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Voyageurs en side-car : Tour du monde à deux Urals, Mag & Robby 3 wheels

    Qu’est ce qui pousse des personnes sensées à voyager en side-car ? Évidemment, la réponse est multiple ! Parce que chacun a ses raisons, nous donnons la parole à ces baroudeurs à 3 roues dans une série d’interviews.
    Dans cet article, nous te présentons Mag et Robby 3 Wheels, un couple de baroudeurs suisses sur la route pour un tour du monde à durée indéterminé.
    Leur particularité ? Ils ne sont pas partis avec un, mais bien deux side-cars Ural ! Aux confins des États-Unis, ils nous racontent leur quotidien, leurs coups de cœur, leurs pépins et leur approche du trois pattes soviétique. Tu peux suivre leurs aventures sur Facebook, Instagram et Youtube. Bonne lecture !
    Salut Mag, salut Robby ! En 2021, vous êtes partis pour un tour du monde, en sidecars et en couple. Pouvez-vous vous présenter rapidement, puis expliquer le but de votre road-trip ?

    Robby et Mag, nous sommes deux jeunes cinquantenaires. Après avoir travaillé aux quatre coins du globe, nous désirons découvrir le monde sous un autre angle, sans pression de temps, ni de stress ou limites. As-tu déjà entendu parlé de Hubert Kriegel et de son timeless ride ? Nous te conseillons fortement de jeter un œil à son aventure. C’est une personne que nous respectons énormément et qui nous fortement inspiré pour ce tour du monde.

    Robby avec sa MTX 50 Honda (première moto) me trimballait déjà dans les années 1980. En 2009, il a eu la chance de terminer classé au Rallye Dakar en Argentine-Chili et au Bol d’Or à Manicourt en France. Personnellement j’ai joué quelques temps avec ma CBR600 Honda, juste pour le plaisir.

    Mag et Robby 3 wheels - tour du monde à deux side-cars Ural
    Quel a été votre itinéraire jusqu’ici et où vous dirigez-vous ? D’ailleurs, le début de cette aventure s’est faite en solo n’est ce pas ?

    Robby a commencé son tour du monde en solo le 1er décembre 2021. Après avoir traversé 34 pays et roulé 35 000 km principalement en Europe et Eurasie, il est revenu me chercher pour continuer la découverte du globe.

    En octobre 2022, nous avons envoyé nos side-cars à Montréal au Canada. Nous avons piloté environ 20 000 km en territoire canadien à travers toutes les provinces (sauf le Nunavut car il n’y a pas de route), sous des températures de + 18 à -53 °C et sur des routes époustouflantes. Les conditions sont idéales pour piloter nos side-cars car il n’y a ni touriste, ni moustique ! 

    Actuellement nous sommes aux États-Unis en direction de l’Amérique du sud. Nous n’avons pas d’itinéraire prédéfini. Nous traversons un continent selon UNE direction, mais la route se dessine au gré de nos humeurs et surtout grâce aux conseils des locaux rencontrés. 

    Explorer le monde peut prendre tout une vie. Vous-êtes vous fixé des limites de temps ou de pays ?

    Notre seule limite est l’horizon. Nous aimerions traverser tous les pays, mais nous devons nous adapter au contexte géopolitique. Nous sommes aussi conscients que certaines îles ou pays ne sont pas inaccessibles car il serait trop coûteux de nous y rendre.

    Pourquoi avoir décidé de voyager en side-car ?

    Le side-car est un véhicule atypique, à la fois technique et physique à piloter. Mais une fois dompté, il devient un engin de plaisir ! Nous roulons en side-car URAL. Nous aimons ses airs de baroudeur et il est le seul a avoir un 2WD ainsi qu’une une marche arrière. Ces deux options nous ont permis de nous sortir de belles galères ! Il a aussi la capacité d’embarquer nos affaires personnelles hivernales. C’est un engin rassembleur, une machine qui attire sympathie et curiosité. 

    Comment en êtes-vous arrivés au trois-pattes ?

    Le side-car Ural permet d’embarquer deux voire trois passagers. Robby a commencé par faire le tour de France avec les deux filles et surtout leurs bagages. Quant à Moi, ma grosse première virée a été la découverte de la Scandinavie pendant un mois en tant que passagère et pilote. Ce fut un vrai coup de cœur ! Nous sommes de grands passionnés, nous prenons un plaisir certain à apprivoiser et piloter nos side-cars. 

    Est-ce que l'un(e) a convaincu l'autre ?
    Pas vraiment car nous partageons la même passion. L’idée de partir à deux sur un seul side-car nous déplaisait, surtout pour rouler en hiver. C’était une évidence de voyager à deux side-cars pour le plaisir de piloter, être autonome et avoir cette liberté de vivre pleinement chaque kilomètre parcouru.
    Pouvez-vous nous présenter vos deux Urals, c’est quoi leurs petits noms ? Quelles adaptations y avez-vous apporté pour ce voyage ?

    Robby roule en Ural Ranger 2022 surnommé « The Beast » et et moi (Mag) en Sportsman 2022 alias « Yeti ». Nous avons des modèles similaires pour faciliter la prise en charge des pièces de rechange.

    Voici la liste des adaptations que nous avons apportées :

    • ajout d’un mini tableau de bord muni d’une prise 12V et de 2 prises USB
    •  changement du phare d’origine en phare LED
    •  mise en place de warning (4 feux clignotants)
    • mise en place de 2 phares LED panier
    • ajout du nez de cochon
    • pare pierre mains et jambes
    • poignées chauffantes
    • protège carter
    • renfort du garde bout de la roue du panier
    • 3 plaques de désensablement
    • changement des 5 amortisseurs d’origine car trop durs a notre goût
    • bâche panier épaisse et solide en alcantara (comme pour les capotes de voiture) et sécurisée par un câble en acier en prévention de vol opportuniste
    • pneus K37 Heideneau munis de clous posés (parfaitement adaptés pour les routes enneigées et glacées)
    Après tous ces kilomètres, quelles sont les adaptations dont vous êtes contents et celles que vous changeriez, voire ne feriez pas du tout ?
    D’origine, l’amortisseur de direction n’est pas au top. Les poignées chauffantes sont correctes jusqu’à -5°C, contrairement aux poignées chauffantes des motos neige qui sont elles très performantes. J’ai la grande protection carter, ce qui pose problème lors du changement du filtre à huile. La petite protection carter est beaucoup plus adaptée. Sinon toutes les améliorations précitées sont vraiment nécessaires et adaptées pour un tour du monde.
    Sur quel type de route roulez-vous en temps normal ? Vous êtes plutôt route ou tout-terrain ?

    Nous roulons partout ! Asphalte bien sur, mais aussi terre, gravelle, boue, sable, neige, glace. Nous évitons les voies rapides au maximum. Le Tom-tom est particulièrement bon pour trouver des sentiers époustouflants contrairement au Zumo Garmin.

    Grâce à ses chemins off-road, non seulement les paysages sont sublimes mais nous faisons de très belles rencontres. Les animaux sauvages se laissent surprendre par notre passage, les autochtones nous arrêtent pour palabrer. Ce n’est que du bonheur !

    Pouvez-vous nous décrire des moments marquants liés au side-car (itinéraires, anecdotes..) ?

    Chaque jour nous apporte des moments inoubliables. Le side-car est un sacré objet de communication. A chaque arrêt en station-service, nous attirons des spécialistes ou non de side-car intrigués par les trois pattes et notre projet. Nombreuses sont les invitations à dormir, à manger et très nombreux sont les conseils de routes originales à explorer. Souvent, des voitures nous dépassent, puis freinent pour nous arrêter quelques mètres plus loin afin de palabrer et nous inviter à manger. Même les animaux sauvages sont intrigués par les side-cars. Caribous, bisons, élans, loups ne semblent pas être impressionnés et nous regardent passer tranquillement.

    Il y a tellement de moments marquants, nous ne pouvons pas citer toutes les personnes qui nous sont venues en aide ou nous ont offert hospitalité. Nous ne subissons aucune galère car il y a toujours quelque part, quelqu’un qui apporte une solution. 

    On peut penser que 2 Urals = 2 fois plus de galères. Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de ce voyage ?

    Pas vraiment en fait. Mon Sportsman n’a eu qu’un câble d’embrayage sectionné. Sinon Yeti, malgré les conditions météo et de routes atypiques, n’a jamais failli. Par contre le Ranger de Robby a eu le vilebrequin cassé ainsi qu’un soucis électrique. Le vilebrequin a été remplacé par URAL en deux jours et grâce à lui de très belles amitiés sont nées.

    Lors de températures en dessous de -10°C, notre eau et bidon d’huile gèlent. A partir de -25°C, l’huile moteur, l’huile de l’amortisseur de direction ainsi que le gaz de nos amortisseurs se figent. Pour l’anecdote, un matin nous avons fait un feu contrôlé sous le carter moteur pendant 10 minutes afin de liquéfier l’huile moteur. Les side-cars ont toujours démarré sans souci.

    L’avantage d’avoir deux side-cars est qu’en cas de panne, nous pouvons nous remorquer. Franchement, nous ne rencontrons aucune difficulté. Nous avons été embourbés plusieurs fois mais jamais réellement coincés. Jusqu’à présent les passages de douanes et les contrôles de police ont été abordés dans la joie et la bonne humeur.

    Rouler en duo sur une si longue période peut créer des moments de tension. Comment gérez-vous cet entre-soi quotidien ?

    Beaucoup de gens nous demandent si nous avons des intercoms pour communiquer pendant le roulage. SURTOUT PAS!!! Ces moments de découverte sont personnels et permettent aussi un break dans cette vie quotidienne à deux.

    Qu’emportez-vous dans vos sacs ? Un gadget préféré dont vous êtes fiers ? Du matos exotique dont vous ne pouvez pas vous
    passez ?

    LE POIDS EST L’ENNEMI. Du moment que l’on prend un objet en pensant qu’il pourrait servir alors il est inutile. Concernant les pièces de rechange des side-cars, nous avons les consommables obligatoires (plaquettes de frein, filtres a huile, câbles d’embrayage et d’accélérateur, disques embrayage, roulements, relais, fusibles, ampoules).

    Nous partons du principe que si nous prenons 50% des pièces de rechange, nous sommes sûr que ça seront les 50 autres pourcents qui casserons. Tout au long de la route, nous recevons des peluches ou gadgets à accrocher sur nos side-cars. Certains sont “fatigués” par les kilomètres mais ils racontent tous une histoire.

    Sur votre page facebook, on vous a vu rouler par toutes météos. Nombreux sont ceux qui doivent se demander quel plaisir prend t-on à rouler par -20°C. Que leur répondriez-vous ?

    On est motard ou on ne l’est pas. Il n’y a pas de mauvaise météo mais que des mauvais équipements. Seule la très grosse pluie nous fait rester à couvert. En hiver par très grand froid, il n’y a pas de moustique, les routes sont lisses de glace (adieu les nids de poule). Nous devenons les seuls aigles de la route. Les paysages et les couleurs sont incroyables et uniques sous ces températures.

    Vous parvenez à combiner roulage/production de vidéos/réseaux sociaux, comment se déroule une journée type ?

    Nous roulons entre 8 et 10 h par jour c’est-à-dire entre entre 300 et 500 km. Nous nous arrêtons souvent pour capturer images et vidéos et surtout jaser avec les autochtones. Chaque soir Robby passe environ une heure à retranscrire notre journée sur FB. Par contre le montage de nos vidéos Youtube nous prend beaucoup de temps, entre 12-24h par semaine. Nous mettons un point d’honneur à ce que le montage vidéo ne devienne pas la principale occupation de notre voyage.

    Vous êtes plutôt nuit en bivouac en pleine nature ou chambre confortable à l’hôtel ?

    Connais-tu Bunk a Biker ? C’est un réseau de motards dans le monde entier qui offre gratuitement un repas chaud, un lit, ainsi qu’un atelier pour la mécanique. Nous avons fait de sacrées rencontres, très atypiques parfois, c’est juste génial. Inscris-toi comme hôte si tu le désire, ils sont absolument extraordinaires et c’est un réseau qui fonctionne très bien.

    Nous avons aussi été invités dans des motels tenus par des motards. Nous recevons des invitations via FB principalement. Bien sûr nous avons une tente et du matériel de camping. Mais lors de températures très basses, si nous n’avons pas de point de chute alors que nous sommes sur des routes isolées, le rare motel du coin est l’unique option.

    Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients du side-car ?

    Les avantages sont le look, la capacité de chargement, les 2WD, la marche arrière. C’est aussi un excellent outil de communication. On se sent libre comme avec une moto mais avec l’inconvénient du gabarit.

    Beaucoup de side-caristes en Ural affirment que ce véhicule n’est fait que pour tourner autour de chez soi… Partir en tour du monde à son guidon ? Impossible ! Quelque part nous voulons démontrer que cet engin est robuste et qu’il est capable d’une telle aventure. Il subit une trop mauvaise image depuis plusieurs années. Trop souvent, des non-spécialistes affirment sur les réseaux sociaux que cet engin n’est pas fiable. Notre avis est qu’il ne tombe pas plus en panne que les autres motos. Nous sommes persuadés qu’il peut arpenter le monde entier !

    Un conseil pour ceux qui voudraient tenter une aventure en side-car ? Ou à ceux qui hésitent à franchir le pas ?

    Ne pas vous lancer sans une formation appropriée pour les débutants. La préparation n’est pas le plus important, seule la date de départ l’est. Et ensuite, ce n’est QUE DU BONHEUR !

    Alors, 2 Urals = 2 fois plus de galères ? Il semblerait que la réponse soit non. En tous cas, nous souhaitons un superbe voyage interminable à leurs pilotes. Car Mag, Rob, Yeti et The Beast ont encore de nombreuses bornes devant eux  !
    Prochain duo à se plier à nos questions vicelardes ? Marc et Théo, deux suisses qui ont cru bon d’opter pour un sidecar chinois plutôt que russe. Bonne ou mauvaise idée, tu seras bientôt fixé. Bonne route !
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