cric bouteille, le compresseur à brancher sur la batterie. La prochaine fois nous partirons avec quelques disques garnis (au cas où). En tant qu’européen on peut avoir peur de ne pas trouver de matériel quand on voyage à l’étranger. De manière générale il faut surtout penser à ce dont on a besoin en situation d’urgence (exemple les sangles) ou ce qui est difficilement importable (médicaments et pièces de rechange).

    Êtes-vous plutôt nuit en bivouac en pleine nature ou chambre confortable à l’hôtel ?

    Plutôt camping, on aime bien dormir sous la tente et on a eu la chance d’avoir une moto tente offerte par Redverz (la vraie moto tente, pas la copie LoneRider). En Norvège nous avion chacun une tente une place de trek. La moto-tente a été une vrai révolution. Elle nous permettait d’être très à l’aise à la fois avec à porté de main, le fauteuil roulant et tous les bagages. Le camping sauvage est assez mal adapté au fauteuil puisque difficile pour François de se déplacer dans un environnement qui n’est pas plat.

    Dans certains pays, nous allions à l’hôtel lorsque nous voulions profiter de la ville, à Istanbul par exemple. En Iran, nous avons beaucoup dormi chez l’habitant. Le challenge à chaque fois est de trouver un hébergement qui n’est pas totalement inadapté au fauteuil.

    Le side-car est un véhicule atypique. Est-ce-que ça a déclenché des rencontres ou des moments particuliers ?

    De manière générale lorsque tu voyages en deux-roues, les liens se créent très facilement. Mais avec le side-car c’est vraiment un cran au-dessus, surtout dans des pays tels que l’Iran où il n’y a pas de grosses cylindrées moto. Les gens te regardent littéralement comme si tu étais un extraterrestre, ils te klaxonnent, te font des grands signes avec des sourires immenses, c’est incroyable !

    Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients du side-car ?

    L’avantage principal du side-car, à mon sens, est la sympathie qu’il suscite et les opportunités de rencontres qu’il engendre. De manière plus pragmatique, le side-car est intéressant parce qu’il offre une certaine capacité d’emport (attention ça peut être un piège). Tu ne roules pas au même rythme qu’en moto et même si c’est parfois physique, je trouve que le fait d’être sur trois roues et parfois plus reposant. En plus de ça, les sensations sont supers.

    À propos des inconvénients, c’est assez classique. Tu as trois roues et le gabarit d’une voiture. Tu ne peux pas circuler aussi librement qu’avec une moto et la logistique autour de l’attelage est plus complexe. Par exemple, il est possible de mettre une moto à l’arrière d’un pick-up en cas de pépin, avec un side-car c’est plus compliqué…

    Êtes-vous prêts à repartir ensemble en side-car pour une nouvelle aventure ?

    Oui, mais pas tout de suite… Ahahah ! Nous réfléchissons à repartir sous un format différent moins long, plutôt trois semaines ou un mois, avec un accompagnateur qui s’occuperait de la photo, de la vidéo et qui aiderait un petit peu sur la logistique. Gérer la conduite, le fauteuil roulant et toute l’organisation dans des pays où l’on ne parle pas la langue est usant sur plusieurs semaines.

    Un conseil pour ceux qui voudraient tenter une aventure en side-car ? Ou à ceux qui hésitent à franchir le pas ?
    Allez-y, ce sera certainement la plus belle aventure de votre vie.
    Merci à Marc et François pour cette formidable interview. Rallier l’Iran en sidecar avec un membre d’équipage en fauteuil roulant, il fallait oser ! Autant dire que ce duo d’aventuriers ne manque pas d’audace.
    Tu veux suivre leurs aventures ? Tu as l’embarras du choix que ce soit sur leur site internet bzktrails.com, Facebook et Instagram. Bonne route à toi !!
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